(Update 17/06/17 à 18h43 ) La chaleur accablante et le brouhaha dans l’enceinte de VIVA Tech l’a remporté. L’interview avec William Eldin, fondateur du studio d’innovation XXII, se fera en extérieur en marge du hall de la foire internationale du numérique en sirotant un soda près d’une zone foodtruck qui offre un coin d’ombre appréciable.
Il n’est pas toujours évident de suivre le parcours professionnel éclectique de mon volubile interlocuteur. La tchatche assumée du mec débrouillard qui vient d’une cité de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Après avoir tâté de la musique électronique (en étant fan de Daft Punk et impliqué dans le délire du tube Discobitch), goûté à l’univers de la radio (NRJ, Skyrock), William Eldin est passé du côté de l’entrepreneuriat en montant un petit réseau de magasins vendant des boîtiers de détection des radars sur la route puis en participant de manière précoce à l’aventure Coyote System (avertisseur radar et assistance à la conduite) dès 2005 avec le fondateur Fabrice Pierlot.
Pendant huit ans, il a activement participé au développement de la société française (réseau, international, R&D) qui accompagne les automobilistes.
Mais, après des vicissitudes rencontrées par le spécialiste de la navigation automobile (notamment à cause du cadre de loi restrictif érigé pour limiter la portée des outils nomades de la détection des radars et la montée de l’app concurrente Waize tombée dans l’escarcelle de Google), William Eldin se lance en 2015 dans un autre projet : la fondation du studio d’innovation XXII.
« Une usine à POC (proof of concept) dans tous les sens », synthétise William Eldin. L’activité d’exploration technologique pour le compte de clients grands comptes explose. En un an et demi, la société basée à Suresnes (Hauts-de-Seine) est passée de 15 à 63 personnes. « On va clôturer la première année à 4 millions d’euros. La deuxième année, on vise les 10 millions », évoque-t-il.
Le studio dispose de plusieurs branches d’activités. 70% du business est réalisé sous de axe de création de contenus technologiques (réalité virtuelle, réalité augmentée, vidéo, technos, gaming…) au service de la communication des marques, de la formation aux entreprises et de bonus à des programmes audiovisuels (par exemple la première brique de réalité virtuelle de l’émission de radio-crochet The Voice sur TF1). Ce volet représente environ 70% du chiffre d’affaires.
Les références clients ne manquent pas : BNP, Bouygues Telecom, Clear Channel, Dassault, Euromedia, Google, Groupe M6, GRDF, Havas, L’Oréal, Netflix, Novartis, Paprec, Samsung, Sanofi, SNCF, Shiseido, TF1, UNICEF, WPP,…
Dans une vision à plus long terme, XXII développe aussi l’innovation en exploitant l’intelligence artificielle liée aux émotions (avec des briques de reconnaissance émotionnelles, gestuelles…) pour « créer l’homme de demain » (ex: on travaille avec des enseignes de distribution…).
Dans une approche encore plus prospective, il scrute aussi la « biologie-science » (avec une dimension de « neurofeedback » ou l’étude des champs électriques en fonction des émotions dans la perspective d’une Brain Computer Interface).
« La biologie se rapproche de la technologie et je veux participer à la suite quand le smartphone tactile comme terminal de référence disparaîtra par autre chose », évoque William Eldin.
A l’occasion du salon VIVA Tech (ouvert au grand public aujourd’hui), XXII a présenté des innovations comme une salle de réunion collaborative en s’appuyant sur la réalité virtuelle munie de casques HTC Vive mais aussi des démos avec la « réalité mixte » HoloLens de Microsoft.
(Interview réalisée le 15/06/2017)
ITespresso.fr : Comment séduisez-vous les marques avec vos POC technologiques ?
William Eldin : Avant, on allait les démarcher. Nous avons cinq commerciaux technologiques. Maintenant, elles viennent nous voir.
Nous avons le cas d’une marque française qui avance dans l’automobile autonome qui réfléchit à sa technologie extérieure mais ne perçoit pas la dimension d’expérience à créer au sein de l’habitacle que l’on pourrait imaginer sans volant et aménagé comme un salon roulant. La technologie doit être transparente et l’expérience utilisateur forte.
Au début, nous n’avions pas de contrats récurrents mais ça vient progressivement. C’est le cas avec notre client ClearChannel, qui se sert de nos propres métrics pour répercuter l’expérience vécue auprès de son réseau d’annonceurs.
En fait, les entreprises nous délèguent la R&D qu’ils ne font pas chez eux. On peut s’engager sur des POC à 30 000 euros avec possibilité de déployer ultérieurement si le concept séduit.
ITespresso.fr : Vous avancez systématiquement en mode projet?
William Eldin : En matière de gestion des ressources humaines, je me considère comme un petit con bien élevé qui aime les gens. Du coup, je construis ma méthodo d’organisation avec un docteur qui porte la compétence et le savoir en haut de l’équipe, en dessous il y a des ingénieurs et en dessous des producteurs. Ce qui nous permet d’avoir un gros socle de compétences.
Nous exploitons des technologies intéressantes et on s’éclate. Je cherche des recrues toutes fraîches sorties d’école, des passionnés avec plein d’énergies. Actuellement, on recrute cinq personnes par mois au minimum. Nous devrions être 75 d’ici la fin de l’année. On vise 150 collaborateurs l’an prochain.
ITespresso.fr : Pourquoi ouvrez-vous un bureau en Chine ?
William Eldin : Nous avons investi 100 000 euros en fonds propres pour s’installer en Chine pour créer du business. On s’est donné 8 mois pour parvenir à un résultat et nous avons fait la moitié du chemin. La mission est déjà accomplie puisque nous avons réalisé sur place 100 000 euros de chiffre d’affaires. Ca marche et ça prend. Nous avançons en solo à Shenzhen (présenté comme la Silicon Valley de Chine) et on fait ce que l’on veut.
Avec mon expérience chez Coyote, j’ai eu l’occasion de me rendre à Shenzen. On s’est installé dans un espace de co-working, on a réussi à ouvrir un compte en banque, à être payé par l’agence de communication locale qui est notre premier client. On se débrouille sur place avec nos propres moyens sans chercher un appui à l’extérieur. Je pense que l’on va plus vite comme cela.
Les premiers business portaient sur des jonctions avec des clients français installés en Chine. Maintenant, on commence à avoir des clients chinois en mettant en avant les références des clients français. Un des associés (Thibault Pindat) est présent sur place depuis le mois de février.
C’est ouf la Chine. On a pris un appartement dans High-Tech Park pour 1500 euros par mois que tu as réservé sur WeChat et on recruté quatre étudiants chinois qui connaissent bien les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France.
Entre septembre et décembre 2016, ils ont bénéficié d’une formation à Paris avec un plan Airbnb et on a envoyé l’équipe coachée par Thibault [Pindat] en Chine. La prochaine destination, ce sera les Etats-Unis en visant San Francisco mais c’est du cash burning à mort.
ITespresso.fr : et c’est là qu’intervient la prise de contacts avec des soutiens financiers extérieurs…
William Eldin : On aura effectivement besoin de beaucoup plus d’argent et cela passera par une levée de fonds. J’ai investi à titre individuel un million d’euros dans XXII et je me pose des questions sur la démarche pour la suite.
Les VCs viennent me voir pour injecter jusqu’à 10 millions d’euros dans le cadre d’une levée de fonds. L’opération pourrait survenir d’ici la fin de l’année.
Si cette démarche peut m’enlever la gestion de la trésorerie que je considère comme une épine dans le pied, pourquoi pas. Nous allons devoir passer par un stade d’organisation avec l’appui de responsables seniors. Je suis en plein dedans.
ITespresso.fr : Dans les technologies porteuses, la blockchain t’intéresse-t-elle ?
William Eldin : Oui la technologie est intéressante en termes de sécurité et ça va arriver par les applications d’entreprise. Mais il y a un gros souci : personne n’y comprend rien. J’ai regardé mais j’ai du mal à y aller. Les neurosciences me semblent plus accessibles pour tous en vue d’une généralisation.
Pour le développement de XXII, William Eldin est accompagné de Thibault Pindat, Mathieu Charon, Damien Mulhem, Mathieu Charon et Thibault Pindat.
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