Iridium escalade une montagne de problèmes?
Iridium, l’opérateur de téléphonie par satellite, vient d’acheminer le premier coup de fil passé par un alpiniste depuis le sommet de l’Everest. Mais il lui faudra surmonter des obstacles bien plus redoutables pour éviter la faillite.
En proie à des difficultés financières impressionnantes, Iridium cherche à gagner du temps. L’opérateur de téléphonie mobile vient de se donner 30 jours supplémentaires pour atteindre les objectifs qu’il s’était fixé en novembre dernier avec son réseau de 66 satellites qui permet de téléphoner n’importe où sur terre .
Malgré une pré-campagne publicitaire d’envergure (voir édition du 22 septembre 1998), le lancement des services Iridium ont pris du retard suite à des incidents techniques (voir édition du 29 octobre et du 18 novembre 1998). La compagnie qui espérait environ 27000 abonnés à la fin mai 1999 n’a pas encore atteint la moitié de ce nombre. C’est pourquoi elle se donne jusqu’au 30 juin pour évaluer toutes les solutions et choisir celles qui lui permettront de réduire ses pertes tout en répondant à ses obligations.
Pour son dernier trimestre financier, Iridium a enregistré des pertes de 505 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de seulement 1,4 milliard de dollars et ses services ne comptaient que 10294 abonnés à la fin du mois de mars.
Beaucoup d’actionnaires ont signalé leur mécontentement. Certains ont même engagé des poursuites judiciaires contre Iridium à qui ils reprochent d’avoir volontairement passé sous silence des problèmes techniques avant qu’ils n’investissent dans la compagnie.
Iridium a aussi été beaucoup critiqué pour le coût de ses services. Les combinés téléphoniques coûtent plusieurs milliers de dollars (plus de 10000 francs) et les communications sont facturées entre 3 et 7 dollars la minute (20 et 50 francs). Avec des tarifs aussi élevés, la compagnie n’a pas réussi à pénétrer des marchés clés comme celui de l’Europe où la téléphonie mobile est déjà largement développée à des prix beaucoup plus accessibles.
Malgré ce bilan peu réjouissant, on peut tout de même saluer la performance de l’alpiniste mexicaine Karla Wheelock, qui a été la première la semaine dernière a passé un coup de fil depuis le sommet de l’Everest. Reste qu’avec 600 minutes de communications passées pendant sa mission, sa facture de téléphone atteindra au moins 12000 francs.
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