Iridium va détruire ses satellites
La ligne est définitivement coupée pour Iridium, un des pionniers de la téléphonie par satellite. Faute de repreneur, le réseau a été déclaré en faillite vendredi soir par un tribunal new-yorkais. Un gâchis industriel, qui risque de coûter encore plusieurs dizaines de millions de dollars, les satellites devant être détruits.
C’était une mort annoncée depuis quelques semaines (voir édition du 7 mars 2000), mais quelques-uns voulaient encore y croire. Iridium, le réseau de téléphonie par satellites a définitivement cessé de relayer des conversations vendredi dernier à minuit, heure de la côte Est des Etats-Unis. Malgré les injections successives de liquidités de la part de Motorola et du financier Craig McCaw (voir édition du 7 février 2000), Iridium n’a pas résisté longtemps, aucun repreneur d’envergure ne s’étant présenté pour faire repartir l’affaire. Véritable puit sans fond, le réseau de 66 satellites placés en orbite basse coûte dix millions de dollars par mois à entretenir alors que la rentabilité n’a jamais été au rendez vous, faute d’un nombre suffisant d’abonnés. Les satellites vont être mis hors d’orbite, une manoeuvre qui consistera à les faire revenir dans l’atmosphère pour qu’ils s’y désintègrent et qui devrait coûter environ 50 millions de dollars. Technologiquement dépassé avant même le lancement du premier satellite, Iridium ne permettait pas la transmission de données à des débits acceptables. De plus, l’abonnement et les communications atteignaient des coûts prohibitifs, aux alentours de 25 francs la minute. Son public s’est donc trouvé fort restreint, navigateurs solitaires ou correspondants de guerres étant les seuls clients potentiellement intéressés.
Le dernier des 66 satellites, 77 étaient prévus au début du projet, a été mis en orbite le 23 septembre 1998. Selon la légende, l’idée serait d’abord venue de la femme d’un des dirigeants de Motorola qui se plaignit, en 1985, de ne pas pouvoir passer de coup de fil alors qu’elle se trouvait sur une plage des Caraïbes. De nombreuses années d’études, et de recherche de financement, ont mené au premier coup de téléphone de test passé en décembre 97.
Motorola, un des actionnaires à hauteur de 18 %, s’engage à assurer le service pendant une période de transition. Attention, par cette formule, le spécialiste du téléphone portable signifie qu’il cherchera pour les clients d’Iridium le souhaitant la meilleure solution possible de remplacement. Pour le moment, Globalstar, le concurrent direct d’Iridium et filiale de Vodafone Airtouch, propose aux clients Iridium deux formules de rabais sur le prix de ses abonnements en l’échange de la restitution du matériel. Présent dans 27 pays, dont la France, Globalstar compte étendre sa couverture à 80 pays d’ici à l’été. Outre Vodafone, cette société compte dans son capital Alcatel, France Telecom et Huyndai, entre autres. Si, techniquement, Globalstar s’appuie sensiblement sur les mêmes technologies qu’Iridium, commercialement, cette société s’en est un peu mieux tirée pour l’instant, avec des tarifs plus bas et donc un peu plus de clients au rendez-vous.
Mais les malheurs d’Iridium ne semblent pas arrêter d’autres investisseurs dans leurs projets de réseaux globaux. L’investisseur Craig McCaw, en particulier, participent aux deux sociétés Teledesic et ICO qui n’ont pas encore lancé le moindre satellite. ICO n’est d’ailleurs pas tellement en meilleure forme qu’Iridium. Rachetée en novembre dernier par Craig McCaw, ICO continue d’accumuler les pépins avant même sa mise en service. En effet, le premier satellite de ce réseau satellite haut débit à été lancé sans succès la semaine dernière, le lancement depuis un bateau dans le Pacifique s’étant soldé par un plongeon dans l’océan. De son coté, Teledesic, l’autre réseau haut débit de Craig McCaw, en collaboration avec Bill Gates à titre personnel, n’a toujours pas lancé le moindre satellite. Sur le papier, le réseau Teledesic promet des débits bien supérieurs à ceux de feu Iridium, plus intéressant pour se connecter rapidement à Internet de n’importe où.
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