Après l’abandon annoncé par Oracle du support de la prochaine version de sa base de données sur la plateforme Itanium, HP s’est lancé dans un mouvement d’envergure au niveau mondial pour s’attaquer à l’éditeur.
HP a ainsi demandé aux autorités de la concurrence américaines et européennes l’ouverture d’enquêtes au motif qu’Oracle mènerait « une stratégie généralisée d’éviction« .
L’Autorité de la concurrence française a rendu une première décision, en demi-teinte :
« Dans la décision qu’elle vient de rendre, l’Autorité de la concurrence rejette la demande de mesures conservatoires, considérant que les conditions d’octroi de telles mesures ne sont pas réunies, mais estime que l’instruction de l’affaire doit se poursuivre au fond. »
Les mesures conservatoires demandées par HP sont donc rejetées, la politique tarifaire d’Orale, avec un coût de licence qui peut varier selon la plateforme (plus cher sur l’Itanium, moins cher sur x86), n’est donc pas contestée dans l’immédiat.
Silicon.fr retrace les origines de l’affaires en notant que le marché des serveurs de haut de gamme est historiquement dominé par plusieurs acteurs majeurs – nous citerons IBM, Fujitsu ou encore Sun, justement acquis par Oracle – et des technologies identifiées, Power pour IBM ou Sparc pour Sun/Fujitsu.
Intel dispose d’une technologie concurrente, Itanium, en partie issue d’une longue lignée de processeurs originaires de Digital, puis Compaq et enfin HP (après divers rachats).
Et le duo HP/Intel positionne Itanium en concurrence sur le même créneau des serveurs de haut de gamme.
En mars 2011, Oracle annonçait que la prochaine version de sa base de données ne serait ni portée ni supportée sur la plateforme Itanium.
La décision serait motivée par la volonté d’HP, révélée par des documents internes fournis par Oracle et qui aurait été financée auprès d’Intel, de maintenir Itanium à flot durant quelques années encore. Tandis qu’Intel donnerait en réalité la priorité à sa plateforme Xeon x86.
Le fondeur a d’ailleurs voici quelques années annoncé la convergence des deux plateformes.
La décision d’Oracle a jeté un pavé dans la mare de l’écosystème Itanium, et stratégiquement fragilisé la position de HP.
Si ce dernier est en effet le principal constructeur de serveurs Itanium avec sa gamme Integrity, Oracle est également fortement présent avec sa base de données (les deux protagonistes ont 140 000 clients en commun).
La décision de l’éditeur est donc perçue par HP comme visant à l’écarter du marché des serveurs haut de gamme.
Dans le même temps, la position d’Oracle est ambiguë. L’éditeur occupe de fait un fort positionnement sur le marché des bases de données qui peut être assimilé à une position dominante.
La décision d’Oracle de ne plus porter les prochaines versions de sa base sur la plateforme Itanium pourrait donc être considérée comme un abus !
La France a donc été la première à rendre une décision, certes intermédiaire, sur la plainte de HP.
Un rendu en demi-teinte, qui rassurera Oracle mais ne satisfera HP qu’à moitié.
Les deux compagnies se sont bien évidemment emparées du rendu de l’Autorité de la concurrence pour affirmer qu’il s’agit d’une reconnaissance de leurs arguments.
Il faudra attendre les résultats des autres procédures en cours, en particulier le rendu en avril de la cour de justice de Californie, avant que le dossier n’évolue réellement.
Pour autant, le rendu de l’Autorité ne clôt pas l’affaire, et laisse même planer le doute sur les suites attendues :
« L’Autorité de la concurrence a décidé de poursuivre l’instruction au fond de l’affaire sans pour autant prononcer de mesures conservatoires, étant donné que les conditions justifiant des mesures d’urgence ne sont pas réunies (absence d’atteinte grave et immédiate à l’économie générale, au secteur, à l’intérêt des consommateurs, ni à l’entreprise plaignante). »
« L’instruction au fond s’attachera à vérifier si les pratiques reprochées à Oracle entraînent ou non l’éviction de Hewlett Packard du marché des serveurs pour entreprise de haut de gamme« . Affaire à suivre.
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