ITesprechô: Quand Valls tacle Macron avec la loi numérique
« After spécial République numérique » à La Paillasse : Manuel Valls avait envie de se détendre un peu avec la promulgation de la loi poussée par Axelle Lemaire.
Malgré des thèmes brûlants à gérer comme la protection des policiers après l’attaque de Viry-Châtillon, Manuel Valls a tout de même pris le temps de se rendre lundi en fin d’après-midi au labo parisien de biohacking La Paillasse. Il s’agissait de soutenir Axelle Lemaire qui présentait le calendrier de mise en œuvre des décrets de la loi sur la République numérique.
Dès la fin du mois de septembre 2015, le Premier ministre avait apporté son soutien la secrétaire au Numérique lors de la phase très en amont du crowdsourcing pour constituer l’avant-projet de loi.
Un an plus tard, on retrouve le chef du gouvernement pour la promulgation du texte de loi.
Lors de son allocution dans les locaux bondés de La Paillasse, il se montre fier de ce processus de consultation ouverte qui démontre « qu’il n’existe pas de contradiction a priori entre participation et démocratie représentative ». « Les deux se renforcent mutuellement, à condition de s’en donner les moyens », assure le Premier ministre.
L’occasion de souligner quelques traits importants de la République numérique « ouverte, protectrice et qui n’exclut personne »…et de glisser quelques petites phrases qui font le bonheur des lecteurs du Canard Enchaîné.
Un joli score sans le soutien d’Emmanuel Macron
Retour sur le vote de la loi par le Parlement : « Le texte a été adopté à une écrasante majorité : 925 parlementaires », rappelle Emmanuel Valls. « Un seul a voté contre. On le cherche encore. A ce qui paraît, il s’est exilé », glisse-t-il en cherchant à détendre l’atmosphère. « Il l’a fait par erreur », s’empresse d’ajouter Manuell Valls, même si on perd le goût de la boutade
Il s’agissait de Nicolas Dhuicq, un élu LR qui voulait protester contre le manque de mesures pour l’aménagement du territoire selon une contribution du Lab Politique d’Europe 1 datant de janvier.
Lors de son intervention à La Paillasse, le chef du gouvernement revient sur la performance d’Axelle Lemaire pour ce vote quasi-unanime. « Rare sont les ministres qui peuvent revendiquer un tel score. Et elle l’a fait sans le soutien d’Emmanuel Macron, c’est pour dire. » Une remarque narquoise qui a fait son petit effet dans l’assistance présente dans les locaux de La Paillasse. « Ca, c’est pour la presse », enchaîne-t-il.
Difficile de ne pas avoir eu vent des bisbilles entre l’ex-ministre de l’Economie (qui a démissionné début septembre) et la secrétaire d’Etat au Numérique (qui est depuis montée en grade à Bercy en ajoutant l’innovation à son portefeuille).
Elles portaient sur les contours de leurs prérogatives respectives et de la tendance présumée d’Emmanuel Macron à vouloir tirer la couverture vers soi. Tout cela pour briller davantage sous les sunlights de la French Tech.
A propos de l’organisation d’une compétition e-sport en France esquissée par la secrétaire d’Etat au numérique, Manuel Valls en rajoute une couche sur les prochaines échéances électorales qui attendent notre pays.
« Quand Axelle Lemaire a évoqué un grand rendez-vous international l’an prochain, j’avais compris qu’il s’agissait de l’élection présidentielle », suggère-t-il. « Chacun ses hobbies. »
50% des Français peuvent avoir accès à la fibre
Plus sérieusement, dans son allocution, le Premier ministre a évoqué un cap important portant sur le plan France Très Haut Débit, qui vise à couvrir la France en fibres à l’horizon 2022.
« Le cap de 50% de la population ayant accès au très haut débit sera dépassé avant décembre. Et cela avec un an d’avance [par rapport à l’échéancier initial, ndlr]. »
Tout en rappelant que « la fibre partout sur le territoire représente un investissement massif et un plan d’infrastructure que l’on a jamais vu depuis le déploiement du téléphone. »
Rappelons que, depuis le 1er octobre 2016, le fibrage des immeubles neufs et des maisons individuelles neuves (ne comprenant qu’un seul logement ou qu’un seul local à usage professionnel) est obligatoire.
Une disposition appliquée par décret qui avait été initialement adoptée dans le cadre de la Loi…Macron (loi du 6 août 2015 pour la Croissance, l’Activité et l’Egalité des chances). Emmanuel, encore et toujours lui…