Quand il s’agit de présenter ses bons résultats, Apple n’est pas avare de communiqués de presse : la Pomme a ainsi indiqué mercredi 14 mai avoir franchi le cap des 2 millions de chansons commercialisées par le biais de son iTunes Music Store, que les fanatiques du Mac désignent désormais par l’abréviation iMS. Les premiers comportements d’achats semblent démontrer la viabilité de la voie suivie par la firme : les clients n’achètent pas seulement des singles, mais également des albums entiers. La différence de prix entre l’album livré sur CD et acheté sur Internet et le même téléchargé sur l’iTunes Music Store peut expliquer en partie ce succès : en moyenne 4 dollars (3,47 euros). La plupart des commentateurs s’accordent à dire que le fonctionnement est un succès. Ainsi Andy Ihnatko, du Chicago Sun-Times, énumère les écueils sur lesquels les concepteurs du système auraient pu échouer.
Insécurité de l’environnement Windows
Étonnant succès, rapportent même quelques grands magazines, surpris d’un tel engouement alors que les conditions techniques pour accéder au service limitent ses utilisateurs potentiels (voir édition du 6 mai 2003). Reste que trois grandes populations lorgnent déjà sur le service dans l’espoir d’y accéder : les utilisateurs américains de Mac trop anciens, les utilisateurs d’autres systèmes d’exploitation comme Windows et les utilisateurs hors continent nord-américain. Pour les premiers, aucune solution ne semble pouvoir être envisagée : iMS est destiné à Mac OS X Jaguar. Pour les seconds, le portage des deux composants clés qui donnent accès au service risque de poser problème : Windows traîne derrière lui une réputation d’insécurité notoire. A tel point que seules deux des cinq majors auraient donné leur accord pour un iTunes Music Store pour ce système qui s’avèrerait propice à des détournements intolérables. Rassurons les utilisateurs de Windows, ces comportements existent aussi sur Mac ! Selon le LA Times, la fonction de partage des morceaux de musique implantée dans iTunes 4 aurait ainsi été détournée pour enregistrer les flux émis sur Internet par les propriétaires desdits morceaux. Certains sites, comme iTunes Database ou Spymac Music, qui s’étaient constitués à la sortie d’iTunes 4 pour donner accès à de la musique en ligne, ont dû faire machine arrière précipitamment en raison de cette faille. Un trou de sécurité utilisé par des logiciels comme iLeech (littéralement « iSangsue ») ou iSlurp, qui permettent de copier les morceaux au travers de l’Internet ?
En ce qui concerne l’Europe, selon The Guardian, Apple serait actuellement en train de négocier les licences nécessaires. Leur signature se présente comme un véritable cauchemar pour la firme : le nombre de labels et de filiales des grands groupes de musique va lui imposer d’aller tirer toutes les sonnettes du Vieux Continent. La question des droits reversés aux artistes et interprètes se présentera également comme un important challenge si Apple veut lancer son service pour l’automne. Mais le jeu en vaut la chandelle.
L’AAC a le vent en poupe
Les façons de « consommer » des médias diffusés sur Internet n’ont pas fini d’évoluer : selon eWeek, Apple préparerait une évolution de QuickTime permettant son utilisation sur les réseaux téléphoniques cellulaires de troisième génération. Déjà en cheville avec le japonais DoCoMo et Ericsson, elle pourrait ainsi, à terme, s’offrir le luxe de proposer un service d’écoute de morceaux de musique par l’intermédiaire de téléphones portables ! Le format AAC utilisé dans QuickTime autorise cette performance, notamment par le biais d’une technologie intitulée AMR (Adaptative Multi-rate) qui adapte le flux à l’engorgement du réseau. Il ne s’agit encore que de spéculations mais le succès du format AAC (voir édition du 14 mars 2003) ouvre une voie qu’Apple n’hésitera pas à suivre. Les fournisseurs de solutions tierces l’ont bien compris : l’AAC commence à être incorporé dans tout ce qui se fait en termes de musique ou de stockage sur le marché. Discribe, le logiciel de gravure de CD et de DVD de Charismatic, inclut ainsi le support de fichiers audio AAC, tandis qu’Ovolab a lâché dans la nature un partagiciel à 15 dollars convertissant les fichiers MP3 en AAC. L’inventivité née d’iMS et d’iTunes n’a pas fini d’étonner !
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