J. Coulon (Cedexis) : « Nous sommes les aiguilleurs du Net »
La jeune pousse franco-américaine Cedexis veut accélérer le Web et permettre dans le même temps aux éditeurs d’optimiser leurs coûts de diffusion de contenus. Rencontre avec son co-fondateur, Julien Coulon.
ITespresso.fr : Vous contribuez aussi à réduire l’engorgement du réseau mondial ?
J. Coulon : Il faut être ambitieux, mais dans une certaine mesure ce pourrait être le cas si nous devenions incontournables.
Prenons l’exemple de France Télévisions qui a diffusé le tournoi de Roland Garros en HD : l’audience était au rendez-vous mais le réseaux de certains ISP ont saturé. Si l’on ne fait pas plus de diffusion de contenus en HD, c’est avant tout parce que cela coûte cher à l’éditeur mais aussi aux fournisseurs de services internet (ISP). Cedexis offre la possibilité d’éviter de saturer les ISP, les peerings, les hébergeurs, les CDN et les transitaires. Notre service va naturellement équilibrer le trafic s’il détecte une dégradation de la qualité de service souvent liée à un pic d’audience. De cette façon, on ne parlera plus de pics mais de vagues sur le réseau ce qui arrange l’ensemble des acteurs. C’est le côté social de la solution.
ITespresso.fr : Pour vous développer, comptez-vous lever des fonds ?
J. Coulon : Nous venons de finaliser une première levée de fonds pour accélérer le déploiement commercial.
Je le disais plus haut, même si nous sommes franco-américains, la majorité de nos clients sont Français et il est temps de faire gagner du temps d’affichage aux sites américains. Le load-balancing (répartition de charge) entre réseaux de diffusion de contenus et hébergeurs devient déjà une commodité, les sites américains s’orientent de plus en plus vers le load-balancing entre plate-forme de cloud computing.
ITespresso.fr : Pour conclure, selon vous, le développement du cloud ne sera pas freiné par la qualité des réseaux ?
J. Coulon : Dans les années 90, j’ai contribué au montage d’une plate-forme d’hébergement mutualisé chez France Telecom qui ressemble étrangement à ce que l’on peut faire avec du cloud ou du virtualisé aujourd’hui (sur une seule machine, nous avions plusieurs clients). Mais bien entendu, dès qu’un client venait à accuser un pic de trafic, cela impactait tous les autres clients et cela devenait vite ingérable.
Ensuite, ces contraintes ont poussé la une migration vers des serveurs dédiés mais au fil des ans. Nous nous sommes rendus compte que cette tendance soulevait plusieurs questions car il faut toujours plus de centres de données pour héberger et d’énergie pour faire fonctionner ces machines qui, pour la plupart, ne fonctionnent pas à plein régime. Le cloud permet donc d’éviter ce gaspillage d’énergie, c’est le côté « green » de la solution.
Au niveau du budget, la grosse tendance est d’assurer une montée en charge progressive et simplifiée puisqu’il s’agit d’un paiement à l’usage. En ce qui concerne la qualité de service, là encore, c’est la somme de plusieurs prestataires de « cloud » qui assurera la meilleure performance. De mon côté, j’imagine déjà une possibilité qui consiste à avoir une partie centralisée chez un hébergeur, une partie de l’applicatif et la diffusion distribués sur quelques clouds, et CDN pour diffuser des contenus de façon rapide avec une souplesse financière liée à une facturation à l’usage. Pas de doute, le cloud et le multi-sourcing sont promis à un bel avenir.