J. Dinarès (Panda Security) : « Nous voulons grossir deux fois plus vite que le marché »
Pour 2008, l’éditeur espagnol de sécurité veut consolider sa transformation amorcée en 2007. L’introduction en bourse est visée pour 2011.
« Nous pensons vraiment être les leaders en termes technologiques. » Pour Jorge Dinarès, PDG de Panda Security que Vnunet.fr a rencontré à Bilbao au siège historique de l’éditeur, le développement stratégique de la société passera par l’innovation technologique, seul moyen actuellement de se distinguer de la concurrence à ses yeux. Présent sur 55 territoires, Panda revendique 2,5 millions de clients dont 140 000 entreprises et, au total, 60 millions d’utilisateurs de ses solutions de sécurité.
Si Panda se targue d’être un leader technologique, c’est grâce à une technologie inédite baptisée Intelligence collective. « Il s’agit d’un système de gestion de menaces basé sur Internet« , explique Josu Franco, analyste technologie et directeur du développement corporate chez Panda. Schématiquement, le service permet de faire remonter vers les serveurs de l’éditeur les traces des comportements suspects constatés sur les machines clientes afin d’analyser l’agent et de retourner, si nécessaire, la solution de désinfection ou de protection.
Si le système met en corrélation les agents potentiellement dangereux avec la base de plus 3 millions de malwares, il optimise l’analyse par la comparaison avec une base de connaissance des applications légitimes (les goodware en opposition aux malwares) qui évite les faux positifs. Le tout de manière automatique (pour 90 % des malwares trouvés) et transparente pour l’utilisateur. Une solution que Josu Franco qualifie de lutte contre les ‘malware 2.0’ en référence aux chevaux de Troie qui envahissent la toile mondiale sur les sites de type « Web 2.0 ».
2 milliards de dollars
Intégrée à de nombreux produits et services destinés tant aux entreprises qu’au marché grand public, l’intelligence collective complète le modèle de protection traditionnel de Panda notamment composé de l’analyse des signatures virales, pare-feu, heuristiques, anti-spyware, anti-rootkit et analyse comportementale (TruPrevent) lancée en 2004. Mise en oeuvre en 2007, l’intelligence collective constitue aujourd’hui le pilier de la stratégie de Panda.
Car si l’éditeur est premier sur son marché local avec 50 % des parts en Espagne (en chiffre d’affaires), sa position mondiale est beaucoup moins florissante. « Si nous avions les mêmes résultats dans le reste du monde, nous atteindrions les 2 milliards de dollars [1,35 milliard d’euros, ndlr] », projette Jorge Dinarès. Ce qui est loin d’être le cas avec 161 millions de dollars (108 millions d’euros) en 2007 (malgré sa nationalité européenne, avec son siège social à Madrid, Panda préfère communiquer en dollars pour des problématiques de conversion monétaires à l’internationale) contre 140 millions de dollars (94 millions d’euros) en 2006.
En France, notamment, l’éditeur revendique 4 % du marché. Les Etats-Unis ne comptent « que » pour 16 % de son chiffre d’affaires alors que le territoire représente 48 % du marché mondial de la sécurité. Et les objectifs sont ambitieux : « Nous voulons grossir deux fois plus vite que le marché« , prévient Jorge Dinarès. Soit environ 20 % de croissance par an à l’international.
L’année de la consolidation
Les 25 % de parts de marché sur le territoire américain sont dans la ligne de mire. 6 à 7 % en France où « nous allons annoncer la signature de gros clients« . Mais, pour le moment, motus sur l’identité des acteurs en question. Panda veut également consolider sa position européenne. « L’Europe doit se doter d’un puissant acteur européen de la sécurité. » Sous entendu : ne pas laisser les américains, particulièrement Symantec et McAfee, dominer le marché européen. D’ailleurs, Jorge Dinarès pense que « avec sept acteurs en Europe, la consolidation ne peut qu’arriver« .
En attendant cette hypothétique consolidation, Panda a amorcé sa restructuration en 2007. D’abord avec un nouvel actionnariat composé de quatre investisseurs principaux (Invest Industrial, Gala Capital, HarbourVest et Atlantic Bridges) qui détiennent environ 90 % du capital. Ensuite avec le changement des équipes et le rachat des franchisés. En France, c’est Philippe Weppe qui a pris la direction d’une nouvelle équipe.
2008 sera dont l’année de la consolidation. Celle-ci passera par le lancement de nouveaux produits innovants, notamment basés sur la technologie d’intelligence collective. Certains seront annoncés très prochainement. Objectifs pour 2008 : « élargir les part de marché, optimiser l’organisation et communiquer pour mieux se faire connaître« , résume Jorge Dinarès. A l’horizon 2011, Panda Security vise les 350 millions de dollars de chiffres d’affaires (236 millions d’euros)et l’introduction en bourse.