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J-J. Lasserre (Pyrénées-Atlantiques): ‘Le haut débit, un enjeu considérable’

A l’occasion de l’inauguration du réseau haut débit Iris 64 dans le département Pyrénées-Atlantiques survenue fin juin, Jean-Jacques Lasserre, président du conseil général, a accepté de répondre à trois questions sur les objectifs d’Iris 64. (Interview réalisée par mail le 3 juillet 2007)

Vnunet.fr : Pourquoi avoir voulu lancer une DSP ? Etait-ce naturel pour votre département de prendre en charge cette compétence ?

Jean-Jacques Lasserre : Les TIC ne sont pas une compétence réglementaire du Conseil général mais les conclusions des différentes études que nous avons engagées depuis 2001 sur l’état des lieux des infrastructures de télécommunications et les besoins en haut débit sur notre territoire nous ont amené à nous doter, en 2003, de la compétence haut débit et à créer un service public.
En effet, parce qu’ils obéissent à une logique essentiellement commerciale, les opérateurs de télécommunications sont sélectifs dans leurs investissements et déploient leurs infrastructures prioritairement dans les agglomérations et zones d’activités à fort potentiel de rentabilité. Les distorsions s’accentuent alors sur les territoires, handicapant tous ceux qui ne sont pas situés à proximité des grands centres économiques.
Aujourd’hui, l’accès au haut débit constitue un enjeu considérable pour valoriser un territoire, y maintenir l’emploi et accueillir de nouvelles entreprises. Mais au-delà, c’est aussi un choix de société qui concerne de plus en plus les droits fondamentaux de la personne.
Les Pyrénées-Atlantiques sont un territoire vaste, enclavé et principalement rural, avec une absence probable de rentabilité de l’investissement. Le marché privé aurait très certainement à terme équipé les agglomérations du BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz) et de Pau et quelques grosses communes, mais il aurait probablement délaissé tout le reste du territoire accentuant ainsi la fracture numérique au sein même de notre département, entre « l’urbain et le rural », mais aussi entre les Pyrénées-Atlantiques et les autres territoires nationaux et les trois régions espagnoles très puissantes qui jouxtent notre département.
C’est pour corriger ce risque de déséquilibre que le Conseil général est intervenu car seule son action est en mesure de réduire la fracture numérique, garantir la cohésion économique et sociale, améliorer la demande, et enfin assurer une concurrence saine et efficace comme moteur de l’investissement en suscitant l’innovation et la baisse des prix.
En créant ce service public, le Département des Pyrénées-Atlantiques s’est donné les moyens de palier la carence du « haut débit », de répondre à la demande de ses entreprises et de ses citoyens en assurant une équité et en jouant son rôle d’aménageur du territoire. L’intervention publique devient donc nécessaire pour bâtir une société de l’Information pour tous.
Le Conseil général des Pyrénées-atlantiques a donc créé, en mai 2003, un Service Public pour la réalisation, l’exploitation et la commercialisation d’infrastructures de télécommunications. Il s’est posé la question de savoir comment organiser et gérer ce service public.
Face à la spécificité de ce nouveau service public, qui nécessite des compétences très pointues et dont les évolutions technologiques sont rapides et fréquentes, le Département a choisi de déléguer ce service à des professionnels du secteur. Il a donc mis en place une délégation de service publique de type concession dans laquelle le délégataire prend, à ses risques et périls, la construction et l’exploitation du service contre rémunération à l’usager.
Ce montage est un véritable partenariat public/privé, dans lequel, d’une part, l’argent public a servi d’effet de levier à l’investissement privé et d’autre part, la solidarité inter départementale – en intégrant à la fois l’urbain et le rural- permet de trouver un équilibre financier.

Vnunet.fr : Quelles retombées attendez-vous pour l’économie locale ?

Jean-Jacques Lasserre : Les TIC sont un formidable outil de développement, d’attractivité et de compétitivité pour le territoire et pour ses entreprises.
Nous espérons que la mise en place de ce réseau va permettre à nos entreprises de répondre à leurs besoins actuels en les optimisant et en diminuant les coûts donc gain de productivité et meilleure rentabilité, de répondre aux exigences des marchés, de se diversifier, tout cela en ayant accès à des services compétitifs aussi bien au niveau des contenus que des coûts.
D’autre part, nous voulons aussi encourager et soutenir le développement des activités économiques qui se nourrissent de ces réseaux et services à haut débit, à savoir créer une filière TIC performante.
Enfin, nous souhaitons attirer de nouvelles entreprises car nous sommes désormais en mesure de leur donner les moyens d’accéder au haut ou au très haut débit à des coûts performants.
Ce réseau constitue un moteur essentiel pour l’économie d’aujourd’hui et de demain de notre territoire, et donc pour la création d’emplois.

Vnunet.fr : Pau Broadband Country fait figure de référence lorsque l’on évoque la fibre à domicile. Est ce que la fibre à domicile en zone rurale est déjà prévue dans la continuité d’Iris 64 ?

Jean-Jacques Lasserre : La « fibre à la maison » (FTTH : fiber to the home) est certes l’avenir mais il faudra attendre encore une ou deux décennies avant qu’elle n’arrive dans nos campagnes ; en effet, les différentes études menées par l’Arcep montrent qu’à ce jour il faudrait investir des milliards pour reconstruire la boucle locale en fibre optique, actuellement en cuivre. Or aujourd’hui le dégroupage et demain le WiMax, permettent à nos campagnes de disposer de haut voire de très haut débit pour le Grand Public. Nous prévoyons cependant de faire, dans les années à venir, des expérimentations dans ce dom aine.
Ce qui me paraît plus important encore est la démocratisation de l’accès fibre pour toutes nos entreprises, quelque soit leur lieu d’implantation, et cela rapidement. C’est pourquoi, avec le réseau IRIS 64, nous avons déjà raccordé en fibre optique des entreprises ou zones d’activités en milieu rural (ex : EMAC à Viodos, Toyal Europe à Accous?) et nous allons mettre en place en 2008 un programme important de FTTO (fiber to the office) pour développer le réseau fibre Iris 64.

François Bayrou croyait au satellite
Lors de la campagne présidentielle, François Bayrou, candidat UDF (depuis réélu député de la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques sous la bannière du MoDem), avait été interrogé par Vnunet.fr sur le haut débit dans les zones rurales. Sans citer l’exemple de Pau Broadband Country, il avait notamment espéré que le satellite jouerait  » un très grand rôle ». Ce ne sera visiblement pas le cas dans son département.

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