Jean-Bernard Magescas : « FON est sur le pas de tir, prêt à décoller »
Nouvelle Fonera, multiplication des partenariats et des accords avec les
opérateurs… FON, le plus grand réseau communautaire Wi-Fi mondial, accélère
son développement.
Créé en novembre 2005, FON se donne pour ambition de créer la plus grande communauté wifi mondiale. Simplement en proposant aux membres de la communauté, les Foneros, de partager leur connexion wifi. Il existe deux types de Fonero : les « Linus » qui partagent totalement leur connexion et disposent en retour d’un accès gratuit à tous les routeurs FON dans le monde; et les « Bill » qui font payer l’accès à leur réseau et se voient reverser 50 % de la facturation. L’essentiel des revenus de FON provient aujourd’hui des Aliens, les internautes non membres de FON prêt à payer pour bénéficier d’une connexion wifi d’un Fonero. Représenté en Europe, en Amérique et en Asie, FON a levé 21,8 millions d’euros en février 2006 auprès de Google et Skype, et leur investisseurs (Sequoia Capital et Index Ventures). Jean-Bernard Magescas, le dirigeant de FON France, revient pour Vnunet sur l’origine de l’entreprise, ses développements pour 2007 et ses ambitions. (Interview réalisée le 19 décembre 2006.)
Créé en novembre 2005, FON se donne pour ambition de créer la plus grande communauté wifi mondiale. Simplement en proposant aux membres de la communauté, les Foneros, de partager leur connexion wifi. Il existe deux types de Fonero : les « Linus » qui partagent totalement leur connexion et disposent en retour d’un accès gratuit à tous les routeurs FON dans le monde; et les « Bill » qui font payer l’accès à leur réseau et se voient reverser 50 % de la facturation. L’essentiel des revenus de FON provient aujourd’hui des Aliens, les internautes non membres de FON prêt à payer pour bénéficier d’une connexion wifi d’un Fonero. Représenté en Europe, en Amérique et en Asie, FON a levé 21,8 millions d’euros en février 2006 auprès de Google et Skype, et leur investisseurs (Sequoia Capital et Index Ventures). Jean-Bernard Magescas, le dirigeant de FON France, revient pour Vnunet sur l’origine de l’entreprise, ses développements pour 2007 et ses ambitions. (Interview réalisée le 19 décembre 2006.)
Vnunet.fr : Aujourd’hui, FON propose la Fonera, le routeur FON wifi que l’on connecte au modem et commercialisé moins de 30 euros. Pourquoi ce routeur dédié?
Jean-Bernard Magescas : Au départ, nous avons proposé le firmware en version bêta en téléchargement sur notre site. C’était à l’utilisateur de l’installer avec toutes les difficultés éventuelles inhérentes à la solution. De plus, comme tous les routeurs n’avaient pas la possibilité de supporter la double connexion (deux SSID), nous avons commencé à distribuer 5 modèles prêts à l’emploi (pré-flashés) de routeurs wifi (3 Linksys et 2 Buffalo). D’abord flashés par nos soins, puis directement par les constructeurs. Mais on s’est très vite dit que, pour être pris au sérieux, il nous fallait proposer notre propre routeur wifi prêt à l’emploi. Ainsi est née la Fonera. Diego Cabezudo, vice-président responsable des opérations de FON, est parti en avril 2006 à Taiwan. La première Fonera était livrée le 15 août. Aujourd’hui, on commercialise la deuxième génération de Fonera, une troisième devrait suivre début 2007.
Vnunet.fr : Qui fabrique la Fonera et en quel volume?
Jean-Bernard Magescas : Il s’agit de Accton Technology qui produit également le téléphone wifi de Skype. La production de Fonera tourne autour de 50 000 unités par mois.
Vnunet.fr : C’est un volume impressionnant, comment allez-vous faire pour les écouler?
Jean-Bernard Magescas : Il faut bien comprendre que nous n’en sommes qu’au début. FON est un peu comme Ariane 5 : nous somme sur le pas de tir, les réservoirs remplis, prêts à décoller. La Fonera est distribuée dans 35 pays. Nous nous développons en passant des accords, notamment auprès des opérateurs auxquels nous apportons, via les Foneros, la possibilité d’augmenter les revenus par utilisateur aussi minces soient-ils. En France, nous avons signé des accords avec Neuf Cegetel, qui intégrera le firmware FON dans la prochaine version de sa Neufbox, et Erenis qui fait le choix de la Fonera indépendante. D’autres devraient les rejoindre en 2007 mais je ne peux pas dévoiler les noms pour le moment. Par ailleurs, nous multiplions les partenariats, notamment avec SVM [édité par VNU, ndlr], la plate-forme de diffusion vidéo V-Pod, Wikio, le blog de Jean-Michel Billaut… Et la Fonera sera prochainement commercialisée dans des magasins à l’esprit communautaire. Nous visons des millions de Fonera dans le monde en 2007/2008.
Vnunet.fr :Un objectif ambitieux. Sur quelle base vous appuyez-vous pour projeter un tel plan?
Jean-Bernard Magescas : Aujourd’hui démarre Blanquefon, une opération de distribution de Foneras aux administrés de Blanquefort. A ce jour, 300 réservations de Fonera ont été faites. Soit 5 % des foyers de Blanquefort. Si l’on rapporte de taux aux 25 millions de foyers français, on arrive à 1,2 million de Foneras. Rie n qu’en France.
Vnunet.fr : Quel est le nombre de Foneros aujourd’hui en France et dans le monde, et quel est le chiffre d’affaires de FON?
Jean-Bernard Magescas : Aujourd’hui précisément nous comptons 10 141 Foneros en France (dont 5 570 Foneras distribuées) et 90 219 routeurs FON actifs dans le monde. C’est la base qui nous a permis de nous faire les dents. Nous ne réfléchissons pas encore en terme de rentabilité, nous sommes au début de notre développement. Néanmoins, nous estimons qu’en février 2007, 30 % de nos frais de fonctionnement seront couverts par les Alien, les internautes wifi non membres de FON qui payent pour bénéficier temporairement de la connexion wifi d’un Fonero [3 euros pour 24 heures, ndlr].
Vnunet.fr :Peut-on gagner de l’argent avec FON?
Jean-Bernard Magescas : Aujourd’hui, il y a très peu de Bill (les Foneros qui font payer l’accès de leur connexion wifi aux Aliens en échange de la moitié des revenus générés) mais il y en a. Certains gagnent quelques dizaines d’euros par mois. En Angleterre, il y a un Bill qui génère 650 euros par mois. Il est situé en face de 3 hôtels dont les services wifi sont plus onéreux que la connexion FON.
Vnunet.fr : Le wifi en général, FON en particulier, vient concurrencer les réseaux des opérateurs mobiles, ce qui ne doit pas les réjouir…
Jean-Bernard Magescas : Tous les opérateurs de téléphonie mobile viennent au wifi. Pour des raisons purement économiques. La maintenance physique et logicielle d’un réseau radio de type GSM, GPRS, UMTS génère des frais de fonctionnement colossaux. Et certains services, comme la télévision sur mobile, ont du mal à décoller, ce qui diminue d’autant le revenu par utilisateur. Or, on dépense beaucoup moins avec le wifi. Et plus on génère de trafic sur le réseau wifi, moins on dépense sur la partie GSM/3G. C’est le pari que font les opérateurs. Je ne dis pas qu’ils vont fermer leur réseau mais le wifi va leur permettre de faire des économies. De plus, il faut que leurs services répondent aux besoins qui vont se développer avec l’arrivée de terminaux mobiles wifi comme la PSP et le Mylo de Sony, la Nintendo DS… Je pense qu’un MVNO en wifi sec pourrait aujourd’hui débarquer sur le marché.
Vnunet.fr :Seulement, un réseau wifi basé sur les internautes, et donc incontrôlable, ne peux garantir aucune qualité de service. Vous adressez-vous aux entreprises?
Jean-Bernard Magescas : FON pas plus que les réseaux wifi des opérateurs ne peut garantir une qualité de service. Ce serait un mensonge de garantir une fiabilité totale. Mais je peux vous assurer que si vous vous trouvez dans une zone couverte par une Fonera, votre connexion wifi marchera. Nous n’avons pas de projets en direction des entreprises parce que nous pensons que les développements des besoins viennent du grand public, des utilisateurs. Cela dit, nous sommes ouverts à toute proposition.
Vnunet.fr : Quels sont les projets de FON pour 2007?
Jean-Bernard Magescas : D’abord, nous lancerons une nouvelle Fonera. Celle-ci sera équipée d’un port USB et d’un client BitTorrent, ce qui permettra d’y connecter un disque dur externe et de profiter de téléchargement P2P indépendamment de la présence de l’ordinateur portable. Nous allons également développer de nouveaux services pour la communauté complémentaires à la carte qui permet de repérer géographiquement la présence des hotspot FON. Bref, nous allons améliorer les fondamentaux. Par ailleurs, nous sommes en discussion avec d’autres opérateurs et d’autres communes pour des actions similaires à celles de Blanquefort qui est, rappelons-le, une première mon diale. Nous participeront à l’expérimentation Quartier numérique dans le 2e arrondissement de Paris avec l’association Silicon Sentier et Erenis qui visera à déployer une plate-forme pour les start-up qui pourront ainsi développer des services.