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Jean-David Chamboredon (ISAI) : « Les investissements des business angels pourraient baisser de 30 à 50% »

Entretien avec Jean-David Chamboredon, Président exécutif du fonds d’entrepreneurs du Web ISAI Gestion, qui gère un fonds de capital-risque post-amorçage, ISAI Développement, et un fonds de capital-développement spécialisé dans l’Internet, ISAI Expansion.

Jean-David Chamboredon est aussi l’un des fondateurs des Pigeons via Facebook, mouvement de défense des entrepreneurs français qui a vu le jour au début du mois d’octobre, pour dénoncer certaines mesures soumises dans le projet de loi de finance 2013.

(Interview téléphonique réalisée le 19 décembre 2012)

ITespresso.fr : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les raisons d’être du fonds d’investissements ISAI ?
Jean-David Chamboredon : ISAI est avant tout un fonds d’entrepreneurs du Web, de la première génération, comme les fondateurs de Boursorama, Auféminin.com, SeLoger, PriceMinister, Vente-privee.com.

Son position est d’investir sur des segments où il existe des manques dans la chaîne de financement. Nous possédons deux véhicules d’investissement : un fonds de capital-risque dédié au post-amorçage, ISAI Développement, qui investit après les business angels et avant les VC, pour une enveloppe allant de 500 000 à 1,5 million d’euros.

Il existe aussi un fonds de capital-développement, ISAI Expansion, en restant spécialisé dans l’Internet.

Nous amenons une solution financière à un entrepreneur, ainsi que notre savoir-faire et notre connaissance du secteur Internet.

ITespresso.fr : Combien existe-t-il de Net-entrepreneurs adhérant à ISAI ?
J-D Chamboredon : Entre 70 et 80 Net-entrepreneurs ont rejoint ISAI en tant que souscripteurs. ISAI Expansion est encore ouvert aux nouvelles adhésions. De nouveaux souscripteurs sont donc arrivés en 2012, et quelques-uns arriveront début 2013.

ITespresso.fr : Quels sont les segments de l’Internet qui vous paraissent les plus porteurs ?
J-D Chamboredon : Nous n’avons pas forcément de stratégie d’investissement. Nous sommes dans une logique où nos critères doivent être remplis, à savoir une certaine qualité de l’équipe de la start-up , un business model probant, notamment au niveau du montage financier, et enfin un critère de timing.

Nous nous méfions de ce qui est à la mode. Si c’est déjà à la mode, cela veut dire que c’est trop tard. Par exemple, lorsque nous avons investi dans Covoiturage.fr en 2010, personne ne croyait que c’était monétisable, alors qu’aujourd’hui, c’est un succès.

A contrario, des solutions de type Groupon, d’optique en ligne, de coffrets-cadeaux ne nous intéressent pas : trop « hype », trop de compétition, avec des besoins marketing très importants pour pouvoir émerger.

Nous nous intéressons à des segments qui ne sont trop sous les feux des projecteurs, qui ont des besoins raisonnables, et qui vont pouvoir se faire remarquer sur leur niche.

ITespresso.fr : Combien d’opérations de financement avez-vous réalisées en 2012 ? Quel était le montant moyen de l’enveloppe allouée ?
J-D Chamboredon : Nous avons à la fois effectué des opérations de financement et de re-financement. Nous finirons l’année avec un portefeuille de 8 sociétés.

La moyenne de chaque tour de table s’élève environ à 1 million d’euros.

ITespresso.fr : Quelle a été la start-up qui vous a le plus enthousiasmé ?

J-D Chamboredon : Nous sommes dans une logique très sélective. Nous voyons environ 400 projets par trimestre, pour en sélectionné un au final, comme récemment, Shopmium.com, spécialisé dans le couponing sur mobile.

ITespresso.fr : Et quel a été votre plus mauvaise opération ?

J-D Chamboredon : Nous n’avons pas eu de vilain petit canard pour le moment…

ITespresso.fr : Vous êtes un des co fondateurs des Pigeons, mouvement de défense des entrepreneurs français. Vos revendications ont-elles été satisfaites ?
J-D Chamboredon : Des aménagements ont en effet été apportés  à la loi de finances 2013, d’une agressivité incroyable. Mais le problème des Pigeons n’a pas été traité.

Notamment, en ce qui concerne les exclus de la nouvelle loi. Les salariés-actionnaires, les petits co-fondateurs et les business angels ont été oubliés. Nous pouvons nous attendre à un très fort ralentissement des investissements des business angels en France.

Si la loi ne change pas, les investissements des business angels pourraient baisser de 30 à 50%, alors que nous sommes déjà très retard par rapport à nos compétiteurs américains par exemple.

Nous allons tuer les écosystèmes de start-up en France. Il faudra absolument remédier à ce problème.

ITespresso.fr : Comptes-vous ces prochains mois amorcer un dialogue avec le gouvernement et Fleur Pellerin ?
J-D Chamboredon : Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a récemment donné rendez-vous aux entrepreneurs. Nous espérons qu’au 1er trimestre 2013, nous serons capables d’envoyer un message fort et positif à l’égard des personnes qui financent les start-up.

ITespresso.fr : La création de la Banque Publique d’Investissement ne marque-t-elle pas un semblant d’éclaircie dans le financement des start-up en 2013 ?
J-D Chamboredon : J’imagine mal la BPI faire des centaines de deals de type ‘business angels’. Elle n’en a pas la capacité. OSEO fait très bien son travail, mais ce n’est pas lui qui va remplacer les business angels.

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