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Jean-François Gervais (INA) : « Un service Web 2.0 est participatif et collaboratif »

Dans un ouvrage à paraître en février 2007*, Jean-François Gervais, responsable de la filière Multimédia à la direction de la formation à l’INA, dresse un panorama complet des nouveaux usages du Web et aborde les dimensions économiques qui en découlent.

La notion Web 2.0 est désormais galvaudée. Tous les services se proclament Web 2.0. Comment faire une réelle distinction ?
Le premier critère à prendre en considération est que les internautes puissent participer au service : qu’ils puissent modifier le contenu, modifier l’interface comme avec l’agrégateur de fils RSS Netvibes, laisser des commentaires comme dans le site d’actualité Wikio. Un service Web 2.0 est participatif et collaboratif. C’est également vrai pour des sites marchands comme Amazon. En fait, l’internaute est placé au centre de l’activité, du service. Autre critère à prendre en compte pour définir un service Web 2.0 : la possibilité de prendre une partie des informations d’un site pour les inclure dans un autre site. C’est le fait que le contenu soit ouvert. Il peut s’agir de Mashup. Par exemple, il est possible de mixer les annonces du site Craiglist avec les données de géolocalisation de Yahoo Maps pour créer un nouveau service de localisation des annonces. Il peut s’agir également de Widget. C’est une petite application autonome qui permet d’accéder à des flux d’informations comme sur Netvibes. Le Web 1.0 était un cyber-espace. Le Web 2.0 réintègre le quotidien de l’internaute.

Quels types de services Internet sont vraiment impactés par le Web 2.0 ?
Premier type de services : l’accès à l’information, à l’actualité comme avec Netvibes ou Wikio. Dans ce cas, le service propose un flux RSS avec une interface personnalisable. En ce sens, la consommation de l’internaute est en train de changer. Le service permet de cibler l’accès à l’information. Autre type de service directement impacté par le Web 2.0 : le partage de vidéos ou de photos. Dans ce cas, les contenus sont générés directement par l’utilisateur. Il produit son propre contenu mis en ligne et partagé. Les sites de e-commerce sont également impactés par les commentaires des internautes. Autres services impacté par le Web 2.0, les services de géolocalisation. Certains sites proposent des cartes ouvertes et personnalisables comme Yahoo Maps. Sur Flickr, qui est un site de partage de photos, il est possible de localiser les photos sur une carte du monde via Yahoo Maps. On retrouve ici du Mashup. Enfin, derniers services impactés par le Web 2.0 : les réseaux sociaux comme Myspace. Ils sont un moyen privilégié de communiquer, de se faire des amis. On retrouve ici l’aspect collaboratif du Web 2.0 visant à réintégrer le quotidien de l’internaute.

Quelle est la pénétration du Web 2.0 en entreprise ?
Les services Web 2.0 les plus utilisés en entreprise sont avant tout les blogs. C’est l’aspect participatif du Web 2.0 avec l’accès également à des flux RSS. Mais il y a une grande différence entre les entreprises européennes et les entreprises américaines. Si les dernières ont intégré les blogs dans leurs usages, ce n’est pas le cas des entreprises européennes et françaises. D’autant que les blogs posent parfois des problèmes de confidentialité des informations publiées en ligne qui va de pair avec un problème de contrôle de l’image de la société. Cela étant, 22 000 entreprises disposent d’un blog sur le réseau social Facebook. Par ailleurs une entreprise comme IBM a émis des recommandations pour que les salariés aient leur blog. Et plus de 3 000 salariés ont en effet créé leur blog. Le blog permet de créer un lien privilégié avec les fournisseurs et les clients. Autres services utilisés en entreprise : les réseaux sociaux comme Viaduc, devenu Viadeo. Ils sont surtout utiles pour les TPE ou les PME. Ils permettent de trouver des fournisseurs ou de prospecter des clients. De même, les internautes peuvent trouver du travail sur Viadeo.

Quels modèles économiques suivent les sites du Web 2.0 ?
Actuellement, les modèles économiques se cherchent. Beaucoup de sites suivent un modèle économique basé sur l’audience et la publicité payante. C’est le modèle dominant. Mais lorsqu’un site dispose d’une audience confidentielle, on se demande comment il gagne de l’argent. C’est le cas pour des sites comme Viadeo. Si Netvibes dispose d’une audience plus forte, le service est gratuit. A partir de là, on peut envisager deux types de modèles économiques permettant à un site de réaliser des recettes. D’abord, il est possible de faire payer à court terme ou a moyen terme les fournisseurs de contenus. Autre modèle : vendre une plate-forme en marque blanche. Mais il n’y a pas de modèles économiques définis réellement. Les services sont souvent financés par des capitaux risqueurs. Et certains sites comme le site de partage de vidéos Revver vont même jusqu’à rémunérer les internautes qui ont mis en ligne une vidéo. Sur Revver, l’internaute est rémunéré sur un compte Paypal 5 dollars une vidéo visualisée 1000 fois. Finalement, ce qui compte c’est de créer de l’audience pour sortir du lot et arriver à un point d’équilibre entre les recettes publicitaires, le cas échéant, et les dépenses marketing. Les frais de fonctionnement d’un site Web 2.0 restent limités. Il suffit d’un développeur et d’un hébergeur, étant donné que les sites Web 2.0 utilisent une technologie open source Ajax gratuite.

Comment définiriez-vous le Web 3.0 ?
C’est le Web sémantique. Le Web sémantique s’inscrit dans une démarche de référencement des documents comme les photos. On parle de « folksonomie ». C’est la possibilité d’accéder directement à des médias à partir de mots clés correspondant correctement à un document. Si Google indexe bien les textes, ça n’est pas le cas pour les images. Il faut faire correspondre des métadonnées aux images. Le bon référencement des documents, cela renvoie au Web 3.0. Le World Wide Web Consortium (W3C) est un consortium fondé en octobre 1994 pour promouvoir la compatibilité des technologies du World Wide Web. C’est lui qui a introduit la notion de Web sémantique. Pour l’heure, un moteur de recherche ne fait pas de distinction par exemple entre un document qui parle de Victor Hugo et un passage écrit par Victor Hugo. Le Web 3.0 permettra de faire la distinction en créant des indexations. Cela permettra un accès plus facile aux informations par la notion de sens. La sémantique donnera du sens au Web. Elle permettra de faire remonter de manière automatique des informations pertinentes sur un sujet donné. Autour d’un mot clé, le moteur de recherche permettra de faire ressortir les descripteurs, les mots liés.

* Web 2.0 : Les internautes au pouvoir, Jean-François Gervais (Editions Dunod). Sortie en février 2007.

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