Jean-Noël Jeanneney (BNF) : « Il est imprudent de laisser Google organiser seul l’information planétaire »

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A l’occasion des rencontres de l’Ichim, le président de la BNF détaille le projet de création d’une bibliothèque numérique européenne.

Les neuvièmes rencontres internationales de l’Ichim, qui se dérouleront du 21au 23 septembre prochains à la Bibliothèque nationale de France, ont pour thème cette année la numérisation du patrimoine et l’émergence des cultures numériques. Xavier Perrot, commissaire général d’Ichim, présente l’événement, tandis que Jean-Noël Jeanneney revient sur le projet de création d’une bibliothèque numérique européenne, dont il est à l’origine (voir édition du 16 mars 2005).

Quels sont les objectifs des rencontres de l’Ichim ?
Xavier Perrot : Ichim se veut d’abord un lieu de rendez-vous où chercheurs et professionnels se retrouvent pour présenter leurs travaux et leurs solutions, partager leurs expériences, échanger des idées et parfois signer des accords de partenariats. Depuis l’an passé, nous proposons également une exposition ouverte au public, qui rassemble cette année de nombreux artistes et techniciens sélectionnés pour la créativité de leurs travaux artistiques ou technologiques. Les rencontres de l’Ichim sont, par ailleurs, annuelles depuis 2003 et elles ont lieu une fois tous les deux ans à Paris.

Vous allez ouvrir les rencontres de l’Ichim avec une présentation du projet de création d’une bibliothèque numérique européenne. Ce projet est aujourd’hui porté par la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Hongrie et la Pologne. Est-ce suffisant pour le qualifier d’initiative européenne ?
Jean-Noël Jeanneney : Nos ambitions sont clairement d’envergure européenne. Notre projet est d’ailleurs soutenu par 23 des 25 bibliothèques nationales. Face à la suprématie de la culture américaine, nous voulons proposer un miroir européen, montrer ce que les citoyens du Vieux Continent ont en commun, tout en préservant les spécificités culturelles nationales. Aussi, je ne pense pas que la bibliothèque numérique puisse être créée en dehors des institutions européennes. Il revient notamment à la Commission de réfléchir au financement et à la mise en oeuvre du projet, dans la continuité de ce qui a déjà été fait par le passé.

Ce projet a été proposé par la France. Doit-on y voir une quelconque avance technologique du pays sur ses confrères européens ?
J-N.J. : La France a effectivement lancé le premier appel de cette initiative européenne en janvier dernier. Par conséquent, elle a pris un peu d’avance sur ses partenaires européens, même si d’autres pays l’ont très vite rejointe. Elle doit également son avance à la bibliothèque virtuelle Gallica, lancée par la Bibliothèque nationale de France, qui propose notamment près de 70 000 ouvrages numérisés. Ce n’est rien comparé aux 5 à 6 millions de livres européens que nous souhaitons mettre en ligne mais la France bénéficie déjà d’une certaine expertise en matière de numérisation. Elle ne cherche pas pour autant à servir ses propres intérêts, mue par un je-ne-sais-quel dessein gallo-centriste, comme on a pu l’entendre aux Etats-Unis.

Cette initiative est également soutenue par des industriels. Quelle est la nature de leurs contributions ?
J-N.J. : Franck Dangeard, le PDG de Thomson, fait en effet partie du comité de pilotage constitué par le Gouvernement. Il a été choisi pour son expertise technologique. L’idée étant de concevoir le plus juste et le meilleur outil possible, nous retrouvons à ses côtés notamment des spécialistes de l’édition, tels Serge Eyrolles et Alain Kouck, le PDG d’Editis, et un expert en politique, Olivier Duhamel. Toutes ces personnalités réfléchissent ensemble à une première base de travail qui sera prochainement présentée à la Commission et, je l’espère, au Parlement européen.

Les neuvièmes rencontres internationales de l’Ichim, qui se dérouleront du 21au 23 septembre prochains à la Bibliothèque nationale de France, ont pour thème cette année la numérisation du patrimoine et l’émergence des cultures numériques. Xavier Perrot, commissaire général d’Ichim, présente l’événement, tandis que Jean-Noël Jeanneney revient sur le projet de création d’une bibliothèque numérique européenne, dont il est à l’origine (voir édition du 16 mars 2005).

Quels sont les objectifs des rencontres de l’Ichim ?
Xavier Perrot : Ichim se veut d’abord un lieu de rendez-vous où chercheurs et professionnels se retrouvent pour présenter leurs travaux et leurs solutions, partager leurs expériences, échanger des idées et parfois signer des accords de partenariats. Depuis l’an passé, nous proposons également une exposition ouverte au public, qui rassemble cette année de nombreux artistes et techniciens sélectionnés pour la créativité de leurs travaux artistiques ou technologiques. Les rencontres de l’Ichim sont, par ailleurs, annuelles depuis 2003 et elles ont lieu une fois tous les deux ans à Paris.

Vous allez ouvrir les rencontres de l’Ichim avec une présentation du projet de création d’une bibliothèque numérique européenne. Ce projet est aujourd’hui porté par la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Hongrie et la Pologne. Est-ce suffisant pour le qualifier d’initiative européenne ?
Jean-Noël Jeanneney : Nos ambitions sont clairement d’envergure européenne. Notre projet est d’ailleurs soutenu par 23 des 25 bibliothèques nationales. Face à la suprématie de la culture américaine, nous voulons proposer un miroir européen, montrer ce que les citoyens du Vieux Continent ont en commun, tout en préservant les spécificités culturelles nationales. Aussi, je ne pense pas que la bibliothèque numérique puisse être créée en dehors des institutions européennes. Il revient notamment à la Commission de réfléchir au financement et à la mise en oeuvre du projet, dans la continuité de ce qui a déjà été fait par le passé.

Ce projet a été proposé par la France. Doit-on y voir une quelconque avance technologique du pays sur ses confrères européens ?
J-N.J. : La France a effectivement lancé le premier appel de cette initiative européenne en janvier dernier. Par conséquent, elle a pris un peu d’avance sur ses partenaires européens, même si d’autres pays l’ont très vite rejointe. Elle doit également son avance à la bibliothèque virtuelle Gallica, lancée par la Bibliothèque nationale de France, qui propose notamment près de 70 000 ouvrages numérisés. Ce n’est rien comparé aux 5 à 6 millions de livres européens que nous souhaitons mettre en ligne mais la France bénéficie déjà d’une certaine expertise en matière de numérisation. Elle ne cherche pas pour autant à servir ses propres intérêts, mue par un je-ne-sais-quel dessein gallo-centriste, comme on a pu l’entendre aux Etats-Unis.

Cette initiative est également soutenue par des industriels. Quelle est la nature de leurs contributions ?
J-N.J. : Franck Dangeard, le PDG de Thomson, fait en effet partie du comité de pilotage constitué par le Gouvernement. Il a été choisi pour son expertise technologique. L’idée étant de concevoir le plus juste et le meilleur outil possible, nous retrouvons à ses côtés notamment des spécialistes de l’édition, tels Serge Eyrolles et Alain Kouck, le PDG d’Editis, et un expert en politique, Olivier Duhamel. Toutes ces personnalités réfléchissent ensemble à une première base de travail qui sera prochainement présentée à la Commission et, je l’espère, au Parlement européen.

A combien estimez-vous la durée du projet ?
J-N.J. : Trois ou quatre ans, il est difficile de le dire maintenant. Cela va dépendre de l’intérêt politique suscité par le projet et des moyens qui lui seront alloués. Car si la création d’une bibliothèque numérique européenne présente un intérêt culturel énorme, elle sert également la cause politique européenne, au sens noble du terme. Après l’échec essuyé par le projet constitutionnel, elle peut notamment redonner de l’élan, du courage et de l’envie aux citoyens européens.

Avez-vous une idée des moyens nécessaires à sa réalisation ?
J-N.J. : Quand vous demandez à Google les coûts de la conception de Google Print, il cite souvent les chiffres publiés dans la presse américaine, à savoir entre 150 et 250 millions de dollars. Mais franchement, même si les investissements nécessaires à la réalisation de notre projet atteignaient 300 voire 400 millions d’euros, ce n’est pas la mer à boire pour les 25 pays membres de l’Union européenne.