Interview Jeremy Harroch – DataJob : « La pénurie de data scientists continue »

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Organisateur du salon DataJob (26 novembre, Paris), Jérémy Harroch aborde l’engouement pour les métiers liés à la data et aux difficultés que rencontrent les entreprises pour recruter les meilleurs profils.

ITespresso.fr : Est-ce que la pénurie de data scientists se confirme ? Quels sont les profils les plus recherchés ?

Jérémy Harroch : Oui, la pénurie de data scientists continue avec l’ampleur des projets de Big Data en entreprise alors que les formations sont toujours aussi peu nombreuses (et avec aussi peu d’étudiants).

Ce sont les profils confirmés avec plus de trois années de pratique professionnelle qui manquent cruellement limitant beaucoup l’adoption massive de la data science en entreprise. C’est aussi eux dont les salaires se sont le plus envolés en 2015.

ITespresso.fr : le système éducatif français a t-il pris conscience du problème ? Quelles écoles ou universités vous semblent le mieux répondre à cet enjeu ?

Jérémy Harroch : Le système éducatif français rattrape son retard notamment en adoptant une très bonne dose de remise en cause du programme, des enseignants et des modèles d’apprentissage d’une promotion à l’autre ce qui est très bien.

Par contre, seules les formation prestigieuses de grandes écoles ont pris le bon tournant et on ne voit que très peu de formations pour les licences et Bac+2 alors que c’est eux qui formeront les plus grosses équipes. Aujourd’hui les formations les plus avancées sont celles de l’Ecole Polytechnique, Telecom Paris et le master Centrale Executive.

ITespresso.fr : Financièrement, à quels salaires peuvent prétendre les meilleurs profils ?

Jérémy Harroch : Les tous meilleurs profils français caracolent à 50K € brut annuels en sortie d’école, là où les Américains peuvent déjà s’engager sur des salaires à 120K $.

Après quelques années d’expérience c’est surtout leur positionnement dans leurs équipes qui détermine leurs salaires : de 80K € à 120K € pour des managers de 8 ans d’expérience ou des directeurs de plus de 12 ans d’expérience.

Alors que les chefs d’équipe qui ont en plus les compétences de communication, et le devoir de créer une nouvelle équipe ont des salaires qui s’envolent jusqu’à 200K €.

ITespresso.fr : Entre les grands noms du marketing et ceux de la finance, quels sont les employeurs les plus attractifs pour ces métiers ?

Jérémy Harroch : Les banques ont toujours offert et continuent à offrir les meilleurs salaires, ils ont depuis longtemps une tradition d’excellence sur leurs profils ingénieurs. Aujourd’hui, les postes les plus attractifs sont à pouvoir dans les sociétés qui ont fermement engagé une démarche d’acquisition de compétence en data science comme Axa, Safran, SNCF.

Ces équipes expertes proposent aussi bien des fonctions autour du risque opérationnel que le marketing et c’est la diversité des métier qui fait l’intérêt des carrières qu’ils proposent.

ITespresso.fr : Facebook a décidé d’ouvrir un centre d’intelligence artificielle à Paris. Est-ce une bonne nouvelle pour la « data économie » tricolore ?

Jérémy Harroch : L’arrivée du centre de recherche de Facebook est une excellent nouvelle pour l’éco-système français de la data et témoigne de la supériorité de l’école Mathématique Française. Cependant, ce n’est pas grâce aux start-up californiennes que le marché va accélérer en France.

Il faut que la France se donne les moyens de devenir leader sur ce nouveau secteur industriel en création de manière autonome, en poussant l’activité grands groupes – start up locales, en libérant l’accès aux données publiques, en créant un cadre d’exploitation de la donnée clair et en pérennisant le financement publique de l’innovation et le cadre fiscal des fonds internationaux.

Participez ce jeudi à DataJob 2015, le salon du recrutement des métiers de la data. Plus d’informations sur http://datajob.fr

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