Joichi « Joi » Ito représente à lui seul un bout de l’Internet nippon. Lundi, il a inauguré le séminaire Blogs and Social Software organisé au Sénat. Ce Net-entrepreneur, qui a vécu entre les Etats-Unis et le Japon, est incontournable : créateur de start-up (avec Digital Garage), CEO de PSINet Japan puis d’Infoseek Japan… En 1999, Joi Ito crée une société d’investissement qui sert également de structure d’incubation pour des projets high-tech: Neoteny. C’est l’un des premiers investisseurs à apporter son soutien au projet de Ben et Mena Trott, cofondateurs américains de Six Apart qui édite l’outil de publication de weblogging TypePad (voir édition du 15 juillet 2004). Un concept qu’il importe au Japon. Depuis, Joi Ito a investi personnellement dans d’autres projets comme Technorati.com, ce moteur de référence pour les weblogs, mais aussi SocialText (Entreprise Social Soffware) et Flickr.com, un service de partage de photos récemment racheté par Yahoo (voir édition du 21 mars 2005).
Vnunet.fr: On présente souvent Technorati.com comme le « Google des weblogs ». Partagez-vous cette vision?
Joi Ito : Les activités de Google ressemblent à celles d’une bibliothèque avec un travail basique d’indexation et de publication de documents. L’approche de Technocrati est différente : nous rafraîchissons de manière systématique nos bases de données environ toutes les 5 à 7 minutes pour une indexation rapide. Nous effectuons un repérage en permanence. Technorati est davantage un travail d’enregistrement (« monitoring ») de discussions que d’indexation de documents. Je pense que Google est construit sur l’affirmation que l’Internet ne change pas si souvent que cela. Chez Technorati, nous pensons le contraire. La deuxième grande différence est que Google prend comme référence le HTML, les mot-clés et les liens hypertextes puis le moteur décide par lui-même ce qu’il juge pertinent pour son robot. Avec Technocrati, nous prenons davantage de critères commes les données RSS. Nous prenons toutes les éléments que nous pouvons récupérer (heures, noms, résumés, postes?) en faisant confiance au bloggeur. Il lui suffit de « faire un ping » à nos serveurs pour que nous prenions en compte sa contribution globale. L’objectif est de parvenir à une indexation rapide et de manière quasi-instantanée (« timely »).
Dans quelle mesure pouvez-vous indexer plus rapidement que Google ?
Notre principal atout est notre réactivité lors de la publication sur des weblogs. Si vous alimentez de manière quotidienne votre weblog, Google prendra peut-être en compte vos dernières contributions en une journée. Mais si vous ne réactualisez pas votre webblog fréquemment, il faudra attendre plusieurs mois avant d’apparaître dans l’index de Google. Je pense que Google News se rapproche de la méthode de Technocrati pour le rafraîchissement mais sa quantité de sources d’information est moindre.
Sur le moteur Google, les weblogs remontent souvent en bonne position sur les pages de résultats. Vous sentez-vous en concurrence frontale avec Google ?
C’est possible. Google est très bon sur certains points mais nous nous rattrapons sur d’autres aspects. Je pense que les internautes utilisent les deux services pour compléter. Mais Technocrati est vraiment plus fort pour trouver les éléments les plus « chauds » accessibles sur Internet. Faîtes une comparaison entre Google et Technocrati sur un sujet comme le raz-de-marée en Asie du Sud-Est et vous verrez les différences de résultats entre les deux services. Sur Googles News, vous verrez les informations des journaux. Sur Technorati, vous aurez les blogs.
Parmi vos nombreuses casquettes, vous faîtes notamment la promotion de Creative Commons in Japan. Estimez-vous qu’il s’agit d’un monde convergent avec « la blogsphère » ?
Je pense que Creatives Commons est un outil qui a été bien adopté par des webloggeurs comme des musiciens. Mais c’est un élément déterminant. La plupart des bloggeurs sont des amateurs et la plupart d’entre eux portent peu d’attention à la manière dont leurs oeuvres sont diffusées. Ce qui peut être important à leurs yeux, c’est uniquement le fait que leurs idées soient propagées. Toutefois, ils peuvent également demander un droit de regard sur l’exploitation qui pourrait être fait. Je pense que c’est important de fixer les conditions d’exploitation des oeuvres en ligne afin de parvenir à une structure sociale pour partager les informations. Par exemple, vous pouvez traduire littéralement mes contributions sur les blogs et les exploiter commercialement. J’en ai accepté le principe. Mais d’autres pourraient interdire un tel usage.
A votre avis, « la blogsphère » est un nouveau pouvoir face à la politique et aux médias?
Je pense que c’est très important pour les citoyens d’avoir une voix. Certes, voter est un acte important mais avoir la possibilité de s’exprimer librement l’est tout autant. La vision est différente si l’on habite dans des pays développés ou des pays en voie de développement où la libre expression n’existe pas forcément. Il suffit de regarder le cas de l’Iran. Les weblogs se rapprochen de plus en plus de l’idée que les gens se font d’une vraie presse dans un contexte de démocratie. Je vois vraiement apparaître un fossé dans ce sens. Dans les médias traditionnels comme la télévision, je vois davantage de business de contenus que de traitements réellement journalistiques.
Personnellement, votre consommation de l’information a changé avec le développement des blogs ?
Je lis régulièrement deux journaux : le Japan Times et le Herald Tribune. Je lis les articles, ce qui sert ensuite à alimenter et enrichir mon blog. Ma consommation de média est devenue plus internationale puisqu’il m’arrive de lire une vingtaine de journaux en ligne en simultané, compte tenu des liens qui se développent entre weblogs. Mais je n’aurais jamais consulté ces sources d’informations sans cela.
Blogs and Social Software : pari réussi? en anglais |
Lundi 25 avril, Loïc Le Meur, vice-president de Six Apart (société qui édite l’outil de publication de blogs TypePad), a réalisé un joli coup médiatique en réunissant au Sénat une belle brochette de professionnels internationaux de la communauté Blogs and Social Software. Les conférences ont permis d’aborder des thèmes comme le corporate blogging, le nanopublishing et l’usage des blogs par des médias traditionnels comme le quotidien Le Monde, la radio Skyrock, le magazine allemand Focus Magazine (dédié aux technologies) ou le quotidien britannique The Guardian. En invité spécial, l’excellent Yossi Vardi, fondateur du service de messagerie instantanée ICQ, est venu d’Israël pour exprimer son enthousiasme vis-à-vis de l’usage des blogs. La dernière table ronde a permis de sortir de la lorgnette du business pour s’ouvrir au thème de la liberté d’expression avec le cas d’un bloggeur iranien : Hossein Derakhshan pour Hoder.com. Finalement, un seul petit accroc à signaler : les débats se sont déroulés qu’en anglais sans effort de traduction, ce qui est dommage dans l’enceinte d’un lieu aussi symbolique que le Sénat, censé défendre la langue française. |
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