Julien Coulon (Cedexis) : « BT soulage son infrastructure en devenant CDN »
Décryptage de Julien Coulon de Cedexis (profession : « aiguilleur du net ») à la suite de la polémique déclenchée au Royaume-Uni par BT et la mise en place d’un réseau de diffusion de contenu (CDN).
ITespresso.fr : Quels sont les avantages et les inconvénients de cette mutation des FAI ?
Julien Coulon : Un FAI a une structure de coût qui est liée à l’augmentation du trafic de consommation de ses internautes. Sachant que le prix de vente du FAI est fixe et forfaitaire, plus le trafic augmente, plus la marge du FAI se réduit. C’est donc une situation non viable dans la durée. Devenir CDN permet de rapprocher le contenu consulté par les internautes. Un internaute de Lyon consultera un contenu à Lyon sans remonter sur Paris ou potentiellement vers un autre pays. Ceci génère une économie substantielle de coût d’infrastructure. Le deuxième avantage provient des revenus générés par cette nouvelle offre vendue aux éditeurs de contenus qui souhaitent améliorer leurs performances en servant localement leurs contenus aux internautes clients de ce FAI.
ITespresso.fr : Quid des interconnexions directes entre les réseaux (peering privé) ?
Julien Coulon : L’inconvénient du FAI intégrant une offre CDN pourrait être la migration des revenus générés par les peering payants [interconnexion directe entre deux réseaux, sans passer par un point d’échange de trafic, ndlr] vers cette nouvelle offre de CDN. Mais est-ce vraiment un inconvénient ? puisque tout ceci se fait au bénéfice des performances d’affichages des sites. Le coût de ces nouvelles solutions devrait être légèrement supérieur au peering payant mais comme l’amélioration des performances augmentera leurs revenus, nous constatons une impatience du marché et donc un accueil très favorable.
ITespresso.fr : Mais on façonne un « Internet à deux vitesses » sous cet angle, non ?
Julien Coulon : Sauf exception, c’est à dire si le contenu tiers non-relayé par ces FAI-CDN est filtré, je ne pense pas que cela change grand-chose. C’est tout le débat de la net neutralité. L’internet à plusieurs vitesse est déjà la situation actuelle. Si vous chargez depuis Paris un fichier hébergé aux États-Unis, il mettra plus de temps à se charger que si vous le chargez depuis un serveur situé aux Pays-Bas. Il est logiquement de la responsabilité de l’éditeur de contenu de mettre en place tous les outils et solutions d’optimisation permettant une parfaite visualisation de son contenu par son audience.