L’actualité sur le marché de la diffusion accélérée sur le Web (content delivery network ou CDN) a été chargée cette semaine en France.
Orange a signé un accord avec le leader américain Akamai.
Tandis que SFR a dévoilé sa propre offre CDN.
Présente sur le segment de l’optimisation de la performance Web (Web Performance Optimization ou WPO), Cedexis (« profession : « aiguilleur du Net« ) observe ces mouvements CDN avec une grande attention.
La société IT franco-américaine fournit des solutions aux entreprises pour les guider sur les réseaux des intermédiaires CDN, des fournisseurs de services cloud et des opérateurs télécoms et trouver le meilleur chemin pour la diffusion de leurs contenus Web.
Analyse de Julien Coulon, Directeur général et co-fondateur de Cedexis. (Interview réalisée par mail)
ITespresso.fr : Orange s’allie avec Akamai et SFR va commercialiser ses propres offres CDN. Pourquoi ce soudain intérêt de la part des opérateurs au business du CDN ?
Julien Coulon : Ces annonces nous réjouissent car nous les attendions depuis longtemps. Elles vont dans le sens de l’histoire. L’essor du haut débit fixe et mobile, la généralisation du Web collaboratif avec le partage vidéo, la multiplication des terminaux connectés au sein des foyers comme des entreprises sont autant de facteurs qui confirment que le problème n’est pas le device (terminal) mais le delivery, c’est-à-dire la distribution des contenus vers ces terminaux.
Logiquement, la consommation de bande passante par utilisateur augmente, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes aux heures de pointes entre certains services/sites et FAI, alors que le prix de l’abonnement reste inchangé. L’impact sur la marge des opérateurs est évident.
Dans le même temps, les éditeurs de services en ligne sont à la recherche de toutes les solutions leur permettant d’améliorer l’expérience utilisateur pour gagner des parts de marché et il faut pour cela accélérer la livraison de ces contenus.
Pour rappel, une augmentation de 100 ms du temps de latence pour un site comme Amazon correspond à une perte de chiffre d’affaire de 1%… Suivant cet exemple, un site e-commerce dont l’audience est en grande majorité nationale, aura tout intérêt à s’appuyer sur des CDN régionaux que d’utiliser un réseau global dont la mission serait plutôt d’assurer une bonne performance à l’international.
Pour l’opérateur, le CDN régional est une façon intelligente de valoriser son infrastructure : il soulage sa charge de trafic en diffusant les contenus au plus proche des internautes ce qui créé au passage une meilleure visibilité sur l’investissement pour upgrader ses capacités, et vend aux éditeurs de contenus une prestation d’accélération qui génère de la valeur pour ces derniers.
Une performance optimale pour un site ou application augmente le nombre de pages vues et donc les revenus liés par exemple à la publicité ou la prise de commande pour un e-commerce. Toutes les parties sont donc gagnantes.
ITespresso.fr : Pourquoi Orange s’appuie sur Akamai ? France Telecom a aussi son propre réseau international pour monter une offre CDN. Il est même mieux placé que SFR…
Julien Coulon : Je pense qu’Orange avait pris du retard par rapport à ses concurrents sur ce sujet. En achetant et en partageant les recettes d’un produit sur étagère, Orange gagne du temps en développement.
A contrario, en développant sa propre solution en interne, SFR a fait le choix de garder 100% des revenus et la possibilité d’adapter son produit à des besoins spécifiques.
Au niveau international, SFR s’appuie sur de nombreux partenaires régionaux ultras performants alors qu’Orange semble pour le moment ne s’appuyer que sur un seul partenaire global.
Au niveau national, que ce soit Orange ou SFR, le mieux placé sera celui qui proposera les meilleures performances car c’est ce que l’éditeur de contenu recherche et achète aujourd’hui. Nous sommes d’ailleurs là pour lui fournir les mesures de performance indépendantes et objectives.
Avec du recul, c’est certainement l’association des services de SFR ET d’Orange qui tendra à garantir la meilleure qualité de service pour tous les utilisateurs français.
L’expérience et les retours de nos clients nous montrent qu’un service de CDN régional reste complémentaire aux offres proposées par les prestataires historiques (Akamai qui a racheté Cotendo, Edgecast, Limelight, Highwinds, Level 3…), à plus forte raison pour répondre aux besoins des marques opérant à l’échelle mondiale.
ITespresso.fr : En matière de business CDN, les opérateurs français sont-ils en retard par à leurs homologues européens ?
Julien Coulon : C’est un sujet d’actualité, donc il n’est jamais trop tard pour se lancer. BT a présenté son offre de CDN fin 2010. Deutsche Telekom a noué un partenariat avec Edgecast depuis fin 2008.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’un CDN n’apparaisse sur le marché européen. Cela est d’autant plus facilité par les solutions d’équipementiers (Juniper, Cisco, Alcatel-Lucent…) ou d’opérateurs CDN eux-mêmes (Edgecast, OnApp…) qui proposent leur technologie sous différentes formes.
En France, nous avons 4 acteurs qui proposent une offre de CDN : SFR Business Team, Orange avec un partenaire, Iliad Entreprises et un indépendant, TDF avec sa division Smartjog, qui a fait l’acquisition de Yacast cet été.
Si nous ajoutons à cela les fournisseurs de cloud et hébergeurs locaux, je crois que l’offre française en matière d’hébergement et de diffusion de contenus est en bonne position sur le marché.
(Lire la fin de l’interview page 2) : Consolidation du marché CDN, évolution de Optimisation web avec la fibre, fin des CDN ?
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