« Pourquoi [nous] empêcher de protéger les Européens contre 320 000 menaces par jour ? »
Eugene Kaspersky posait la question ce mardi, à la veille d’un vote qui pourrait mettre des bâtons dans les roues de l’entreprise qu’il a cofondée voilà vingt ans.
Le Parlement européen est appelé à se prononcer sur un rapport approuvé le mois dernier en commission des affaires étrangères.
Ledit rapport vise à établir des lignes directrices pour une stratégie communautaire en matière de cyberdéfense. Il y est question de la coopération des secteurs civil et militaire, du financement des PME innovantes ou encore de l’interopérabilité avec les systèmes informatiques des États de l’OTAN.
L’avant-dernier point engage les États membres de l’UE à mener « une analyse approfondie » des logiciels, des équipements et des infrastructures IT/télécoms utilisés dans leurs institutions respectives. Et à interdire les programmes reconnus comme malveillants, « [tels ceux de] Kaspersky Lab ».
L’éditeur russe est soupçonné de longue date d’avoir mis ses outils au service de Moscou pour des opérations de surveillance électronique. Les tensions se sont néanmoins intensifiées ces derniers mois.
En juillet 2017, les autorités américaines avaient assené un premier coup en retirant Kaspersky de deux listes de fournisseurs agréés de logiciels de sécurité. Ce après avoir, selon la presse sur place, interrogé une dizaine d’employés dans le cadre d’une enquête de contre-espionnage.
En septembre, un deuxième couperet était tombé : par circulaire, le département de la Sécurité intérieure (DHS) donnait 90 jours aux agences gouvernementales pour stopper l’utilisation des logiciels Kaspersky. Des organisations privées comme Best Buy et Office Depot avaient suivi.
La circulaire a servi de base à une loi que Kaspersky a dénoncée en justice, sans succès.
D’autres pays ont depuis lors pris des initiatives. Tandis que le Royaume-Uni a émis un avertissement, les Pays-Bas ont suivi la démarche américaine, tout en recommandant aux entreprises privées de faire de même.
Au niveau de l’administration européenne, le principal contrat à suivre est celui avec Europol.
S’estimant victime collatérale d’un conflit géopolitique, Kaspersky tenté de restaurer son image avec un programme de transparence. Il en résultera entre autres, d’ici à 2019, le transfert d’une partie de l’infrastructure vers la Suisse, pays réputé pour sa législation stricte sur la protection des données.
Crédit photo : Sergey Galyonkin via VisualHunt.com / CC BY-SA
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