Kazaa, désormais considérée comme la plus médiatique des plates-formes de peer-to-peer depuis la chute de Napster (près de 120 millions de téléchargements du logiciel selon son éditeur Sharman Networks), sort en version 2. Pour le moment en anglais (une version francisée sera disponible « très bientôt », selon l’éditeur), le nouveau Kazaa Media Desktop (KDM) apporte son lot de nouveautés. On y trouve notamment un outil de protection antivirale développé par BullGuard qui vérifie l’intégrité du répertoire de partage avant et après les téléchargements. Kazaa 2.0 permet désormais d’effectuer des recherches sur des pages Web (et non uniquement sur des fichiers partagés). Mais la fonction ne semble pas très au point puisqu’un test rapide sur la requête « Microsoft » n’a donné aucun résultat alors qu’en mode P2P, un nombre considérable de noms de fichiers est immédiatement apparu à l’écran.
De nouveaux formats d’images sont supportés (mais l’éditeur ne précise pas lesquels) et les taux d’échange ne sont plus plafonnés. Mieux, Kazaa récompense les utilisateurs réguliers et ceux qui partagent le plus de documents en leur accordant une plus grande priorité. Deux autres nouveautés devraient faire bondir l’industrie du disque. La possibilité de partager sa playlist et donc de faciliter le téléchargement d’une série entière de fichiers (d’un même artiste ou non). Enfin, la mise en place de l’Integrity Rating qui permet à un utilisateur de noter le fichier qu’il vient de télécharger en fonction de son contenu afin d’éliminer certains fichiers des recherches. Une fonctionnalité qui contre-attaque la politique de spoofing des majors du disque qui introduisent des fichiers dégradés pour polluer le réseau et décourager les utilisateurs (voir édition du 3 juillet 2002).
Kazaa hypocrite ?
Une option qui enlève un argument à Sharman Networks qui se défend, devant la justice, d’encourager le piratage et prétend ne pas être maître de l’utilisation que font les usagers de son logiciel. Faux, répond RetSpan, une jeune société dont le projet est de « gêner les utilisateurs de logiciels peer-to-peer cherchant à pirater des oeuvres soumises aux droits d’auteur, en polluant leurs recherches par des fichiers dits dégradés ». RetSpan tient à avertir les utilisateurs de Kazaa (notamment) que leur anonymat n’est pas garanti puisqu’il est possible de retrouver l’adresse IP de leur ordinateur (laquelle est référencée chez le fournisseur d’accès qui devra communiquer l’identité de l’internaute sur demande de la justice). Par ailleurs, Kazaa affirme qu’il ne centralise pas les connexions de ses utilisateurs. Pourtant, Streamcast (précédent propriétaire de Kazaa) avait bloqué l’accès à son réseau aux utilisateurs de Morpheus suite à une mésentente entre les deux sociétés (voir édition du 6 mars 2002). Plus simplement, comment Kazaa peut-il annoncer en temps réel le nombre d’utilisateurs connectés s’ils ne sont pas comptabilisés sur un serveur central ?
Autant de questions auxquelles les responsables devront répondre devant la justice américaine suite aux plaintes de la RIAA et de la MPAA, deux associations de défense des intérêts des industries phonographiques et cinématographiques. Les audiences doivent commencer le 30 septembre. Si Sharman Networks refuse de mettre des filtres pour interdire les téléchargements non autorisés, Kazaa pourrait bien rejoindre Napster.
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