Les dirigeants de Sharman Networks, l’éditeur de Kazaa, ont dû se réjouir en apprenant qu’un tribunal fédéral américain avait, le 24 janvier 2004, jugé recevable la plainte déposée à l’encontre de la RIAA (Recording Industry Association of America) et la MPAA (Motion Pictures Association of America). Plus exactement, le juge Stephen Wilson a annulé la demande de rejet de la plainte de Sharman Networks faite par les deux organisations lobbyistes des industries musicale et cinématographique. Celles-ci poursuivent l’éditeur de Kazaa depuis octobre 2001 pour violation de propriété intellectuelle.
L’arroseur arrosé
Ce même juge, qui avait estimé légale l’existence de Morpheus et Grokster au printemps 2003, avait rejeté une première plainte de Sharman Networks en juillet 2003. L’éditeur avait porté plainte contre la RIAA et la MPAA pour abus de position dominante. Face à cet échec, Sharman Networks avait récidivé en septembre 2003 en déposant une nouvelle plainte, recevable cette fois. Il accuse les représentants des industries du disque et de Hollywood d’utiliser abusivement Kazaa pour violer la vie privée des internautes, de les intimider en envoyant des messages menaçants et de polluer le réseau en diffusant des fichiers corrompus destinés à décourager les utilisateurs. L’éditeur va même jusqu’à accuser ses attaquants d’utiliser des versions non autorisées de Kazaa comme Kazaa K++/Lite, en voie de disparition (voir édition du 9 décembre 2003).
En obtenant le droit de poursuivre la RIAA et la MPAA, Sharman tente de se positionner en interlocuteur avec lequel il faudra négocier pour éviter un long et coûteux procès pour les deux parties. Pour le moment, la RIAA semble minimiser la recevabilité de la plainte et ses conséquences éventuelles. « Si jamais ils poursuivent leur action en justice, Sharman aura beaucoup de mal à fournir des preuves pour étayer ses allégations », aurait déclaré un porte-parole de la RIAA à Reuters. Un des points d’accusation, la pollution du réseau avec de faux fichiers (le spoofing), ne sera pas très difficile à prouver. En avril 2003, Warner Music avait publié de faux fichiers musicaux des titres de Madonna pour faire face au piratage. A notre connaissance, Warner est toujours membre de la RIAA.
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