KeeeX : la gestion documentaire « façon blockchain » lève 100 000 euros
Entre chaînage, indexation et chiffrement, la start-up marseillaise KeeeX va exploiter ce financement pour développer ses technologies de gestion documentaire.
Mettre en place une série d’actions de promotion et se constituer un réseau de partenaires tout en continuant d’investir dans le développement de ses technologies de gestion documentaire qui fonctionnent sur un modèle apparenté à la blockchain : tels sont les principaux objectifs de KeeeX après son dernier tour de table.
La start-up basée dans le 13e arrondissement de Marseille a levé 100 000 euros auprès d’investisseurs privés dont elle ne spécifie par l’identité.
Cette opération fait suite à l’obtention d’un financement mixte de Bpifrance et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, au titre du « Plan régional d’innovation ».
Elle porte à un demi-million d’euros le total des sommes mises à disposition de KeeeX, en tenant compte de la participation prise par la SATT Sud Est au titre d’un contrat de licence.
La jeune pousse avait amorcé sa « maturation technique » en 2012 dans cet accélérateur qui se concentre sur le développement des inventions issues des laboratoires de recherche en PACA, en concédant aux porteurs de projets des licences d’exploitation sur les technologies innovantes de ses actionnaires.
Également soutenu par l’incubateur Belle de Mai, KeeeX avait rejoint, en octobre 2014, le pôle de compétitivité Solutions Communicantes Sécurisées.
Un Web documentaire
Portée par deux brevets, son offre repose sur le principe de chaînage, d’indexation et de chiffrement de bout en bout.
Présentée comme un « réseau social orienté document », elle sécurise les contenus numériques par l’insertion d’un ou plusieurs certificats cryptographiques et de liens directs vers d’autres documents.
L’ensemble du processus, de l’organisation à la vérification d’intégrité, se fait sans tiers de confiance. Une désintermédiation caractéristique de la blockchain.
Dans la pratique, tout document que l’on « keexe » hérite d’un identifiant qui prouve son authenticité de façon permanente et qui peut servir de pointeur vers d’autres fichiers, tout en fournissant un index pour les moteurs de recherche.
« Dockchain »
Quels usages concrets pour cette technologie ? KeeeX évoque la rédaction de contrats ou de pactes d’associés : le principe du chaînage – mis en œuvre par l’intégration, dans chaque document, de références exactes aux versions précédentes – permet de déterminer précisément les responsabilités de chacune des parties.
Dans ce même esprit, tous les collaborateurs travaillant sur un document peuvent s’assurer qu’ils disposent bien de la version la plus récente, tout en vérifiant qui en est l’auteur et quelles modifications ont éventuellement été apportées (on entrevoit ici la possibilité d’attacher un copyright ou de protéger des éléments de toute modification).
L’identifiant associé à chaque contenu « keexé » étant le produit de hashs cryptographiques 256 bits, il est, d’après la start-up, « statistiquement impossible que deux fichiers aient le même identifiant ».
Il y a mathématiquement plus de chances qu’un conflit se produise avec la version « humanisée » de ces identifiants, qui consiste en un mot de 5 lettres toujours prononçable (technologie Bubble Babble) et facilitant l’indexation, y compris sur le Web.
Accessible en bêta sur Windows, OS X et Linux (en alpha sur Android), KeeeX chiffre les documents côté utilisateur et suit leur cycle de vie en informant les collaborateurs des changements (partages, approbations, commentaires, etc.).
La formule gratuite, pour un usage personnel, inclut la gestion de fichiers et leur publication. L’offre Communication (3,33 euros HT par mois, payable à l’année) ajoute des options de partage, de contrôle distant et de compatibilité avec certains formats. La version Collaboration (7,77 euros) inclut entre autres des éléments de GED. Les tableaux de bord admin et statistiques, ainsi que les extensions, sont accessibles en souscrivant à l’offre Entreprise.
* KeeeX est né, comme l’explique le président-fondateur Laurent Henocque, d’une question posée initialement par le Web sémantique : est-il possible de vérifier l’intégrité d’un fichier à sa réception et de le lier de manière certaine avec d’autres documents dont on ne connaît pas l’emplacement ?
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