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Keolis veut digitaliser le parcours des usagers des transports publics

Entièrement consacrée au digital, la conférence de presse de Keolis qui s’est tenue hier (15 avril) rappelait fortement celle de la SNCF (son actionnaire principal) organisée deux mois plus tôt.

Le leader du transport public en régions (métro automatique, tramway…) se lance à son tour dans le parcours voyageur multimodal.

Le groupe propose une application mobile qui réunit différents moyens de transport (bus, tram, métro, auto partage, vélos en libre-service…) pour une information trafic de porte-à-porte avec calcul d’itinéraire.

Après un premier test en janvier à Montargis (Loiret), cette appli mobile est disponible sur Lille depuis le 14 avril sous le nom de Transpole. Les Lillois peuvent calculer le meilleur itinéraire, recevoir des alertes en cas d’incident sur leur parcours et obtenir un trajet de substitution.

Proposée en marque blanche aux collectivités locales, cette solution multi-supports (smartphone, web, écran d’affichage, montre connectée) sera personnalisée pour chaque métropole. Elle s’appuie sur le moteur de recherche d’itinéraire et d’information voyageurs Navitia (développé par Canal TP, la filiale digitale de Keolis également utilisée par la SNCF).

D’ici la fin de l’année, l’appli, qui sera déployée dans une quinzaine de villes, intégrera le paiement en ligne ainsi que la validation du titre de transport.

A Strasbourg, Keolis a développé avec la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CST) une appli, U’Go, qui repose déjà sur la technologie sans contact NFC.

Il suffit d’approcher son smartphone d’une borne pour renouveler un abonnement ou valider son titre de transport. Les mobiles dépourvues de NFC (comme les anciennes générations iPhone) doivent, eux, flasher des codes-barres 2D.

Pour Laurent Kocher, directeur marketing, innovation et services de Keolis (et ancien DG d’Atos pour la France), il s’agit de proposer un parcours digital de bout en bout aux voyageurs réguliers mais aussi aux clients de passage. Ces derniers « représentent 25 % des voyages mais 50 % de la recette commerciale », rappelle-t-il.

Ces derniers pourront s’appuyer sur les applis de la SNCF – avec qui Keolis travaille étroitement – pour prolonger leur parcours après la gare.

Enfin pour les touristes étrangers, Keolis a noué un partenariat avec Moovit, une startup israélienne qui édite une appli d’information voyageurs basée le crowdsourcing et dans laquelle il a pris une participation minoritaire.

Présent dans 500 villes dans le monde, Moovit réunit quinze millions d’utilisateurs.

Pour les villes moyennes qui ne disposent pas de cartes de transport, Keolis proposera une solution de billettique mutualisée en mode SaaS.

La ville de Blois (Loir-et-Cher) est déjà équipée. Sur le même mode SaaS, Keolis distribuera une solution CRM, la gestion relation-client étant encore le parent pauvre des transports publics. Déjà adoptée par sept collectivités, l’application CRM Keolis sera mise en place à Lille et Lyon courant mai.

Afin de concevoir ces solutions, Keolis s’est associé avec Voyages-SNCF.com Technologies pour la solution d’achat en ligne, Sopra-Steria pour la validation sur mobile, Microsoft et Atos pour le CRM, ACS Xerox pour la billettique.

Open data pour des open services

Keolis a aussi signé des accords avec cinq startups françaises : Citégreen (application ludique récompensant le transport éco-responsable), Bookbeo (information voyageurs automatisée sur twitter), Forcity (simulation en 3D des décisions prises en matière d’aménagement du territoire), Tripndrive (service d’autopartage) et OpenDataSoft (plateforme d’hébergement de données ouvertes).

Pionnier dans l’open data avec Rennes en 2010, le transporteur veut, par ailleurs, comme la SNCF aller plus loin dans l’ouverture des données y compris en temps réel mais sur des modèles de type freemium. « Il faut passer de l’open data à l’open services et donner de l’intelligence liée aux données via les API », estime Guillaume Crouigneau, patron de Canal TP.

Toutes ces solutions seront réunies dans une filiale de Keolis (dont le nom sera dévoilé à la rentrée), représentant plus de 600 personnes et 60 millions d’euros de chiffre d’affaires et qui sera dirigé par Nicolas Furgé, ex-responsable de l’unité Cybersécurité chez Orange.

Côté Keolis, l’investissement est de 30 millions d’euros sur trois ans. « Ce n’est rien pour Google, mais pour nous c’est un effort financier important. A titre de comparaison, notre résultat s’est élevé à 26 millions d’euros l’an dernier », avance Jean-Pierre Farandou.

Pour le président de Keolis – dont le groupe fait tout de même 5,6 milliards d’euros de chiffres d’affaires – pas de doute, c’est par le digital que son groupe deviendra une marque mondiale et se protégera de Google et autres GAFA.

« On ne fait pas du digital comme on a fait du green, par effet de mode. Proposer des solutions de mobilité proches des gens et adaptées aux territoires, c’est même notre cœur de métier. »

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