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Kevin Browne : le Monsieur Mac chez Microsoft

VNUnet :

Le lancement de Mac OS X apparaît comme une sorte de libération pour la communauté Mac. Pourquoi Microsoft et votre Mac BU (voir édition du 10 octobre 2001) ont-ils lancé si rapidement une version d’Office pour Mac OS X, alors que la part de marché d’Apple est si petite ?

Kevin Browne : Le marché du Mac est un marché dynamique. Croyez-moi, Microsoft ne proposerait pas de produit sur cette plate-forme s’il n’y avait pas d’argent à faire ! En termes de business, on peut même dire que c’est une très bonne affaire. A tel point qu’il n’y a plus de questions à l’intérieur de Microsoft quant à la viabilité d’une équipe spécifique Mac. On nous regarde tout à fait différemment aujourd’hui dans notre propre compagnie. Nous sommes le Mac chez Microsoft. Pour répondre plus précisément à votre question, le lancement d’Office v.X est un acte symbolique pour nous. Pour le moment, seuls 20 % des utilisateurs d’Office sont passés à la version 2001, qui améliorait déjà grandement les choses. Nous voulons donc montrer, avec ce portage des 25 millions de lignes de code sur le nouveau système d’Apple, que nous sommes véritablement engagés à ses côtés et aux côtés des utilisateurs. Nous pensons que nos premiers clients pour ce produit seront les utilisateurs avertis et les fanatiques, les premiers à avoir adopté Mac OS X. Office apparaît en fait comme un logiciel que l’on doit avoir, un must have comme on dit chez nous…

VNUnet : Avec la sortie de Windows XP, de la Xbox et les premiers aperçus plutôt négatifs sur l’adoption d’une politique plutôt « sécuritaire » et scrutatrice de votre firme, ne craignez-vous pas que votre produit, qui est accueilli avec enthousiasme, ne fasse les frais de l’image négative qui commence à entourer Microsoft sur ces questions ? De plus, la campagne de publicité pour Windows ne risque-t-elle pas de parasiter la sortie d’Office v.X ?

Kevin Browne : Je ne sais pas ce qui va se passer en termes de message entre Windows XP et Office v.X. Il est vrai que ce lancement demande un engagement de notre part. Nous nous sommes fixé comme premier objectif de toucher avec notre produit les clients les plus engagés sur la plate-forme Mac, ceux qui scrutent les sites de rumeurs, qui connaissent leur machine sur le bout des doigts. Nous parions beaucoup sur le bouche à oreille : la communauté Mac fonctionne beaucoup ainsi et quand quelque chose plaît, les premiers utilisateurs le font savoir autour d’eux. Nous allons lancer en France une campagne de 1 million de francs qui s’étalera jusqu’en janvier, puis nous élargirons notre audience à partir du mois de mars aux autres clients. C’est vrai qu’en France, il y aura un nouvel écueil puisque la X-Box sera lancée à ce moment-là. Mais nous sommes confiants dans les nouvelles fonctionnalités, le look and feel, le ressenti, que les premiers utilisateurs vont pouvoir percevoir et qu’ils transmettront autour d’eux.

VNUnet : Office v.X apparaît comme une suite désormais très bien intégrée, compatible, répondant à la demande spécifique des utilisateurs de Mac qui se distinguent par leur désir de disposer d’outils de productivité personnels. Mais ne faudrait-il pas aller plus loin et faire disparaître les frontières qui figent Word, Excel, PowerPoint et maintenant Entourage comme des pièces logicielles à part entière ? Vos équipes se dirigent-elles vers une seule application Office ?

Kevin Browne : Vous savez, nous revenons de très, très loin ! Si on retrace l’histoire des applications pour le Mac, que voit-on ? Avant 1996/1997, il n’y avait pas d’équipe de développement distincte. Microsoft utilisait environ 80 % du code développé pour les versions destinées à Windows et réalisait près de 20 % de code spécifique. A partir de 1995, la plate-forme Windows s’est envolée, multipliant le chiffre d’affaires de Microsoft par 10. Pendant ce temps, le marché du Mac stagnait, voire déclinait. A tel point que la question a été posée un jour à Microsoft, en 1997, de savoir s’il fallait développer une nouvelle version d’Office pour Mac. Et puis quelques voix se sont élevées. Certains cadres dirigeants étaient prêts à monter leur propre société en rachetant à Microsoft le code destiné aux versions d’Office pour le Mac. De là, la fondation de la Mac BU, qui est aujourd’hui très rentable. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous travaillons toujours sur une bonne partie de code Windows mais nous y avons ajouté du code natif Mac. Du coup, nous avons réussi à sortir Office v.X en un an. Il s’agit d’un bel effort ! Il est vrai en fait que nous avions déjà réfléchi à réaliser une révolution encore plus avancée dans la présentation d’Office. Avec la version 98, nous avions pensé ne faire qu’une seule pièce logicielle. Ce serait clairement un avantage pour les utilisateurs de ne plus avoir à se soucier de l’application à ouvrir. L’idée étant de partir d’un document vierge rempli de composants texte, tableur, etc. Mais nous nous sommes dit que nous allions devoir faire apprendre beaucoup trop de choses à nos clients [c’est d’ailleurs une des principales raisons de l’abandon du projet OpenDoc d’Apple, reposant sur des principes similaires, Ndlr]. Il s’agit toutefois d’une voie que nous étudions et que nous explorons clairement.

VNUnet : Que peut-on attendre désormais de vos équipes pour l’avenir ?

Kevin Browne : Désormais, nous entrons dans une phase de collecte d’informations auprès de nos utilisateurs. Nous sommes en train de le faire pour Outlook, sorti à l’été dernier (voir édition du 28 juin 2001). Nous allons commencer à le faire sur Office v.X à partir du 10 novembre pour les Etats-Unis et du 28 novembre pour la France. L’année 2002 sera principalement orientée vers ces préoccupations. Pour le reste, nous livrerons principalement une mise à jour d’Internet Explorer pour Mac OS 8 et 9. En revanche, il ne faut pas attendre de version d’Outlook Express pour Mac OS X tout de suite : nous attendons de voir ce qui se passe avec le logiciel Mail d’Apple et nous désirons interroger nos clients sur ce qu’ils attendent. Pour le reste, nous n’entendons pas présenter d’application majeure en 2002.

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