Déclaré au bout de la pellicule à la mi-janvier et placé en redressement judiciaire sous la protection de la législation américaine (Chapter 11), Kodak n’a pas pu couvrir l’intégralité de ses arriérés malgré un crédit de 950 millions de dollars obtenu auprès de Citigroup.
L’ex-géant de la photographie argentique, qui a bafoué sa transition vers le numérique, n’avait d’autre choix que de céder une partie de sa propriété intellectuelle pour éviter le naufrage.
D’où cette mise aux enchères de plus d’un millier de brevets ayant essentiellement trait à des techniques de photographie (capture et partage d’images, retouche en postproduction).
En dépit d’ultimes contrariétés dues à l’interposition d’Apple (la firme de Cupertino revendiquait la paternité d’une dizaine de licences relatives à des méthodes de prévisualisation sur écran LCD), le processus s’est amorcé avec l’aval de la justice américaine.
Mais ce trésor mis aux enchères n’a pas semblé attirer les foules, tout du moins pas à hauteur des sommes escomptées. Kodak avait rodé son affaire et espérait la conclure le 13 août, avec à la clé un généreux chèque de 2,2 à 2,6 milliards de dollars.
Quand bien même plus d’une vingtaine d’acquéreurs potentiels auraient manifesté leur intérêt, les meilleures offres initiales ont oscillé entre 150 et 250 millions de dollars, selon le Wall Street Journal.
Les propositions prises en considération émaneraient de deux consortiums. L’un réunit Google, HTC, LG et Samsung, sous la houlette de RPX Corporation. L’autre allie Apple et Microsoft autour d’Intellectual Ventures.
Mais ce dernier larron s’est forgé une réputation de « patent troll » connu pour racheter à tout va les droits d’exploitation de licences pour les faire consécutivement valoir auprès des ténors de l’industrie et les traîner en justice pour violation de propriété intellectuelle.
Jusqu’alors militant sous la coupe d’Intellectual Ventures, Apple aurait changé de bord pour se rallier – une fois n’est pas coutume – à ses rivaux Google et Samsung sous la bannière de RPX Corporation, connu pour avoir un usage strictement défensif des brevets qu’il rachète.
Les enchères auraient redoublé en conséquence. Ce méga-consortium aurait proposé de mettre sur table 500 millions de dollars pour servir l’intérêt commun de ses membres, quitte à procéder par la suite à de petits arrangements entre amis de fortune.
Dans l’état, Kodak se laisse le temps avant de rendre sa décision : retenir cette offre, scinder le tout en plusieurs lots ou encore décider de conserver ses brevets.
Crédit image : Wilm Ihlenfeld – Shutterstock.com
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