L’ère de la bande magnétique est sur le déclin, qu’on se le dise ! Le numérique s’installe partout et l’actuelle convention de la NAB (National Association of Broadcasters), qui se tient à Las Vegas jusqu’au 10 avril, est là pour le confirmer. L’industrie du cinéma et de la vidéo s’éloigne peu à peu de la bande magnétique traditionnelle pour réaliser, stocker et diffuser les programmes, et c’est vers l’industrie informatique qu’elle se tourne pour augmenter l’efficacité de ses tâches : lecture, stockage, recherche d’archives, etc. Les grands acteurs du secteur l’ont bien compris : Microsoft, SGI, Avid, Panasonic, Apple, AJA Video Systems, Matrox ou bien encore Media 100 font le forcing avec des solutions à forte valeur ajoutée. Les principaux enjeux soulevés cette année concernent évidemment les standards adoptés par l’industrie. Pour cette raison, Microsoft présente ses formats vidéo et audio Windows Media 9 Series et tente de démontrer que ses logiciels peuvent être utilisés dans des applications professionnelles. La firme de Redmond se trouve confrontée à une certaine résistance de la part des professionnels : son format est considéré comme étant destiné à des applications de faible qualité. Microsoft a toutefois marqué un point récemment avec son adoption par un réseau de salles de cinéma aux Etats-Unis (voir édition du 4 avril 2003). De plus, il s’est adjoint l’aide d’Avid, le leader des systèmes de production vidéo, pour donner du crédit à son format. Avid a annoncé qu’il adopterait le format numérique pour exporter de la vidéo en haute définition. La firme se positionne ici dans une phase d’attente : elle met sur un pied d’égalité Apple et Microsoft, commercialisant ses solutions pour les deux plates-formes en même temps.
Il faut s’attendre à d’autres chamboulement : l’autre géant des technologies de diffusion numérique, RealNetworks, n’a pas encore parlé. La firme devrait présenter ses solutions le 9 avril prochain par la voix de Rob Glaser, son fondateur. La stratégie de RealNetworks s’appuie sur l’adoption de l’ensemble des formats du marché, y compris les fameux MPEG et notamment le MPEG-4, directement intégrés dans son outil Helix (voir édition du 24 juillet 2002). C’est toutefois bien Apple qui a le plus de souci à se faire : entrée tôt sur le marché de la vidéo numérique (bien que pas en pionnière), elle doit se battre pour préserver son avance. La firme, qui concurrence directement d’autres spécialistes comme Adobe (voir édition du 18 décembre 2001), a toutefois autant d’atouts dans sa manche que de poids morts : elle est considérée comme un leader en ce qui concerne son logiciel de montage (voir édition du 5 décembre 2001), mais ses PowerMac ne sont en revanche plus vus comme des stations de travail de référence.
Pas de Shake pour Windows
Reste que la firme a surpris son monde ce dimanche 6 avril en présentant de nouvelles versions de l’ensemble de ses logiciels professionnels destinés au marché de la vidéo : Final Cut Pro, Shake et DVD Studio Pro sont tous passés à une nouvelle version. Les deux premiers sont attendus pour le mois de juin, tandis que le dernier serait commercialisé en août. Sur les trois applications, Shake risque de faire forte impression : il s’agit en fait d’une nouvelle mouture du logiciel de Nothing Real Software, racheté par le constructeur de Mac en 2002 (voir édition du 22 mars 2002). Cette nouvelle version, si elle est bien compatible Linux et Irix – le système d’exploitation de SGI – ne devrait pas être commercialisée pour Windows. Apple tient sans doute avec cette application un moyen de barrer l’accès de Microsoft au marché. Shake est en effet utilisé depuis près de six ans pour réaliser les effets spéciaux des plus grands films de ces dernières années, bien qu’Apple mette surtout en avant la trilogie du Seigneur des Anneaux. La dernière version du logiciel, en pouvant être utilisée sur des clusters Apple (voir édition du 19 mars 2003), donne la direction que les professionnels se doivent de tenir. Les fournisseurs de solutions tierces et une bonne partie des acteurs semblent avoir pris leur parti : le nombre de produits disponibles pour la plate-forme de la firme s’accroît de manière quasi exponentielle cette année. AJA Video Systems ou Digital Voodoo, par exemple, fournissent désormais un grand nombre de cartes vidéo exclusivement pour Mac OS X. Panasonic a collaboré avec Apple à la sortie de son codec au format DVCPRO50 fonctionnant sur FireWire, dans un certain nombre de matériels comme des caméras ou des magnétoscopes. Avid s’est d’ailleurs joint à l’effort. Surtout, Apple a lancé un nouveau format de fichier XML ouvert, basé sur une architecture d’entrée/sortie FireWire et destiné à Final Cut Pro. Selon nos confrères de Creative Mac, le format est supporté par plusieurs sociétés comme Panasonic et AJA, justement, mais aussi Quantel, Pinnacle, Automatic Duck, Omneon ou Curious Graphics. Il doit permettre aux utilisateurs de travailler sur des projets de bout en bout au sein d’une unique session de travail. De quoi les pousser à n’utiliser que du Mac !
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