Le 16 novembre dernier, le Cyber Club de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP) organisait une table ronde gratuite et accessible à tous sur le thème de « Les logiciels libres : exemples d’usages dans les PME « .
Hasard de calendrier, le même jour, le Club Sénat organisait une soirée plus privée « l’économie du logiciel au service de la performance de la France » qui, elle aussi, devait être initialement consacrée aux logiciels libres. Mais le programme auraît été changé à la suite d’un lobbying exercé par un éditeur de logiciels propriétaires. Ce qui aura visiblement quelque peu énervé Alexandre Zapolsky, président de l’Association des Sociétés de Services en Logiciels Libres (ASSLL) et PDG de Linagora (une SSLL), présent aux deux évènements.
C’est d’ailleurs ce manager qui débutera la conférence de la CCIP : « Le logiciel libre a permis de créer 6 000 emplois directs en France, 10 000 indirects, dans une industrie qui en compte 50 000. A titre de comparaison, la filière jeux vidéo ne représente que 2 000 emplois. Selon les prévisions de Gartner, en 2010, le logiciel libre pourrait représenter 60 000 emplois ».
140 000 projets libres, plus ou moins matures
Une perspective réaliste à en croire l’accueil que l’assistance (plusieurs dizaines de personnes dans la salle) a réservé à la présentation. Beaucoup d’entre eux ne connaissaient rien au concept open source mais ils ont été séduits par les nombreux avantages des logiciels libres. Ces derniers ont été notamment présentés par Christophe Le Bars, représentant de l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre (APRIL) : des logiciels souvent gratuits, librement modifiables, des correctifs en général plus rapides à obtenir, une plus grande interopérabilité grâce aux respects de standards, etc.
Ce que les utilisateurs payent, ce sont les services éventuels autour : installation, formation, adaptations spécifiques… Les sociétés du libre étant de petites structures, le dialogue serait facilité. Et, grâce au code source en sa possession, le client n’est pas pieds et mains liés à un fournisseur et peut faire jouer la concurrence. Des obligations de résultat peuvent même être convenues. La CCIP a annoncé qu’elle allait diffuser sur son site des contrats types.
Si, selon certaines estimations, il existe 140 000 projets libres, bien moins nombreuses sont les applications déjà matures et utilisables. Aux côtés de la célèbre suite bureautique OpenOffice, du navigateur Internet Firefox ou de Apache qui équipe 60 % des serveurs Web de la planète, d’autres applications ont été évoquées par Marc Sallieres, représentant d’Altic qui veut favoriser l’intégration de solutions libres dans les entreprises : Asterisk (logiciel de VOIP), myCMMS (GMAO), Open Cascade (CAO)…
Les ERP/PGI ont eu le droit a un traitement plus détaillé avec l’évocation de Compiere, TinyERP, OFBiz/Neogia, de même que les CRM avec SugarCRM, VTiger, OBM CRM. Même si l’utilisateur sait déjà qu’il va préférer une solution propriétaire, l’expérience a montré à Marc Sallieres que la mise en concurrence avec une solution libre fait généralement baisser le devis.
Une expérience concrète
Toutes ces interventions venant de professionnels forcément intéressés, le public pouvait encore avoir des doutes. Les témoignages d’utilisateurs, dans lesquels il est plus facile de se retrouver, ont captivé l’attention, comme par exemple l’expérience de Gautier Renault, responsable de Azsport, une chaîne de magasins de vente d’accessoires sportifs.
A ses débuts, cette société utilisait une gestion commerciale propriétaire. Le succès aidant, plusieurs boutiques ont vu le jour. Malheureusement, le logiciel ne savait pas gérer plusieurs stocks à la fois et il fallut passer à un produit plus onéreux du même éditeur. Faute de compatibilité entre les fichiers, les employés auront retapé toutes les données à la main.
Seconde mauvaise surprise : avec 10 utilisateurs et un parc mixte Mac/PC, il fallu payer une licence de 10 utilisateurs sur PC et une autre de 10 utilisateurs sur Mac. Quelques mésaventures plus tard et on comprend pourquoi Gautier Renault est passé aux logiciels libres (Compiere et Emencia, dans son cas).
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