La fusion entre Oracle et Peoplesoft (voir édition du 31 décembre 2003) n’aura probablement pas lieu. Le ministère américain de la Justice (DoJ) a en effet déposé une plainte antitrust destinée à bloquer l’offre de rachat hostile de Peoplesoft par Oracle, offre estimée à 9,4 milliards de dollars. Selon le ministre adjoint de la Justice chargé de la division antitrust, Hewitt Pate, cette fusion serait « purement et simplement anticoncurrentielle », dans la mesure où elle réduirait à deux ? SAP et Oracle – le nombre des grands éditeurs mondiaux présents sur le marché des progiciels de gestion destinés aux grandes entreprises, contre trois actuellement. Et la disparition d’un concurrent, explique le DoJ dans un communiqué, « déboucherait sur des prix plus élevés, moins d’innovation et de choix ». Le DoJ a étayé cette affirmation sur les propres analyses de l’actuel coprésident d’Oracle, Charles Phillips, du temps où il était analyste au sein de la banque d’affaires américaine Morgan Stanley. En 2002, il publiait en effet un rapport dans lequel il expliquait que le marché des applications de gestion destinées aux entreprises mondiales était dominé pour longtemps par un oligopole composé de SAP, Peoplesoft et Oracle. Or, jeudi 26 février, devant les autorités antitrust, les dirigeants d’Oracle, dont Charles Phillips fait partie, ont soutenu exactement la thèse contraire, déclarant que « l’objection du ministère selon laquelle il y a seulement trois fournisseurs en mesure de répondre aux attentes des grands groupes ne correspond pas à la réalité hautement compétitive, dynamique et mouvante du marché ».Un pouvoir de nuisanceEt Oracle espère encore ? ou feint d’espérer ? que ses vues triomphent. Selon l’éditeur, la décision du DoJ n’est fondée « ni dans les faits, ni en droit ». L’affaire va donc se poursuivre devant les tribunaux. Selon les observateurs, la raison voudrait pourtant qu’Oracle renonce définitivement à son projet car les obstacles ne sont pas seulement juridiques : même s’il parvenait à obtenir un jugement favorable, l’éditeur devrait ensuite convaincre le conseil d’administration de Peoplesoft qui lui est, dans sa composition actuelle, résolument hostile, puis convaincre les actionnaires et enfin obtenir l’aval des autorités antitrust européennes… Ce qui conduit à suspecter l’éditeur de s’entêter dans le seul but de maintenir un climat d’incertitude autour du devenir de Peoplesoft et ainsi gêner son activité commerciale.
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