La gestion multilingue des noms de domaine retardée par l’Icann
Système multilingue et gouvernance d’Internet étaient au menu de la dernière conférence de l’Icann.
Il faudra patienter encore un moment avant de pouvoir utiliser des noms de domaine comportant des caractères accentués. Au cours de sa conférence tri-annuelle, qui s’est tenue au Luxembourg le 15 juillet dernier, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann) a repoussé la mise en place d’un système multilingue. Raison avancée par l’organisme chargé de la supervision de l’Internet : les solutions testées présentent des trous de sécurité favorables à l’essor du phishing.
Certains systèmes envisagés par les chercheurs offrent en effet l’opportunité à des personnes malintentionnées de tromper les internautes en se faisant passer pour un acteur du Net, dans le but de les escroquer. En pratique, le pirate peut déposer un nom de domaine, composé de caractères accentués, qu’il peut ensuite exploiter sous une écriture différente, parfaitement identique à un nom de domaine déjà existant. Il ne lui reste alors plus qu’à rattacher un site factice au nom de domaine déposé et à diffuser des spams pour générer du trafic sur ce site…
Des solutions sécurisées existent toutefois, comme celle adoptée en Allemagne, aujourd’hui complètement opérationnelle. Depuis l’année dernière, les noms de domaine en « .de » peuvent ainsi comporter 92 caractères spéciaux ou accentués. Mais par prudence, l’Icann préfère faire machine arrière sur la mise en place d’un système multilingue. Elle ignore ainsi les revendications de l’ONU, qui est venu lui présenter son rapport sur l’avenir de l’administration de l’Internet et qui déplore le manque de progrès significatifs réalisés en la matière.
Un nouveau modèle de régulation de l’Internet Dans son rapport, qui concerne tout particulièrement l’Icann, le groupe de travail des Nations Unies, le Working Group on Internet Governance (WGIG), propose par ailleurs une définition et quatre modèles différents de gestion de l’Internet. Aucun des modèles présentés ne laisse aux Etats-Unis le contrôle total sur le futur régulateur international. Or, le gouvernement américain a récemment réaffirmé son intention de conserver son rôle historique d’administrateur du Web mondial.
Quoi qu’il en soit, il est prévu que le rapport du WGIG soit discuté à Genève, en septembre prochain, et que soit entériné un modèle d’administration de l’Internet, deux mois plus tard pour la deuxième phase du Sommet Mondial de la Société de l’Information qui se tiendra à Tunis.