2003, l’année de tous les dangers pour Intel ? Fort de 85 % de parts de marché avec ses processeurs Pentium, le fondeur paraît en sécurité. Cependant, il se trouve confronté à un épineux problème. La prochaine génération de puces, construite sur une architecture 64 bits (où le volume d’instructions pouvant être traité au même instant est doublé), pourrait en effet opérer à des fréquences inférieures aux actuelles puces 32 bits ! Dès lors, Intel n’en fait pas vraiment l’éloge… Pour l’heure, le fondeur ne les destine pas à des ordinateurs grand public : « Ce pourrait être pour la fin de la décennie », a indiqué Justin Rattner, un des ingénieurs de la firme, à nos confrères de ZDNet. « Intel n’en produira pas avant 2008 ou même 2009 », avait déjà estimé Paul Otellini, le président d’Intel, l’année dernière. Et pour cause ! « Il manque des applications, les mémoires n’ont pas la capacité attendue, les besoins des utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les puces coûtent trop cher et la version adéquate de Windows n’est pas encore prête », entonnent en choeur les ingénieurs d’Intel. Le problème, c’est que le premier fabricant mondial de processeurs risque fort d’être entraîné sur le terrain du 64 bits plus vite qu’il ne l’entend ! Et Microsoft ainsi que l’industrie des mémoires vives à sa suite…
Car Intel n’est pas le seul fabricant de processeurs, loin s’en faut. Face à lui, un clan organisé autour d’AMD, de Motorola et d’IBM s’est constitué. Tous trois pourraient fort bien s’engager sur la voie du 64 bits pour le grand public plus vite qu’on ne le pense. Car ce faisant, les trois challengers pourraient enfin se comparer à Intel sur le terrain des performances et des capacités. Surtout, AMD et IBM entendent bien placer leurs puces sur les marchés qui en ont le plus besoin : ceux des gros ordinateurs de bureau ou des petits serveurs, voire des machines destinées aux joueurs invétérés. AMD commercialisera sa nouvelle puce, l’Athlon 64, en septembre prochain (voir édition du 3 février 2003). Elle fonctionnera en 32 ou 64 bits, laissant aux constructeurs une entière liberté dans leurs choix d’applications et de système d’exploitation. Une pierre dans le jardin de Microsoft dont on attend toujours un système d’exploitation 64 bits. En fait, le passage à un Windows adapté nécessite un énorme travail, que personne ne veut réaliser pour le moment. Intel le sait, lui qui a mis quatre équipes au travail pour élaborer le passage de ses processeurs à l’architecture 64 bits. Il y a bien l’Itanium (voir édition du 29 mai 2001), déjà disponible pour des machines à plus de 10 000 euros. Mais la compatibilité pose problème : « Nous avions nos processeurs 64 bits, mais aucune base de données n’était prête. Et il n’y a pas eu beaucoup de support côté système d’exploitation », indique encore Rattner. Car outre l’absence de logiciels optimisés, la voie de la compatibilité s’avère un véritable casse-tête ! Windows devra être fourni en versions 32 et 64 bits, tandis que les éditeurs tiers devront écrire leurs pilotes et leurs applications pour deux plates-formes différentes ! A moins que Microsoft n’utilise un émulateur… comme celui de Connectix (voir édition du 21 février 2003).
Une transition plus facile pour la plate-forme Mac
Pour IBM, l’introduction du PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002) se présente en revanche comme un choix rationnel : la puce fait tourner sans problème les « vieux » logiciels 32 bits, tout comme elle pourra faire fonctionner les nouveaux à 64 bits ! Et IBM compte placer l’architecture PowerPC partout où il le pourra. Du coup, on s’attend à voir beaucoup plus de Linux pour PowerPC sur des machines de bureau. Mais c’est surtout Apple qui a la possibilité de faire des ravages avec le processeur d’IBM (voir édition du 31 janvier 2003). Car si la société se trouve aujourd’hui confrontée à un problème, c’est bien sur les performances de ses Power Mac, respectables certes, mais sans égaler celles des PC. Par chance, le passage aux 64 bits pourrait poser moins de tracas aux acteurs de la plate-forme Mac qu’à ceux du monde PC : le système d’exploitation ne nécessite pas un remaniement aussi profond que pour Windows. Ensuite, les applications actuelles (en 32 bits) pourront tourner sans avoir à être réécrites. Seuls les nouveaux logiciels, ainsi que tous ceux qui auront vocation à profiter des capacités des nouvelles puces, devront sans doute être revus. Mais il s’agira essentiellement de recompilations. Autant dire trois fois rien ! C’est donc Apple qui pourrait au final s’octroyer le plus de faveurs avec la nouvelle architecture. Fidèle à son habitude, elle n’a pas encore dévoilé sa stratégie, mais déjà les rumeurs circulent sur les listes de discussion et les forums. « J’ai eu droit à quelques démonstrations secrètes (non officielles, bien sûr). Apple a quelques trucs superbes qui sortent cette année ? dont des machines de bureau qui battent les produits actuels d’Intel », se vante ainsi Brian Jepson sur Scobleizer Weblog, un journal de la Toile plutôt porté sur le monde du PC. Invérifiable tant que rien n’est sorti officiellement des bureaux de Cupertino !
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