La guerre du ‘chat’ aura-t-elle lieu ?
AOL a enfin annoncé que ses ingénieurs travaillaient à une architecture ouverte pour ses logiciels de messagerie instantanée AIM et ICQ. Une décision qui fait suite aux pressions de la FTC et des autres concurrents du marché du chat, dont certains proposent déjà des produits compatibles avec ceux d’AOL.
AOL, leader mondial des logiciels de messagerie instantanée avec AIM et ICQ, planche en ce moment sur une nouvelle architecture permettant aux autres logiciels de babillage en ligne (chat en anglais) de communiquer avec les siens. Pour autant, la firme de Steve Case ne se précipitera pas pour présenter cette technologie devant l’IETF (Internet Engineering Task Force). En effet, les dirigeants de la société ne souhaitent promouvoir l’interopérabilité des système de messagerie au dépend de la sécurité des internautes. Un argument qui peut prêter à sourire quand on sait le faible niveau de sécurité (voire l’insécurité totale pour certains) offert par tous les logiciels de chat. D’autant plus que cette interopérabilité existe déjà, comme l’a prouvé Odigo avec son logiciel paru cette semaine.
En effet, cette société américaine édite un logiciel capable de communiquer avec les « buddies » connectés sous AIM ou ICQ. D’où les doutes exprimés par Avner Ronen, un des fondateurs d’Odigo, sur les bonnes intentions d’AOL. « S’ils (AOL) veulent vraiment s’impliquer, ils montreront au public qu’ils militent pour des standards ouverts et permettront à des sociétés comme Odigo de proposer des produits compatibles avec AIM ». Or AOL a assigné en justice Odigo suite à la sortie de son logiciel…
Derrière toute cette bataille, se cachent des enjeux importants pour AOL. Le fournisseur de contenu souhaite en effet se servir de ses systèmes de chat pour offrir aux internautes de nouvelles sources d’informations. Bourse, météo ou sport seront les premiers sujets abordés mais a terme AOL souhaite aussi placer de la publicité et du commerce électronique sur ces réseaux de conversations. Or, plus il y aura de compétiteurs sur le marché, plus la part du gâteau publicitaire sera faible pour AOL. Visiblement les 150 millions de comptes ouverts sur ses services ne suffisent pas à Steve Case et ce dernier voit d’un très mauvais oeil l’arrivée, avec des produits compatibles aux siens, de concurrents comme Microsoft ou CMGI (par le biais de sa filiale Tribal Voice).
La situation risque quand même d’évoluer dans le sens d’une plus grande ouverture entre systèmes du fait des pressions de la FTC (Federal Trade Commission) qui souhaite enquêter sur la position dominante d’AOL sur le marché du chat. L’organisme régulateur américain pourrait en effet obliger AOL à ouvrir son système pour ne pas se retrouver en position de monopole. Une action allant dans le sens de celle entreprise par l’association FreeIM, qui regroupe les concurrents d’AOL, dont Microsoft (voir édition du 9 juin 2000).
Pour en savoir plus :
* AOL
* Odigo