La Hadopi tente de résister à la pression politique
Le gouvernement « ne peut pas priver » la Hadopi « de ses moyens de fonctionner », considère l’instance administrative en charge de la lutte contre le piratage numérique. Turbulences à prévoir.
La Hadopi existe toujours et le fait savoir.
A travers la mission Lescure sur « L’acte II de l’exception culturelle« , le gouvernement ne cache pas son intention de revoir le mode de fonctionnement de cette instance la lutte antipiratage numérique voire de la supprimer.
La nouvelle majorité politique serait même tentée de supprimer la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet mise en place, considéré comme un symbole de Nicolas Sarkozy à l’Elyse.
Lors d’une conférence de presse, Mireille Imbert-Quaretta, la présidente de la commission pour la protection des droits rattachée à la Hadopi (donc en première ligne dans la lutte contre le téléchargement illégal), a considéré que le gouvernement « ne peut pas priver » l’institution »de ses moyens de fonctionner ».
Une allusion aux tergiversations du gouvernement portant sur le budget à allouer à son exploitation.
Selon Europe 1, la Hadopi tente de résister à la pression politique.
« C’est une autorité administrative indépendante et non un établissement public », a expliqué Mireille Imbert-Quaretta.
« Un ministre n’a pas la possibilité de supprimer une autorité administrative par décret, mais il n’a pas non plus la possibilité de le priver de tout moyen de fonctionnement pour l’ensemble des missions qui lui sont confiées par le législateur. »
Une allusion aux déclarations d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, qui ne cache pas son aversion pour la vision de la Hadopi depuis la campagne présidentielle.
Dans son bilan (provisoire?), la Hadopi met en avant « action de pédagogie efficace ».
Elle indique également qu’elle a envoyé plus d’un million de premiers mails d’avertissement aux abonnés depuis l’entrée en vigueur de la réponse graduée le 1er octobre 2010.
Et 14 dossiers ont été transmis à la justice.
De son côté, Pierre Lescure a mis de l’eau dans son vin.
Mardi soir, sur BFM Business, il s’est montré plus tempéré par rapport à ses premières déclarations sur Le Mouv en fin de semaine dernière.
« Je ne pense pas qu’il faille supprimer Hadopi, mais il faut changer le logo, un certain nombre de choses… »
L’ancien patron de Canal Plus considère qu’au-dela de l’exercice de pédagogie, la Hadopi ne n’est pas suffisamment montrée convaincante sur le volet du développement de l’offre légale.
Pourtant, la Hadopi avait poussé le label PURE dans ce sens et un acteur comme Beezik (groupe Ebuzzing) tend à prouver qu’il existe un marché du téléchargement légal de la musique avec des modèles originaux.
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