La MAIF explore l’assurance collaborative sans être effrayée par la « coopétition »
Altima par MAIF lance une première offre d’assurance collaborative pour conducteurs de véhicules électriques. Preuve d’une certaine ouverture d’esprit, la start-up Otherwise est invitée.
La MAIF aborde l’assurance collaborative à travers la marque Altima, du nom d’une société transformée en filiale installée à Niort qui regroupaient initialement plusieurs mutuelles sans intermédiaire et qui était spécialisée dans l’assurance pour les concessionnaires automobiles).
Après avoir injecté 15 millions d’euros fin 2014 pour prendre le contrôle intégral de la société et avoir repris en main le système d’information, la MAIF ré-oriente l’activité d’Altima qui coïncide avec la mise en place d’une stratégie digitale globale.
Sous la houlette de Florent Villain, Altima repasse en mode start-up pour explorer les nouveaux usages (mobilité, assurances à la demande, collaboratif et communauté) pour le compte du groupe d’assurance présidé par Pascal Demurger.
Celui-ci fournit une image pour illustrer le positionnement : « Altima est une vedette un peu plus souple et agile à côté du cargo MAIF. » La nouvelle filiale devient « un outil dédié à l’innovation dans le monde de l’assurance tirés par les technologies et les nouveaux usages. »
Sous la marque ombrelle « Altima par MAIF« , deux offres sont désormais commercialisées. Pour les particuliers, l’offre d’assurance « 4+2 », pour ceux qui sont partagés entre la conduite entre leurs automobiles et leurs engins deux roues motorisés, exploitée sous un mode Pay When You Drive (voir les conditions de souscription).
Parallèlement, une offre BtoB s’adresse aux associations et collectivités pour l’assurance des grandes flottes de véhicules.
Assurance collaborative : jusqu’à 30% de reversement sur la prime
Mais, cette année, en guise de véritable nouveauté, Altima par MAIF sera scrutée par la mise en place d’une « offre d’assurance collaborative » dédiée aux conducteurs de véhicules électriques. La première instaurée par un groupe bien installé dans le secteur, selon ses promoteurs.
Le concept repose sur une nouvelle forme de mutualisation en groupe restreint (pouvant atteindre quand même plusieurs centaines de clients par groupe) visant à développer « l’esprit de communauté de ses utilisateurs ».
Sans « sinistralité abusive », la MAIF s’engage à redistribuer au groupe concerné « jusqu’à 30% » de la prime d’assurance.
Tout en intégrant des services spécifiques avantageux : bonus à la souscription en lien avec la recharge électrique du véhicule, diagnostic de la remise en état du véhicule à la fin d’un contrat de location longue durée, location ponctuelle de véhicule thermique (standard)…
L’offre est présentée sur le nouveau site Web dédié. C’est un premier pas, assure Florent Villain. « On travaillera avec d’autres communautés de conducteurs. »
L’effet disruptif était recherché selon Pascal Demurger : cette « offre d’assurance collaborative » représente un moyen de hacker le propre modèle économique de la MAIF. Il ne s’agit pas de se tirer une balle dans le pied. Mais d’avancer en mode de « coopétition » (mi-coopération, mi-compétition) avec les start-up InsurTech.
« On voit parfois des relations étouffantes entre les grands groupes et les start-up. Ce n’est pas notre approche. Nous avons une tradition d’accueil et d’accompagnement des start-up (…) On apprend aussi énormément auprès d’elles », commente le directeur général de la MAIF.
Otherwise, start-up invitée surprise
On passe aux travaux pratiques assez rapidement. Lors de la conférence de presse qui s’est déroulée jeudi midi à Paris dans l’enceinte du MAIF Social Club, Pascal Demurger et Florent Villain accueillent Raphael Berger et Cécile Méroine, deux des trois fondateurs d’Otherwise, une start-up qui a développé sa propre approche d’assurance collaborative. Celle-ci a d’abord creusé le segment des complémentaires santé mais une offre spéciale auto devrait arriver d’ici la fin de l’été.
En qualité de courtier d’assurance, la jeune pousse, qui a levé récemment 2,1 millions d’euros, devra trouver des relais dans les groupes d’assurance pour « porter le risque » et la MAIF en fait partie.
Mais il s’agit d’un « partenariat non capitalistique », précise rapidement Florent Villain pour lever toute ambiguïté liée à cette invitation sous le signe de l’open innovation.
« Nous allons être en concurrence avec Otherwise mais la proposition de valeur sera non identique », précise le DG d’Altima.
On trouve effectivement des similitudes dans les approches communautaires. « Nous exploitons des technologies algorithmiques pour améliorer la formation des groupes et les bonus collaboratifs augmenterons si la sinistralité est faible », précise Cécile Mérine.
Raphael Berger prend le relais et confirme l’approche : « Nos offres [sur l’automobile] sont en cours de développement. Elles ne seront pas forcément très différentes mais sans être identiques. Notre rôle de courtier est de trouver les meilleurs partenaires. Nous lancerons d’autres offres avec d’autres assureurs. » Ainsi, Thélem Assurance fait partie du premier cercle partenaire d’Otherwise.
Pour illustrer cet ancrage dans l’open innovation, le fonds MAIF Avenir, rattaché au groupe d’assurance éponyme, dispose d’une quarantaine de participations dans des start-up orientées vers l’économie de partage des biens et des services (Ledger, SamBoat, Yescapa, Koolicar, Mutum…).