« Il va falloir du temps avant que le marché de la musique numérique décolle. » Ces propos d’Aram Innreich, analyste du cabinet Jupiter Media Metrix cité par l’AFP, ont de quoi refroidir sur l’avenir de la musique en ligne. Pourtant, la rentrée promet d’être chaude dans ce domaine. Tant MusicNet (qui regroupe RealNetworks, BMG Entertainement, Warner Music Group et EMI) que Pressplay (Sony, Vivendi Universal et dernièrement Microsoft), les deux principaux projets de distribution payante de musique par Internet, se disent prêts à être lancés à cette période.
Comme pour préparer le terrain, AOL (propriétaire de Warner) vient d’annoncer deux nouvelles initiatives dans le domaine de la musique en ligne. AOL Artist Discovery Network, tout d’abord, permettra aux abonnés de trouver des informations et autres photos sur leurs artistes préférés, tout en les écoutant. Plus incontournable encore, le service Radio@AOL, qui démarrera cet automne, sera intimement lié à l’interface du prochain AOL 7.0, actuellement en phase de bêta-test. Les abonnés désirant écouter la musique de leur choix, selon le genre ou l’artiste voulu, n’auront qu’à cliquer dans la barre d’outils du navigateur maison.
Un pari risqué
Reste que le pari est risqué, à en croire l’étude publiée par Jupiter Media Metrix. Les services proposés seraient en effet insuffisants pour attirer les consommateurs. Il manquera notamment la possibilité de faire des copies des chansons et celle d’écouter la musique téléchargée sur n’importe quel appareil numérique, des fonctions respectivement demandées par 48 et 36 % des internautes interrogés. Or, pour l’heure, les systèmes d’abonnement ne prévoient que l’écoute en streaming. Il y aura également le problème du prix, bien résumé par Gerry Kearby, patron de Liquid Audio qui a déjà lancé son système d’abonnement : « Le vrai problème, c’est le prix. Pouvons-nous proposer un système qui vous offre la même satisfaction que Napster à un prix qui ne soit une barrière pour personne ? C’est difficile. » Vrai que les internautes ont une certaine habitude de la gratuité, et les récents problèmes de Napster n’ont pas vraiment modifié la tendance. Alors que ce dernier prévoit le lancement imminent d’un système payant (voir édition du 17 juillet 2001), ses serveurs sont muets depuis plusieurs semaines (voir édition du 19 juillet 2001). Et les alternatives gratuites à Napster sont légion : Aimster, LimeWire, Kazaa, Gnutella, BearShare, etc., la liste est loin d’être exhaustive…
Autant dire que le marché de la musique en ligne risque de se développer à petite vitesse. La même étude Jupiter Media Metrix tente de prédire la situation du marché américain de la musique en ligne en 2006. S’il représente un milliard de dollars aujourd’hui, il devrait atteindre 6,2 milliards dans cinq ans. A comparer aux 14 milliards du marché global de la musique aujourd’hui. Toutes formes confondues (CD livrés ou morceaux téléchargés), la musique en ligne devrait représenter 32 % du marché musical global (contre 7 % aujourd’hui). Quant à la part du numérique, elle devrait atteindre 30 % en 2006 contre 3 % en 2001. Il semble que les magasins de disques aient encore de beaux jours devant eux.
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