La protection contre la copie ? Inutile !
Devant un parterre de professionnels de la diffusion radio et télé, Marc Andreessen, cofondateur de Netscape, a expliqué pourquoi, selon lui, toutes les tentatives de protection contre la copie de fichiers numériques étaient vouées à l’échec.
« Si un ordinateur peut le voir et l’afficher… alors il peut le copier ». S’adressant aux représentants de la National Association of Broadcasters (une association américaine des professionnels de la diffusion radio télé), Marc Andreessen n’a pas mâché ses mots. A contre-courant du discours habituellement tenu, le cofondateur de Netscape a exhorté les professionnels de la musique et du cinéma à profiter de l’extraordinaire engouement du public pour les loisirs numériques plutôt que de le museler avec de vaines tentatives de protection antipiratage. Basant sa réflexion sur la très forte popularité de Napster et de ses successeurs, il estime que devant une telle opportunité commerciale, ces professionnels devraient plutôt drastiquement baisser le prix de la musique numérique pour créer un marché de masse. Tout en lançant une grande campagne publicitaire destinée à rappeler aux consommateurs que l’échange de fichiers est quasiment synonyme de vol. Pour étayer sa théorie, Marc Andreessen, aujourd’hui président de LoudCloud, société spécialisée dans l’externalisation d’applications (voir édition du 1er mars 2002), a rappelé que Microsoft et d’autres éditeurs de logiciels de la première heure, comme Lotus, ont tenté de mettre en place de multiples moyens de protection anticopie sophistiqués. Mais, au fur et à mesure que leur volume de ventes s’accroissait et que les prix chutaient, l’industrie a connu une extraordinaire croissance, transformant le piratage en effet secondaire. « Ma prédiction, c’est qu’il en sera de même pour l’industrie des loisirs », a-t-il expliqué. Ajoutant que « le média numérique était la meilleure chance de développement que l’industrie des loisirs ait jamais eue ».
Le discours de Marc Andreessen prend d’autant plus d’ampleur que les professionnels en question multiplient les développements de techniques de protection anticopie. Microsoft par exemple – qui, soit dit en passant, est loin d’avoir abandonné la lutte contre le piratage de Windows (voir édition du 8 novembre 2001) – vient d’annoncer la disponibilité prochaine d’une nouvelle version du module de gestion des droits numériques basés sur son format Windows Media. Pour l’instant connu sous le nom de code Mercury, celui-ci a pour but de résoudre les problèmes de piratage sur les appareils portables (type baladeurs MP3) que rencontrent les éditeurs de musique. Il manque par exemple à ses appareils une horloge interne qui permette de donner une date d’expiration à un album ou de restreindre le nombre d’écoutes. Ce qui a notamment poussé des services de distribution de musique en ligne tel PressPlay à empêcher le transfert des morceaux achetés ou loués vers des baladeurs numériques (voir édition du 19 décembre 2001). Rageant.
Le DRM tous azimuts d’IBM
IBM participe également depuis longtemps aux recherches dans ce domaine. Travaillant depuis ans sur son logiciel EMM (Electronic media management), Big Blue a récemment annoncé, ainsi que nous l’indiquent nos confrères de VNUnet.com, la sortie d’une nouvelle version destinée à assurer la protection et la sécurisation des droits des contenus numériques, tant pour leur distribution que pour les applications de commerce électronique. La solution d’IBM permet notamment le cryptage d’un fichier lié à une clé de décryptage unique, ainsi que la création de règles très strictes sur les possibilités de copie. Voulant dépasser le domaine controversé de la musique en ligne, IBM indique que son système pourrait également être très utile aux médecins, par exemple, pour qu’ils puissent s’échanger des dossiers de patients sans en compromettre l’intégrité.