La radio sur Internet américaine Pandora dispose d’une bibliothèque de 800 000 chansons, pour près de 80 000 interprètes, s’écoute en streaming ou via une application développée pour les téléphones mobiles. L’utilisateur est libre d’afficher ses préférences dans un moteur qui l’aidera à constituer sa propre liste de lecture.
Créée en 2008, l’application mobile a été téléchargée 50 millions de fois. Elle contribue à renforcer la position dominante de Pandora sur le marché des webradios (50% du trafic total).
Pandora doit également faire face à la concurrence de Last FM et iTunes. Son bilan sur l’exercice 2010 est peu flatteur : 137,7 millions de dollars de chiffre d’affaires, dont la moitié reversée aux ayants droit, pour des pertes totales estimées à 92 millions depuis la mise en fonction du service, en 2000.
Contrairement à Deezer ou encore Spotify, qui tirent une grande partie de leurs bénéfices des abonnements payants, les seules sources de revenu pour Pandora sont les annonceurs. Ces derniers représentaient, en 2010, 86% du chiffre d’affaires.
Pis, certains partenariats n’entraînent aucune compensation financière. Pandora diffuse actuellement des publicités pour Hyundai, Ford ou encore Toyota, avec comme seule contrepartie une augmentation statistique du trafic.
Malgré une cotation à 2,6 milliards de dollars, les doutes subsistent quant à la rentabilité d’un projet qui n’a encore jamais rapporté d’argent. Joe Kennedy, P-DG de la société, préfère d’ailleurs ne fixer « aucune échéance pour les seuils financiers ».
C’est dire si Pandora a surpris ce 15 juin, son action clôturant à 17,42 dollars, contre 7 à 9 dollars vingt-quatre heures plus tôt.
Un « phénomène de mode », selon Gregori Volokhine, analyse à Meeschaert New York, qui a réveillé l’appétit des investisseurs. Les quelques 7% du capital mis en vente à l’occasion ont rapporté à la société la bagatelle de 235 millions de dollars.
Mais déjà, les cours de l’action, codée « P » depuis son entrée sur le NYSE, semblent s’essouffler. Intronisé en bourse il y a un mois, LinkeIn avait suivi une dynamique similaire, peut-être prémonitoire.
Le réseau social professionnel avait clôturé en fanfare son introduction sur les marchés boursiers américains, avec une action à 94 dollars. Aujourd’hui, celle-ci est redescendue à 74 dollars.
Fragilisée par les nombreux contrats qui la lient aux artistes, aux éditeurs et aux maisons de disques, Pandora consacre chaque année plus de la moitié de ses bénéfices aux compensations financières accordées aux ayants droit.
Au premier trimestre 2011, les pertes sont d’ailleurs reparties à la hausse. Selon Nick Einhron, de Renaissance Capital, les perspectives de croissance sont d’autant plus minimes que Pandora « ne représente qu’environ 3% de l’écoute radio aux Etats-Unis, car la radio terrestre reste dominante ».
Ses principaux contrats arrivant à terme en 2015, Pandora n’a pas encore assuré la pérennité de son entreprise. C’est l’inconnue quant à l’éventuelle amélioration des marges d’exploitation auxquelles le P-DG Joe Kennedy veut croire.
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