La redevance sur les CD-R se fait attendre
Le débat fait rage alors qu’on ne connaît toujours pas le montant officiel de la redevance sur les CD et DVD vierges. On en a presque oublié que la redevance en question était déjà appliquée sur les CD-R audio…
Stéphane Kerrien, directeur du bureau français de Memorex, est contrarié : « Nous n’avons rien d’officiel, rien que des bruits de couloir », regrette-t-il. La branche française du leader des CD-R et CD-RW ne sait pas quand la redevance sera appliquée : « Nous nous attendions à une parution au Journal officiel d’aujourd’hui, mais il n’y a rien. Je sais qu’il y a une réunion dans l’après-midi, c’est tout. » Depuis l’annonce du vote de la redevance sur les CD, DVD et mini-disques enregistrables (voir édition du 22 décembre 2000), aucune précision officielle n’a été donnée. Le sujet est sensible et le débat s’envenime sur les forums, comme en témoignent ceux de VNUnet. En attendant, les ventes de CD vierges explosent : « En gros, depuis mardi dernier, nous avons vendu l’équivalent du mois de décembre et en décembre, c’était déjà énorme », constate Stéphane Kerrien.Les CD-R audio sont déjà soumis à une redevanceParmi les réactions du public, celle d’un adepte de la gravure permet de rappeler que le prix des CD-R audio, employés dans les graveurs dit « de salon », comportait déjà une partie reversée au titre de la redevance sur la copie privée. « C’est n’importe quoi, » s’énerve en effet Clément, 23 ans et possesseur d’un graveur de salon, « déjà, ils nous faisaient payer plus cher les CD-R audio que les CD-R informatiques, maintenant ils vont encore en augmenter le prix. Tout est bon pour faire payer les pigeons. » Clément est hors de lui : « Ce que je trouve complètement hallucinant, c’est qu’il est possible d’employer des CD-R informatiques avec mon graveur de salon. » Une manipulation très simple permet en effet de leurrer certains graveurs et de leur faire accepter les CD-R, jusqu’à 3 fois moins chers que les CD-R audio. « Pour moi, le CD-R audio est juste un moyen de faire payer plus cher, » lance Clément.Le raisonnement semble se tenir, mais Philips, qui a lancé les premiers graveurs de salon, a une explication. « Nous n’aurions jamais eu le droit de lancer ce type d’appareil sans trouver de système pour payer la redevance », explique une responsable. C’est pourquoi un format dédié à l’audio a été développé : « La différence entre les deux types de CD, c’est une piste sur le CD-R audio qui permet de vérifier que la redevance a bien été versée. » Comme on ne peut enregistrer que de l’audio, c’est le montant déterminé en 1986 pour les supports d’enregistrement analogiques qui a été appliqué dès la sortie des premiers graveurs de salon. A 1,50 francs de l’heure, cela revient à 1,85 francs pour un CD de 74 minutes et 2 francs pour un 80 minutes. Un montant qui n’explique pas la différence de prix entre les CD-R audio et les CD-R beaucoup moins chers. « Il y a trois facteurs », explique-t-on chez Philips : la redevance, les faibles volumes de CD-R audio vendus et le niveau de marge nettement inférieur dans le secteur de l’informatique. »Le détail de l’application de la redevance ne va pas tarder à être dévoilé. Aujourd’hui la commission Brun-Buisson se réunissait pour approuver la rédaction du texte officiel qui paraîtra au Journal officiel. En attendant, les fabricants de CD se frottent les mains : « Plus ça dure, plus nos ventes augmentent », sourit Stéphane Kerrien.