Licenciement de 27 personnes (environ un quart des effectifs) et fermeture du bureau parisien de la société implantée dans la Silicon Valley : Be, créée en 1990 par le Français Jean-Louis Gassée et Steve Sakoman – deux anciens d’Apple – va mal. Lancé en 1995, son système d’exploitation BeOS était d’abord destiné à la BeBox une machine biprocesseur s’appuyant sur deux PowerPC 603. Cette machine n’a pas connu le succès espéré et rapidement le système est devenu une alternative à MacOS sur les machines compatibles Mac. La mort du marché des compatibles et les difficultés d’Apple ont abouti au lancement d’une version pour processeurs Intel (voir édition du 20 novembre 1998).
Un positionnement difficile à trouver
BeOS s’est ensuite positionné comme un système spécialisé dans le multimédia et plus précisément dans la création audio et vidéo. Après avoir été distribué avec Partition Magic de PowerQuest, BeOS sera proposé gratuitement aux constructeurs de PC qui acceptent de l’installer comme système d’exploitation par défaut (voir édition du 26 février 1999). Mais l’OS ne parvient pas à s’imposer. En décembre 1999, une rumeur prétend que RedHat s’apprête à racheter Be (voir édition du 20 décembre 1999), mais il n’en est rien. Be va se concentrer sur les terminaux d’accès Internet, il a d’ailleurs signé avec Compaq (voir édition du 22 décembre 1999).
L’Internet appliance de l’américain fonctionnera sous BeIA, une version spécifique de BeOS destinée aux terminaux Internet. BeOS ne parvient pas à réellement décoller, victime d’un manque d’applications profitant de ses performances dans le domaine du multimédia. Aussi, fin mars 2000, Be lance une version allégée gratuite de l’OS pour tenter de le populariser. Depuis cette date, Be collabore aussi avec Sony, qui emploiera BeIA sur son terminal d’accès Internet eVilla. Le 22 mars dernier, Be annonçait la signature d’un accord OEM de licence et de distribution avec le japonais. Mais moins d’une semaine plus tard, Sony annonce repousser la sortie de son eVilla d’un mois. Le coup de grâce pour Be ? Une mauvaise nouvelle, c’est certain.
La crise des terminaux Internet
La conjoncture n’est pas bonne du côté des terminaux Internet. 3Com vient ainsi d’annoncer qu’il renonçait à la commercialisation d’Audrey, son terminal sans fil grand public (voir édition du 26 mars 2001). Gateway reconsidèrerait aussi ses prétentions en matière d’Internet appliances. La crise qui ralentit les ventes de PC touche le secteur. « Nos opérations doivent refléter le marché dans lequel nous évoluons », se justifie Jean-Louis Gassée dans le communiqué annonçant des licenciement dans les département commerce, marketing et administratifs de Be. « Alors que le marché des Internet appliances entame sa phase de croissance, nous considérons que nos efforts en termes de ventes et de marketing doivent se concentrer sur une large base stable de consommateurs avec la capacité et la nécessité d’apporter des produits au marché », ajoute-t-il. « Nous conservons notre capacité technique intacte et continuerons à fournir la valeur et l’excellence attendue par nos clients. »
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