La Société Générale mise sur l’e-learning
Précurseur depuis longtemps dans le domaine de la formation à distance, la Société Générale devrait déployer d’ici un an un intranet lui permettant de relier ses 65 000 salariés afin d’étendre l’e-learning à l’ensemble de ses agences. Plusieurs phases de tests ont été menées successivement. Pour Brigitte de Pons-Orr, responsable du service expertise compétence au sein de la Société Générale, l’enseignement assisté par ordinateur (EAO), opéré dans l’ensemble du secteur tertiaire dans les années 80/90, ne permettait pas d’accompagner le personnel dans sa formation, ni d’apporter un contenu pédagogique riche. L’e-learning devrait permettre, selon elle, un enseignement de qualité venant en complément d’une formation classique.
VNUnet : Quel type de formation est concerné par l’e-learning au sein de la Société Générale ?
Brigitte de Pons-Orr :Nous avons profité d’une demande de formation en bureautique pour lancer l’opération en juillet 1999 avec 30 personnes, puis 500 en novembre 1999. Depuis septembre 2000, 280 personnes supplémentaires sont en formation à distance via le procédé d’e-learning. La formation en bureautique au sein de la Société Générale peut très bien aller du niveau débutant à un niveau avancé.
VNUnet : Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
Brigitte de Pons-Orr :Nous avons testé plusieurs modalités de formations à distance. La solution de face-à-face entre l’élève et le professeur est intéressante, mais un peu chère. Nous avons aussi essayé la classe virtuelle. Dans ce cas, les apprenants, qui ne sont pas dans un même lieu, peuvent communiquer à la fois entre eux et avec le professeur. Intéressante en soi, cette solution n’est pas adaptée à une problématique de formation bureautique. L’autoformation surveillée nous est apparue être une bonne solution pour compléter le face-à-face. Les élèves ne se voient pas, mais le professeur surveille tous les écrans et peut intervenir à tout moment pour guider l’élève dans sa démarche. Toutefois, dans ce cas, cela a nécessité l’utilisation de l’extranet de notre fournisseur alors que le face-à-face n’utilisait qu’une ligne Numéris.
VNUnet : Peut-on imaginer que la formation à distance puisse prendre le pas sur la formation classique en centre de formation ?
Brigitte de Pons-Orr :Il est clair que la formation à distance va connaître un développement majeur dans les prochaines années. On peut même élaborer l’hypothèse qu’en 2005, la formation à distance rejoindra la formation classique. Mais elle ne remplacera jamais cette dernière.
D’abord parce qu’il y a des types de formation pour lesquelles la formation à distance ne peut s’appliquer. Par exemple, tout ce qui est du domaine de la vente nécessite un contact humain. De plus, comme nous sommes un grand groupe réparti dans plusieurs pays, les rencontres physiques sont importantes pour la cohésion du groupe. Je pense que la mixité des deux formations est indispensable.
VNUnet : Quels sont les avantages d’une formation à distance sur une formation dispensée dans un centre ad hoc ?
Brigitte de Pons-Orr :L’individualisation. On peut donner à un moment bien précis une formation adaptée aux besoins réels de la personne. C’est un peu le principe du « one to one » appliqué à la formation. Mais surtout cela ne rompt pas avec l’exercice du travail au quotidien. Le personnel peut travailler et s’aménager des plages horaires de deux heures à un moment donné pour se former. De plus, il peut tout de suite appliquer sur le terrain ce qu’il vient d’apprendre.
VNUnet : La formation à distance demande une réelle implication de la part de l’employé, est-ce qu’au final, l’enseignement dispensé se révèle efficace ?
Brigitte de Pons-Orr :Cela demande effectivement une implication de la part de l’employé. Aussi, nous avons tout fait pour que ce dernier se sente à l’aise face à cet enseignement. Nous voulons développer au sein de la Société Générale une forte culture technologique. Nous développons des CD-Rom pour habituer le personnel à ces nouvelles technologies. Dans certains domaines comme la bureautique, nous pouvons gagner, en moyenne, 40 à 50 % de temps sur une formation classique. Pour les personnes les plus expérimentées, le gain est encore plus important : on peut estimer qu’une heure de formation à distance équivaut à 4 heures de formation classique.
VNUnet : Avez-vous déjà un retour sur les coûts que nécessite une telle formation ?
Brigitte de Pons-Orr :Le fait de ne plus perdre 3 à 5 jours de formation pour une personne, mais de les étaler en modules de quelques heures ne l’empêchant pas d’effectuer son travail, est une économie non négligeable. Mais aussi, il n’y a plus les frais de déplacements à prendre en compte. En conclusion, on peut estimer que la formation à distance revient deux fois moins cher qu’une formation classique ; et ce malgré les équipements à mettre en place. Ces derniers sont d’ailleurs rentabilisés face au nombre d’utilisateurs.
VNUnet : Justement, quel est votre dispositif de téléformation ?
Brigitte de Pons-Orr :Notre système de téléformation est pour l’instant constitué de 12 bornes composées de PC et d’une solution de partage d’écran, ainsi que de webcams permettant la visioconférence. La communication est assurée par un réseau VPN que nous louons à notre prestataire et sur lequel nous nous greffons.
VNUnet : Etes-vous toujours en phase de tests, ou comptez-vous développer sur une plus grande échelle ce type de formation ?
Brigitte de Pons-Orr :Nous sommes actuellement en phase de déploiement pour relier tout le personnel de la Société Générale, soit 65 000 personnes au travers d’un Intranet. Ce dernier, outre le fait de pouvoir véhiculer l’information en tout point de la société et de faciliter le Knowledge Management, nous permettra d’étendre l’e-learning notamment dans le domaine des langues, mais surtout dans le domaine plus spécifique du secteur bancaire.