L’ADSL sans France Télécom ?
Durant l’été, le fournisseur d’accès LibertySurf proposera un accès rapide par ADSL à une cinquantaine d’internautes testeurs. Intérêt de la manoeuvre : ces internautes n’entendront plus du tout parler de France Télécom.
Dans une zone géographique très réduite pour l’instant, puisqu’elle ne concerne que « le sud du 19ème arrondissement et l’est du 10ème arrondissement parisiens », LibertySurf va procéder aux premiers tests de connexion à l’ADSL de bout en bout, sans passer par l’offre Netissimo de France Télécom. C’est une première, puisque pour le moment, quelque soit son fournisseur d’accès à Internet à haut-débit, l’internaute est obligé de souscrire à l’abonnement Netissimo. Et, depuis l’ouverture de ce service, les opérateurs concurrents vocifèrent, s’indignant notamment de la distorsion de concurrence que cela entraîne. L’ouverture de la ligne ADSL implique en effet le déplacement à domicile d’un technicien de France Télécom, qui peut, à l’occasion, proposer l’abonnement ADSL maison, c’est-à-dire celui de Wanadoo. D’autres opérateurs se plaignaient également de la piètre qualité de service fournie par France Télécom. C’est officiellement la raison pour laquelle Free a stoppé son offre d’ADSL gratuit (voir édition du 6 mars 2000).
Cette annonce fait suite à la décision de l’ART (Autorité de Régulation des Télécommunications) de procéder à des tests de dégroupage de la boucle locale (voir édition du 2 juin 2000). Liberty Surf s’engouffre dans la brèche en tant qu’opérateur télécoms via sa filiale AXS Télécom. Beaucoup d’autres opérateurs se sont portés candidat pour tester la fourniture d’accès Internet à haut-débit sans intermédiaire entre eux et l’internaute.
En réalité, LibertySurf ne pourra se passer entièrement des services de France Télécom. L’expérimentation se base sur le service « ADSL Connect version ATM » (en bon français dans le texte !) qui permet à un opérateur concurrent de récupérer le trafic ADSL au plus proche de l’abonné, et surtout, sous une forme qui lui permet de gérer la qualité de service. Du côté de l’abonné, un technicien devra toujours venir installer un filtre ADSL sur sa ligne classique. La vraie nouveauté, c’est qu’à terme, l’abonné pourra, en ce qui concerne son accès ADSL, ne plus du tout avoir affaire à France Télécom. « C’est tout l’intérêt de la manoeuvre », explique Eric Denoyer, Directeur général d’AXS Télécom, « nous maîtriserons la gestion de la relation client de bout en bout ». Voilà qui réjouira les nombreux récalcitrants à l’ancien opérateur national.
L’ouverture commerciale de ce service n’interviendra pas avant le mois d’octobre. Pour le moment, LibertySurf prévoit de tester le modèle avec une cinquantaine de clients durant l’été, à partir de fin juillet. « A titre gratuit, car les négociations avec France Télécom sont encore en cours », explique encore Eric Denoyer. « Ce test nous permettra de déterminer le tarif en même temps que de valider la plate-forme technique ». Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un autre (petit) coin enfoncé dans le dernier bastion monopolistique de France Télécom.