Fin juillet dernier, le Gouvernement transposait la directive européenne sur le recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) (voir édition du 22 juillet 2005). Depuis lors, les constructeurs sont tenus de recycler les appareils vendus après le 14 août dernier, et les distributeurs de les récupérer. Une contrainte anticipée par Dell France.
Le constructeur de matériel informatique, qui distribue lui-même ses produits sur Internet, a créé le 21 juin dernier le poste de responsable environnement. Laetitia Flahaut, qui occupe aujourd’hui ce poste, explique comment la société gère sa nouvelle mission.
Quels dispositifs allez-vous mettre en place pour assurer à la fois la collecte et le traitement du matériel en fin de vie ?
Laetitia Flahaut. Notre position est d’autant plus originale que nous avons une double responsabilité. La première vis-à-vis de notre activité B-to-B, qui représente 80 % de notre chiffre d’affaires, et la seconde vis-à-vis de notre activité grand public. Aux entreprises, nous offrons un service de reprise et de recyclage que nous appelons ARS pour asset recovery services, lancé en 2002 aux Etats-Unis et l’an passé en France. L’ARS comprend l’enlèvement des produits usagés, prestation que nous assurons nous-mêmes. Nous expédions ensuite le matériel récupéré à notre prestataire qui s’occupe du démantèlement, de la séparation des composants et de leur acheminement vers différentes filières de valorisation et de leur revente.
Pourquoi avoir lancé ce service bien avant l’entrée en vigueur de la législation ?
Pour permettre aux entreprises de se débarrasser des appareils achetés avant le 14 août, dont elles ont la responsabilité. Dans ce cas, notre service de reprise et de recyclage est payant mais le client récupère la valeur marchande du matériel revendu sur le marché de l’occasion.
Qu’en est-il des produits vendus aux particuliers ?
Nous travaillons en collaboration avec nos confrères sur un projet commun porté par le syndicat professionnel AllianceTics. Nous souhaitons notamment lancer en France l’éco-organisme Ecologic pour la récupération et le recyclage des déchets électroniques. Celui-ci pourrait mettre en place des lieux de dépôt et un système d’enlèvement à domicile. Pour le recyclage, il fera appel aux filières de traitement de son choix.
La loi prévoit également que les constructeurs accordent des aides financières aux collectivités locales, lesquelles sont mises également à contribution. De quel ordre sera votre participation ?
Il ne s’agit pas vraiment d’aides financières. Les collectivités locales demandent des compensations pécuniaires pour supporter les surcoûts engendrés par l’installation, dans les déchetteries, de bacs réservés aux déchets électroniques. Bien que fournir un service de déchetterie aux habitants est l’une de leurs missions. Des négociations vont prochainement s’engager entre collectivités locales et constructeurs. Celles-ci s’annoncent houleuses.
Au final, quelles sont pour vous les conséquences financières du recyclage des DEEE ?
Nous n’en avons pas une idée très précise. Pour un écran à tube cathodique, nous estimons entre 15 et 20 euros les coûts liés à la collecte et au recyclage. Ce surcoût devrait se traduire par une hausse du prix de l’écran comprise entre 3 et 5 euros.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés, en termes de quantité de produits recyclés ?
Dell mène une politique volontariste forte en matière de respect de l’environnement. Il a ainsi collecté près de 30 000 tonnes de matériel à travers le monde au cours de son année fiscale 2004/2005. Pour l’année fiscale en cours, il souhaite accroître ce résultat de 50 %.
Dans un produit électronique, quel est le taux moyen de composants réutilisables ?
Question difficile… Certaines substances comme le plastique bromé, que l’on trouve dans les appareils en fin de vie, doivent être aujourd’hui incinérées. Mais la plupart des matériaux, tels les ferreux, sont valorisés et réutilisés chacun par une filière particulière. D’autre part, les produits vendus aujourd’hui par Dell sont recyclables à 100 %.
Réutilisez-vous des composants recyclés dans la construction de vos produits ?
Je ne saurais répondre à cette question. Il faudrait interroger directement nos fournisseurs.
L’intégration du recyclage des déchets électroniques dans votre chaîne de production vous pousse-t-elle à produire du matériel contenant moins de substances polluantes ?
Oui, ce qui se passe en amont est très important. Nous soignons particulièrement le choix des matériaux composant notre matériel. Ainsi, nous proposons déjà deux gammes de produits 100 % conformes à la RoHS [Reduction of Hasardous Substances, Ndlr]. Ces produits sont entièrement démantelables et ne contiennent pas de substances dangereuses comme le plomb, le mercure et le brome.
Quelles autres actions menez-vous pour lutter contre la pollution ?
Nous offrons notamment la reprise des écrans à tube cathodique pour tout achat d’un écran LCD. Et dans nos usines, nous nous attachons à réduire l’émission de CO2 et la production de déchets, notamment d’emballages.
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