Que se passerait-il si le « .fr » venait à « tomber » ? Un problème technique au niveau du serveur central qui gère les 240 domaines nationaux (ou ccTLD pour « country code top level domains) et toutes les adresses en « .fr » pourraient tout à fait aller pointer aux abonnés absents. Or, face à un tel scénario, l’Afnic pourrait bien se trouver désemparée. L’Association française pour le nommage en coopération dépend en effet de l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers) qui délègue ensuite la gestion proprement dite des serveurs racines à différentes sociétés. Mais en l’absence de garanties formelles, le gestionnaire du « .fr » ne pourrait se retourner légitimement contre quiconque. « C’est vraiment inquiétant », estime Annie Renard, directrice technique de l’Afnic et représentante de l’association à l’international, notamment au sein du Centr (Council of european national top-level domain registries). Les gestionnaires des registres nationaux européens sont réunis au sein de cette association depuis 1999, à leur côtés on trouve aussi des pays comme Israël ou la Russie. « Trente-cinq pays au total, c’est une véritable force d’opposition », explique Annie Renard qui avoue : « Notre alliance au niveau européen est notre seul moyen de pression (…) L’union fait la force. »
Les membres du Centr protestent. « Nous participons pour un tiers au financement de l’Icann, or nous ne possédons toujours pas de contrat de service », dénonce Annie Renard, « nous souhaiterions formaliser nos relations avec l’Icann, mais les contrats que l’on nous propose sont inacceptables car liés au gouvernement américain. » La directrice technique de l’Afnic souligne au passage que même si « le transfert est normalement en cours », le serveur racine A qui contient la table des 240 ccTLD reste toujours géré par Verisign, au même titre que les « .com », « .net » et « .org » ! Alors que certains gestionnaires de ccTLD menaceraient de ne pas verser leur financement à l’Icann, l’Afnic semble avoir adopté une position moins radicale. « Nous voulons bien payer, car que pourrait-on mettre à la place de l’Icann ? », s’interroge Annie Renard tout en réclamant « des accords plus formels ». Et la représentante de l’Afnic au Centr d’ajouter : « Même la base est pleine d’erreurs, il y a 60 à 70 adresses erronées. L’Icann ne possède pas de techniciens chez eux, comment faire en cas d’urgence ? »
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