Du 5 au 8 novembre 2008, le monde de la Recherche en France se donne rendez-vous à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette à Paris, sous l’égide de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Le colloque STIC 2007 permet de faire le point sur les nombreux projets de recherche dédiés aux sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC) financés par cette organisme mais aussi de découvrir les nouvelles orientations 2008-2010.
Lundi matin, la manifestation a commencé avec un contre-temps : Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, était attendue à la session pleinière. Mais elle s’est désistée pour cause de maladie à la suite d’un voyage en Inde. Du coup, c’est son directeur de cabinet Philippe Gillet qui est venu délivrer un message à la communauté des chercheurs de la part du gouvernement.
« Nous sommes en effet aujourd’hui en plein paradoxe. Alors que la France se compare avantageusement aux autres pays de l’OCDE, tant en termes de moyens budgétaires consacrés à la recherche publique qu’en termes de volume des aides publiques à la recherche et au développement privés, la R&D privée stagne dans notre pays depuis 1995 et notre pays subit un décrochage par rapport à l’Allemagne, au Japon, aux pays d’Europe du Nord ou aux Etats-Unis », commente le représentant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « Des cloisons ont trop longtemps existé (…) il faut développer la recherche partenariale entre le secteur public, les groupes privés et les universités. »
C’était une promesse du candidat Nicolas Sarkozy à la présidence de l’Elysée : des moyens supplémentaires financiers seront apportés pour la Recherche en France. L’élaboration du projet de loi de finances 2008 montre un certain engagement dans ce sens : le budget global de l’enseignement supérieur et de la recherche progresse de 7,8 % ( 1,8 milliard d’euros) tandis que la recherche bénéficie d’une dotation de 879 millions d’euros supplémentaires. L’Agence nationale de la recherche (ANR) voit ses crédits augmenter de 16 % à 955 millions d’euros tandis qu’Oséo récupère 220 millions ( 37%).
« Le budget des organismes a progressé parallèlement à la montée en puissance de l’ANR », précise Philippe Gillet. Déjà dans une communication en date du 27 septembre, le gouvernement précisait que les dotations budgétaires des établissements publics scientifiques progressaient « en moyenne » de 3,9 %. Mais il y a de sérieux déséquilibres. Ainsi, l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique (Inria), très impliqué dans les STIC, verra son bugdet augmenter de 10% en 2008. « Les aides financières accordées aux équipes rattachées à des à établissements publics seront abondées de 11%, au bénéfice de l’établissement hébergeant le laboratoire. »
La recherche de « l’excellence »
Globalement, c’est un discours très fédérateur que Philippe Gillet a tenu lors de cette session pleinière du colloque : « Toute équipe de recherche est éligible à un financement de l’ANR (…) Il n’existe qu’un seul critère : l’excellence. » En fait, d’autres dimensions sont prises en considération comme la procédure de sélection conforme aux normes internationales, la recherche partenariale, le « suivi des projets » et le « partage des résultats avec la communauté scientifique ».
Dans un souci de revaloriser l’image du jeune chercheur, le directeur de cabinet de Valérie Pécresse rappelle que le gouvernement a lancé en juillet le chantier « jeunes chercheurs » destiné à faciliter les conditions d’accueil des doctorants (hausse des allocations de recherche, accès aux bibliothèques facilités, encadrement…).
Philippe Gillet a également souligné la qualité de projets financés par l’ANR comme la plate-forme P@rtage qui se propose « de traiter le travail collaboratif sous l’angle de l’homme en interaction collaborative avec un environnement 3D » . Elle est développée avec des partenaires académiques (Insa Rennes, Inria…), industriels (Renault, Thalès, France Telecom R&D…) et un club de partenaires (SNCF, EDF…). Autre projet mis en avant : Solipsis, un « monde virtuel auto-produit » présenté comme un service P2P décentralisé. Il est soutenu par l’Université de Rennes 2, France Telecom et des PME (Archividéo et Artefacto).
Visiblement, l’Etat compte s’appuyer sur l’ANR pour renforcer la recherche sur projet dans cinq domaines : les sciences du vicant, l’environnement, l’énergie, les nanotechnologies et les Stic. Il prévoit de signer avec cet organisme un contat d’objectifs et de moyens « d’ici début 2008 », assure Philippe Gillet. « Pour l’année 2008, ce sont encore plus de 120 millions d’euros, en tenant compte des programmes non thématiques, qui seront consacrés par l’ANR aux STIC ».
Depuis la création de l’ANR en 2005, 320 millions d’euros ont été consacrés à 579 projets de recherche dans cette catégorie. Sur le budget 2007 d’appels à projets (615 millions d’euros) dont dispose l’ANR, une dotation de 96 millions a été orientée vers 131 projets STIC.
Le plan d’action 2008
Jacqueline Lecourtier, Directrice générale de l’ANR, a conclu cette session pleinière en apportant des précisions sur les nouvelles orientations STIC pour la période 2008-2010. Sachant que le conseil d’administration de l’organisme de financement de recherche a validé le document d’orientation du comité sectoriel ad hoc (ainsi que le détail de la programmation générale 2008 de l’ANR) le 23 octobre dernier.
Pour sa quatrième année de programmation, l’ANR souhaite « rebattre les cartes et proposer de nouveaux angles » en faisant évoluer ses appels à projets de cette catégorie. Entre 2008 et 2010, six nouveaux programmes, dont cinq à fort contenu STIC, feront leur apparition : « Systèmes embarqués et grandes infrastructures », « Réseaux du futur et nouveaux services », « Contenus et interaction », « Conception et simulation », « Domaines émergents » et « Modélisation mathématique des systèmes complexes ».
Le « plan d’action 2008 » repose sur un budget global de 955 millions d’euros (dont 683 millions pour les appels à projets). Jacqueline Lecourtier a affirmé sa volonté de faire certifier sous ISO 9001 le processus de sélection des dossiers et d’augmenter le préciput* de 11%.
La représentante de l’ANR a également affirmé sa volonté de déployer des actions à l’international avec des organismes homologues dans d’autres pays (pourquoi pas avec la National Science Foundation aux Etats-Unis ?) et de renforcer « les liens entre sciences dures et les sciences humaines et sociales ».
*Le « préciput » est un complément de financement versé par l‘ANR aux établissements pour compenser les dépenses induites par les projets de recherche financés par l’Agence au sein des laboratoires qui les hébergent.
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