Dans une récente interview au journal 20minutes, le Ministre du Redressement Productif a déclaré qu’il fallait contraindre les géants – américains pour la plupart – de l’internet à installer des infrastructures sur le territoire français – pour que les données collectées auprès des Français restent en France.
Monsieur Arnaud Montebourg fait état du souhait de « démondialiser les données ». Je préfère croire que ce propos n’est qu’une erreur malheureuse de formulation née d’une méconnaissance d’un sujet pourtant hautement stratégique pour notre pays…
Il me parait utile de rappeler qu’une majeure partie de nos télécommunications et de nos données sont réparties dans de nombreux data center privés (à usage interne d’une banque, d’un hébergeur de services en ligne…) ou de colocation (data center partagé entre différentes sociétés).
La plupart des gros acteurs du marché de l’hébergement d’infrastructure (Interxion, Telecity, Equinix, Telehouse…) sont présents en France et ont construit des bâtiments, un grand nombre d’entre eux se trouvant dans le Nord-est de Paris.
Signal encourageant, depuis quelques années, des acteurs privés de plus petite taille se sont lancés dans la construction de data centers en région.
J’invite Monsieur Arnaud Montebourg à observer la stratégie de ces sociétés que sont Alphalink, NeoTelecoms, Celeste, Jaguar Network, OVH, Ikoula… et bien d’autres qui ont choisi de répondre aux besoins locaux tout en maitrisant leur infrastructure afin de gagner en autonomie, en productivité et en confiance.
Peut-être Arnaud Montebourg ne le sait-il pas, mais des serveurs de Google sont déjà présents sur le territoire français dans plusieurs data center dits de « colocation », c’est-à-dire dont l’espace est loué par différentes sociétés à des prestataires opérant ces bâtiments techniques et payants bien entendu des impôts dans notre pays.
Il y a quelques années, Google a choisi Mons en Belgique pour construire un centre de données plutôt que notre territoire. De même, Facebook a retenu un site suédois pour construire son centre de données européen.
Dans les deux cas, ces géants collectent, stockent et traitent des données depuis le territoire européen et l’on ne peut que s’en réjouir.
La vraie question, Monsieur Montebourg, est de savoir pourquoi ces sociétés ne privilégient pas la France qui bénéficie pourtant d’un climat favorable, d’un approvisionnement en énergie fiable et bon marché, d’infrastructures télécoms ultra-performantes (incluant de nombreux câbles sous-marins qui atterrissent le long de nos cotes) et de sociétés aptes à construire ces « centrales de traitement de l’information » sur lesquelles reposent désormais toute notre économie et notre vie numérique.
Au regard de cette interview et de ces propos, je m’étonne d’ailleurs que Monsieur Montebourg ait passé sous silence le choix d’un Conseil Régional de délocaliser ses données dans le « cloud » d’un grand acteur américain au grand dam de plusieurs acteurs régionaux indépendants et financés sur fonds propres .
L’impérative résilience des infrastructures de l’Internet
Même si des défaillances locales (volontaires ou non) sont toujours à craindre, Internet est depuis sa création un réseau mondial, impossible à attaquer ou détruire dans sa globalité. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force même.
C’est pour cela que la réplication des données dans diverses régions ou pays est avant tout un besoin technique nécessaire. Elle permet aussi de rendre plus fiables ces infrastructures de stockage et de traitement de données.
Elle est nécessaire au développement des services Internet dans le monde en entier, car la qualité de service est un critère majeur de performance sur Internet.
Et puis n’oublions pas que des pays, comme la Syrie ou l’Iran se sont rendus tristement célèbres pour le contrôle des données et des flux d’informations. Il m’apparait particulièrement déraisonnable que l’Etat français cherche à initier une telle approche, au risque de créer la défiance des utilisateurs ou des investisseurs étrangers envers l’hébergement des données sur le sol français.
Les répercussions économiques n’en seraient que désastreuses pour nos hébergeurs et éditeurs de services en ligne et pour l’investissement numérique en général, pourtant facteur de croissance et d’emplois.
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