L’opérateur national de boucle locale radio (BLR) LDCom vient de racheter la totalité du capital d’une de ses filiales, BLR Services. Jusqu’à présent, il n’en détenait que 50,1 %. Le choix ne s’inscrit pas dans une logique stratégique de déploiement de la BLR, bien au contraire. Le groupe Louis Dreyfus Communications (LDCom) a été obligé de racheter, pour un montant non précisé, 40 % du capital de BLR Services détenus par l’opérateur américain Teligent, en faillite depuis le printemps, ainsi que les 9,9 % restants contrôlés par Artémis, la holding de François Pinault.
Reste qu’en prenant le contrôle de BLR Services, LDCom se retrouvait avec un surcroît de licences BLR régionales. LDCom est en effet – tout comme son concurrent FirstMark – détenteur d’une des deux seules licences nationales de BLR via l’opérateur Squadran (ex-Fortel). Squadran est aujourd’hui contrôlé par LDCom à hauteur de 50 % et par Marine Wendel (la holding familiale du patron du Medef, Ernest-Antoine Seillière) qui possède 49,9 % du capital. Le reste, 0,1 % du capital, est détenu par Towercast (groupe NRJ). LDCom a par conséquent rendu à l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) les onze fréquences BLR régionales que le régulateur avait attribuées à BLR Services.
Le parent pauvre de la boucle locale
Squadran a commencé son déploiement de boucle locale radio dans huit villes françaises dont Paris et Lyon. L’opérateur compte proposer des services Internet à haut débit pour le grand public, mais il ne commercialisera pas directement ses solutions contrairement au plan d’affaires initial de Fortel. Par ailleurs, Squadran proposera des services et la capacité de son réseau à des opérateurs qui ont besoin d’une couverture nationale.
La restitution des onze licences ne constitue pas pour LDCom un désengagement du marché de la BLR. Elle avait déjà été prévue par l’ART en cas de rapprochement entre Fortel et BLR Services. Toutefois, cela ne contribue pas à populariser ce type de connexion haut débit. Après les défections de Siris et de Completel qui jugeaient leur licence régionale non viable, ce fut le tour de Cegetel d’annoncer son retrait dans certaines régions où il détenait des licences. L’opérateur de télécommunications s’est en effet retiré du marché de la BLR aux Antilles et en Guyane. Seule la licence pour la Réunion a été maintenue. Les raisons invoquées alors avaient été l’absence de marché et un coût trop important (voir édition du 17 octobre 2001). Par ailleurs, la BLR semble être le parent pauvre de la boucle locale et peine à s’imposer. Le cabinet d’étude Cesmo juge que la BLR ne représente que 1,1 % des technologies utilisées sur le marché de la boucle locale haut débit en 2001 contre 71,1 % pour la fibre optique et 13,4 % pour le Turbo DSL (voir édition du 21 novembre 2001).
Fréquences saturées en zones urbaines
Mais le constat le plus frappant est la disparité entre les régions rurales et urbaines. Les principales offres de BLR, tout comme les offres DSL dégroupées, concernent en priorité les zones à forte densité de population. Ce qui amène de fait une saturation des fréquences. FirstMark, alors qu’il ne compte que 500 clients BLR, souffre déjà d’un manque de fréquences. « Pour Paris, Lyon, Marseille, nous approchons réellement de la saturation. Nous souhaitons donc demander à l’ART des fréquences supplémentaires », a expliqué Thierry Miléo, directeur général de FirstMark. Toutefois, l’opérateur ne souhaite pas acquérir de nouvelles licences. Mais la saturation des réseaux révèle une nouvelle fois que le marché de la BLR n’a peut-être pas besoin d’autant d’opérateurs.
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