Le CEA veut alimenter les téléphones mobiles à l’hydrogène
En partenariat avec ST Microelectronics, le CEA met au point des micropiles à combustibles pour rallonger l’autonomie des appareils nomades.
L’ensemble micropile-réservoir vient se clipper sur le téléphone pour l’alimenter en énergie. L’opération ne dure que quelques secondes et libère l’utilisateur du transport du chargeur et de sa dépendance au réseau électrique (sans parler des incompatibilités des formats des prises de branchement lors des voyages).
Une cartouche, recyclable une fois vidée, permettrait de recharger trois fois le téléphone. Mais surtout, « l’autonomie est 3 à 5 fois plus grande qu’avec une batterie Li-ion actuellement« , assure Didier Marsacq. « Cela correspond à une semaine d’autonomie d’un téléphone en usage intensif« , contre une ou deux journée aujourd’hui.
Premiers produits pour 2010
Pour construire sa pile à hydrogène, le CEA s’est attachée, depuis 2005, l’expertise de ST Microélectronics qui produit les puces selon le procédé de dépôt de couche mince (thin film process) de substrat (le silicium). Outre la pertinence efficiente de la solution, ce choix technologique permet de « contourner la concurrence des technologies de type batteries lithium-ion« , se réjouit Didier Marsacq.
Les compétences en matière de microélectronique de sociétés européennes comme ST permettent d’aborder un marché aujourd’hui essentiellement détenu par les sociétés asiatiques et offre une opportunité de développement économique en Europe. Selon le dirigeant du CEA-Liten, « 95 % des 900 millions de batteries produites dans le monde le sont en Asie« .
Un démonstrateur logique de 1 Watt/cm2 a été présenté en 2007. Les premiers produits commerciaux arriveront en 2010 (date de l’autorisation du transport d’hydrogène dans les vols commerciaux). D’abord sous la forme d’un chargeur autonome relié au téléphone par un câble (ou au sein d’une sacoche de transport spécialement aménagée).
En 2012, la micropile sera intégrée à l’appareil nomade. Si les téléphones mobiles sont les principales cibles du marché, le principe s’applique aussi aux appareils photos numériques, baladeurs et autre tablette Wi-Fi ou mini-portables. Voire aux ordinateurs portables. « On envisage aussi des mircropiles de 15 W.« , assure Igor Bimbaud, directeur de l’unité de production nouvelles énergies chez ST.
Quand au réservoir, il sera produit par la société Bic (plus connue pour ses briquets et rasoirs). D’ailleurs, l’idée est de proposer un format de cartouche équivalent à celui des briquets jetables actuels, selon l’équipe du CEA-Liten. D’où l’image de la queue aux débits de tabac qui fournira les recharges indispensables à nos futures appareils nomades. Les coûts de ses précieuses recharges sont, pour l’heure, inconnus. « Mais ils seront compétitifs [par rapport aux technologies Li-ion]« , assure Igor Bimbaud. Confirmation en 2010.
La micropile à hydrogène (insérée dans un boîtier sécurisé) vient alimenter le téléphone mobile. (Photo CEA)