Le chien Lycos Europe a perdu son flair
Le réseau européen de portails va être démantelé ou liquidé en fonction des actifs. La direction n’a trouvé aucun repreneur global.
La dégradation est encore plus flagrante à la ligne « résultat net » : une perte nette de 17,1 millions d’euros sur les neuf premiers mois de 2008 contre un profit de 44,1 millions d’euros sur la même période en 2007. En termes d’effectif, Lycos Europe compte 694 employés (57% en Allemagne, 31% en Arménie et 6% en France).
Des traces d’un partenariat Yahoo-Lycos Europe
Le contexte actuel a enfoncé le clou. Les vélléités de Microsoft à avaler Yahoo dans le courant du premier semestre 2008 ont détourné l’attention de la situation de Lycos qui s’était encore détériorée. Le monde est vraiment petit : en 2004, on retrouve des traces d’un partenariat Yahoo et Lycos Europe (mutualisation des plates-formes de chat et de messagerie instantanée).
Dans l’échiquier des réseaux de portails Internet grand public, Lycos Europe n’a pas réussi à arracher une place de leader malgré neuf déclinaisons locales (Allemagne, France, Autriche, Royaume-Uni, Arménie, Italie, Pays-Bas, Espagne et Suisse à en croire la liste sur la page d’accueil du site corporate) et un volume de 37 millions de visiteurs uniques (chiffre d’audience du réseau global en septembre).
Pourtant, Lycos Europe avait repris l’initiative en poussant des services communautaires comme Jubii (e-mail, stockage, médias…) voire d’en faire renaître (c’est le cas de Love@Lycos, successeur de Spray Date). Mais rien de percutant face à la vague montante du Web 2.0.
Dans son dernier rapport intérimaire janvier-septembre 2008, Lycos définit trois grands univers : portail et recherche (Lycos search et Lycos iQ), communication et communauté (Lycos mail), commerce en ligne (Decideo, BuyCentral) et hébergement et noms de domaines (Lycos Webhosting et Unietd Domains).
Un focus France montre que la situation n’était guère reluisante : le chiffre d’affaire de la filiale sur les neuf premiers mois s’élevait à 5,5 millions d’euros (contre 7,9 millions en 2007). Le résultat d’exploitation se traduisait en déficit : presque trois millions d’euros (1,2 millions d’euros en 2007).
L’expérience française de Lycos
Pourtant, dans l’histoire de Lycos Europe, la France a souvent joué un rôle moteur. Lycos.fr a été lancé en octobre 1997 sur la foi d’un partenariat entre le groupe allemand Bertelsmann (Christoph Mohn est d’ailleurs un membre de la famille fondatrice) et l’Américain Lycos.com (un portail qui est tombé en 2004 dans le giron d’un groupe Internet sud-coréen).
Son audience a progressivement atteint des sommets, notamment grâce à un labrador noir utilisé comme mascotte et d’un slogan « Lycos, va chercher ». Une manière de souligner son flair pour la recherche sur Internet, tout en développant sa notoriété marque.
En 2000, Lycos avait procédé à l’acquisition de services pionnier de l’Internet français comme MultiMania (pages personnelles) et CaraMail (une messagerie comprise dans le rachat du portail Spray).
Des Net-entrepreneurs comme Marie-Christine Levet (fondatrice de Lycos France), Michel Meyer (ex-MultiMania) ou Orianne Garcia (CaraMail) ont pris des responsabilités manageuriales dans ce groupe marqué par des errements en termes de stratégie globale et des restructurations fréquentes « à la hache » depuis 2001.Répartition du capital de Lycos
Nom de l’actionnaire | Pourcentage du capital détenu |
Capital flottant (bourse) | 35,6% |
LE Holding group | 32,1% |
Bertelsmann Internet holding | 20 % |
Christoph Mohn Internet holding | 12,1% |
Lycos europe NV | 0,2%% |
Source : Lycos europe