Le dégroupage concerne un tiers des abonnements haut débit en France
Lors des Rencontres de l’Idate, le président de l’ex-ART a fait le point sur le haut débit. L’essor de la fibre fait l’objet d’une attention particulière.
Haut débit, régulation, développement de la 3G?Autant de sujets qui ont été abordés à l’occasion des 27e Journées Internationales de l’Idate organisées à Montpellier entre le 22 et le 24 novembre 2005. Plusieurs tables rondes et interventions ont permis de faire le point sur les dernières évolutions dans le secteur des télécoms.
En qualité de président de l’Autorité de régulation des communications électronique et des postes (Arcep), Paul Champsaur a dressé un tableau synthétique du haut débit en France : d’ici fin 2005, la France comptera 9 millions d’abonnements haut débit. Un tiers d’entre eux concernera des lignes dégroupées. Sur les trois millions de lignes qui s’inscrivent dans ce segment, 500 000 seront exploitées en dégroupage total.
Selon l’édition de La Tribune en date du 24 novembre, Neuf Cegetel devrait recenser une base de 200 000 clients ayant abandonné l’abonnement téléphonique de France Télécom.
« Peu d’espace pour Skype »
Du côté des usages haut débit, l’Arcep observe « une explosion des services de voix sur large bande » qui modifie considérablement la donne sur le marché de la téléphonie fixe. « Ce marché, structuré par des opérateurs intégrés autour d’offres triple play (Internet, voix, TV) à des tarifs très attractifs laisse peu d’espace aux fournisseurs de voix sur IP purs comme Skype », estime le président de l’organe de régulation des télécoms en France.
La situation des entreprises est plus nuancée, confirme l’Arcep. Elle avait déjà dressé un bilan contrasté lors d’un point presse à la rentrée (voir édition du 30 septembre 2005). « Plus de 80% des entreprises ont d’ailleurs aujourd’hui une liaison moins performante, en termes de débit, que les résidentiels », estime Paul Champsaur.
France Télécom invité à louer de la fibre à ses concurrents
Inévitablement, la fibre optique est entrée dans les débats compte tenu des initiatives recensées en la matière du côté des collectivités locales, des câblo-opérateurs et de services émergents comme CitéFibre (voir édition du 9 novembre 2005).
L’Arcep a rappelé qu’il a été demandé à France Télécom de proposer des offres de location de fibre à ses concurrents, leur permettant de raccorder les répartiteurs qu’ils souhaitent équiper en haut débit. « Les caractéristiques de cette offre ne sont pas encore fixées mais devraient permettre une relance significative de l’extension géographique du dégroupage », précise le président de l’Arcep.
Le régulateur veut se montrer vigilant concernant les scénarios de développement de fibre, évoquant les risques d’une « re-monopolisation du marché du haut débit professionnel ». Une dérive qui ne serait pas « conforme aux objectifs fondamentaux de la régulation ».
Un déploiement graduel plutôt qu’un va-tout
En termes de déploiement de la fibre destinée au grand public, l’Arcep veut se montrer pragmatique. « Il ne me semble pas que l’investissement nécessaire pour déployer des réseaux de fibre desservant chaque logement, se montant à plusieurs dizaines de milliards d’euros, puisse être rentablisé à l’aide de la seule disposition incrémentale à payer des ménages pour la diffusion audiovisuelle ou la vidéo à la demande. »
Le président de l’autorité de régulation des télécoms prône plutôt pour « un déploiement graduel » de la fibre optique vers l’abonné ou une « desserte en tâches de léopard ».
Accueil mitigé chez France Télécom
Deux jours avant l’intervention de Paul Champsaur, c’était Jacques Champeaux, directeur exécutif de France Télécom, qui avait abordé le point du développement de la fibre en France. « Nous n’irons pas vers des investissements massifs dans les fibres optiques sans un retour sur investissement raisonnable », a déclaré le membre du comité exécutif de l’opérateur. Celui-ci se montre réservé à l’idée d’une régulation règlementaire sur ces tuyaux d’ultra haut débit.