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Le dernier défenseur de l’Internet non marchand?

« C’est un nom idiot mais qui fait beaucoup rire les gens du marketing », s’amuse Laurent Chemla, porte-parole de Gitoyen, un groupement d’intérêt économique (GIE) réunissant cinq associations fers de lance de la défense d’un Internet « non marchand ». Alors forcément, si le nom fait rire les commerciaux, Laurent Chemla ne peut que s’en réjouir. Quand tout sera en place, Gitoyen entend ouvrir une salle d’hébergement qui accueillera les serveurs d’autres associations ou simples sites qui défendent les mêmes idéaux. Ensuite, il proposera des accès haut débit à prix coûtant. « L’idée est très simple », explique Laurent Chemla, « mettons en commun des ressources pour mieux exploiter nos activités. Ce n’est pas très grave de faire ça par le biais d’une structure commerciale, le GIE permet plus de souplesse que d’autres. Et si on fait des bénéfices, on les réinvestira en bande passante ! » Car le premier objectif de Gitoyen est de permettre à ses membres de tous bénéficier d’un meilleurs accès au Réseau mondial.

Le club des 5 au service de l’Internet non marchandFrench data network, Placenet, Gandi, Netaktiv et Globenet : les membres de Gitoyen sont au nombre de 5, « tous défendent l’existence d’un Internet non marchand, ou citoyen », s’empresse de souligner Laurent Chemla qui regrette « la tendance lourde qui consiste à transformer Internet en supermarché ». Alors pour « combattre les lobbies et le marché », une seule solution : « Accepter que pour exister, il faut exister dans l’Internet marchand. C’est désolant, personne n’aime cela, mais il n’y a pas d’autre façon de faire, » Le porte-parole de Gitoyen sait de quoi il parle, il est l’un des associés fondateurs de Gandi, une société qui commercialise des noms de domaine à bas prix et qui rencontre un franc succès (voir édition du 5 février 2001). Au point de dégager des bénéfices confortables. Horreur ! Heureusement, Gandi va pouvoir investir dans Gitoyen, des apports qui vont permettre au GIE de se lancer. L’homme s’est impliqué dans de nombreuses associations (voir édition du 5 février 2001). C’est lors de la dernière Zeligconf, la « rencontre européenne des contre-cultures numériques » qui s’est tenue à Paris fin décembre, que l’idée de Gitoyen s’est précisée.

Aujourd’hui, le GIE existe légalement et il va tout d’abord se concentrer sur l’achat de bande passante. « Internet est une structure de partage de ressources », explique Laurent Chemla qui ajoute que « toute la logique, c’est la mutualisation ». Le GIE va permettre l’achat en gros de bande passante. « Nous ne serons pas au niveau des FAI, mais au niveau des opérateurs, les négociations n’ont rien à voir. » En France, les opérateurs relient leurs réseaux à des points d’interconnexion, Gitoyen va placer ses machines dans deux centres parisiens et se retrouver ainsi à la source. « Il faut être sur place, l’installation requiert peu de compétences, le loyer n’est pas excessif, mais il faut connaître les ficelles », reconnaît Laurent Chemla. Or, les membres de Gitoyen sont bien introduits, notamment chez les opérateurs. French data network, par exemple, était l’un des tout premiers FAI en France, il dispose du plus gros serveur FTP de l’Hexagone. Avec Gandi, Placenet, Globenet et Netaktiv, au total Gitoyen regroupe une vingtaine de techniciens de haut niveau.

Ouvrir une salle d’hébergement est la priorité parmi les actions en direction du public. « Beaucoup de gens passent leur temps à magouiller pour mettre une machine chez un copain FAI », explique Laurent Chemla. « Ils sont bien souvent obligés de déménager tous les six mois. Si Altern renaissait, où mettrait-il ses machines ? Son remplaçant viendra chez Gitoyen. » Le GIE est proche des associations d’utilisateurs de logiciels libres qui trouveront un endroit pour héberger leurs serveurs, « sans pub », précise Laurent Chemla. « Pour nous, cette action correspond à un rôle de service public, la défense de la liberté d’expression, ce genre de choses. »Un accès ADSL à 150 francs par mois ?

Ensuite, par le biais de PlaceNet, Gitoyen entend proposer des abonnements ADSL à prix coûtant. Laurent Chemla explique : « Le dégroupage n’aura vraiment lieu qu’à partir du 1er mai. Le calcul est simple : la location du matériel, BAS et DSLAM, coûte environ 150 000 francs par mois auxquels il faut ajouter quelques investissements. Comme à chaque fois on peut relier 1 000 clients, cela revient à 150 francs par mois, ». Le GIE songe aussi à la BLR (boucle locale radio). « Dans les deux centres d’interconnexion où nous allons installer des machines, nous avons déjà prévu un accès terrasse et l’autorisation de mettre des antennes », sourit Laurent Chemla. L’Internet marchand n’a qu’à bien se tenir !

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