Le Net recense 4 000 à 5 000 sites racistes, essentiellement hébergés aux Etats-Unis. On en trouve environ 200 en France, selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Autre vecteur de propagation de la haine raciste : les forums. Le MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) a comptabilisé 450 000 messages à caractère raciste échangés sur des forums de discussion pour le seul mois de juillet 2003. Autant de sites et propos interdits par la loi en France, et généralement en Europe, mais qui n’en constituent pas moins une réalité. Et si les lois antiracistes ont été adaptées à Internet à travers la récente loi pour la confiance dans l’économie numérique (qui oblige notamment les prestataires techniques à dénoncer les contenus illégaux auprès des autorités policières), elles n’en continueront pas moins de se heurter aux législations étrangères plus laxistes. Comme celle des Etats-Unis qui, en vertu du Premier amendement de sa Constitution, autorise une totale liberté d’expression et rend ainsi les poursuites pour propos xénophobes beaucoup plus difficiles que sur le Vieux Continent, comme on a pu le constater avec l’affaire des objets nazis mis aux enchères sur Yahoo (voir notamment édition du 6 décembre 2001). C’est notamment pour cette raison que de nombreux sites à caractère raciste sont hébergés outre-Atlantique.
Trouver des solutions consensuelles
D’où l’intérêt d’une approche faisant intervenir tous les acteurs, comme le propose le Forum des droits sur l’Internet (FDI). Cette méthode, qui consiste à consulter l’ensemble des acteurs concernés (associations, professionnels, utilisateurs, pouvoirs publics…), vise à identifier les solutions consensuelles aux questions nouvelles posées par le réseau mondial. « Associer toutes les parties prenantes en amont de la prise de décision est un moyen de dépassionner le débat et de le faire avancer de manière souple et constructive », expliquent les responsables du FDI. « Cette méthode rend chaque acteur co-responsable des solutions dégagées et de leur mise en oeuvre. Elle prend toute sa pertinence appliquée à des problématiques complexes telles que le racisme sur l’Internet. » Une méthode qui fait ses preuves en France et tend à se répandre à l’international, notamment grâce au soutien de la Commission européenne et notamment d’Erkki Liikanen, commissaire européen chargé de la société de l’information et des entreprises.
Le FDI poursuit ses travaux en ce sens et profite de la conférence de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne) sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie ou le négationnisme sur l’Internet, qui se tient à Paris les 16 et 17 juin 2004, pour lancer une consultation publique sur la question. Cette consultation prend la forme d’un forum de discussion sur le thème : « Racisme, antisémitisme et xénophobie sur Internet : que faire ? ». A partir du 18 juin 2004 et pendant quatre mois, chacun pourra donner son avis et réagir en particulier à la déclaration qui doit clore la réunion de Paris. Ces interventions feront l’objet d’une synthèse qui sera ensuite transmise en novembre 2004 au ministre des Affaires étrangères et qui pourra notamment servir de support de travail à l’occasion du prochain Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) qui se tiendra en 2005 en Tunisie – pays pourtant peu réputé pour son action en faveur des droits de l’Homme.
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