Le format audio de Microsoft piraté !
Ça y est : le WMA format audio sécurisé de Microsoft a été piraté. L’auteur a publié l’utilitaire qui permet de faire sauter les protections sur une liste de discussion. Très engagé, il détaille la méthode de sécurisation, fournit le code source de son programme « FreeMe » (« délivre-moi ») et s’en prend à l’industrie de la musique.
C’est un très gros coup dur pour Microsoft en particulier et l’industrie de la musique en général : un « pirate » vient de briser la protection des fichiers audio au format WMA (Windows Media Audio). Le ou les auteurs ont posté leur création sous le nom de « Beale Screamer » sur la liste de discussion spécialisée dans la cryptographie « sci.crypt » (le message est disponible en ligne). Il a fallu ensuite très peu de temps pour que le site Cryptome.org en soit averti et mette à disposition le dossier zippé sur une page de son site. Depuis, l’utilitaire se répand sur le Net comme une traînée de poudre. Il est petit (124 ko) mais très efficace : il suffit de glisser/déposer dessus un fichier WMA protégé pour qu’à peine quelques secondes plus tard il en apparaisse une copie « déprotégé ». Afin de le tester, nous avons employé un fichier WMA proposé comme exemple par Microsoft lui-même sur son site. Ce dernier illustre une licence d’utilisation ne permettant que deux lectures du fichiers. Le lancement du fichier protégé renvoie obligatoirement vers un site sur lequel il faut s’identifier il est ensuite possible d’écouter deux fois le morceau, mais à la troisième lecture il faut de nouveau s’identifier. Au contraire, en « crackant » le fichier à l’aide de l’utilitaire, plus aucune identification n’est requise. Pour autant la qualité reste la même, le lecteur trouve toujours les informations sur le titre du morceau, le nom de l’artiste, etc. Bref, le morceau est tel quel… sauf qu’il n’est plus protégé.
Un coup dur pour la distribution de la musique en ligne ?
Le piratage du WMA vient perturber l’industrie de la musique à un moment clé. En effet, alors que les services d’abonnement en ligne des Majors devraient être lancés dans les semaines qui viennent, la RIAA (Recording industry association of America) semble durcir sa lutte contre le piratage en ligne (voir édition du 16 octobre 2001). Et Windows XP sort officiellement ce jeudi 25 octobre, or la dernière version du système d’exploitation de Microsoft consacre une large part à son Windows Media Player, le lecteur multimédia de l’éditeur, tout en mettant de côté le MP3 en bridant le flux à 56 Kbits/s au lieu des 128 Kbits/s habituels (voir édition du 13 avril 2001). Microsoft est de plus associé à Universal et Sony dans PressPlay, leur plate-forme de distribution en ligne à laquelle s’est joint il y a peu EMI. Les Majors fournissent leur musique à l’éditeur contre sa technologie de DRM (digital right management) (voir télégramme du 11 juillet 2001). Du moins c’est ce qui était prévu jusqu’ici…
Un auteur militant
En plus de l’application qui permet de briser les sécurités du format WMA, son ou ses auteurs en fournissent le code source. Mais il (en imaginant qu’il soit seul) donne également une description détaillé de la technologie de DRM employée par Microsoft, une « licence » pour son application ainsi qu’un long texte dans lequel il explique sa position. « Le but de ce logiciel est de vous rendre vos droits sur une utilisation juste des fichiers audio que vous avez légalement acquis ou à défaut obtenus légalement » note « Beale Screamer » dans sa « licence », il demande aux utilisateurs de « ne pas l’employer pour déprotéger des fichiers sur lesquels vous ne possédez pas le droit de le faire » ou pour les transmettre à des personnes qui ne possèdent aucun droit sur le contenu. Chacun l’interprétera à sa manière… Pour l’heure, Microsoft n’a pas réagi.